Signé fin juin, le jumelage entre les communes de Teva I Uta, à Tahiti, et Maré, en Nouvelle-Calédonie, se concrétise au fil des rencontres. Une première délégation calédonienne composée d’une dizaine d’élus et d’agents a été reçue, mercredi 6 décembre 2023 par le conseil municipal et les agents réunis à la mairie de Mataiea.
Après l’accueil traditionnel, où les arrivants sont sommés de se présenter, les invités ont rejoint la très symbolique salle des mariages pour se livrer en retour à la cérémonie kanak de la “coutume”, à la faveur de chants traditionnels. À cette occasion, des présents emblématiques ont été offerts aux hôtes, comme des nattes tressées ou encore du santal de Maré. “Ces objets matérialisent notre pensée et notre joie d’être ici”, a déclaré la maire, Maryline Sinewami. “Nous sommes là pour des échanges et travaux, afin de mettre en place des projets qui puissent servir l’intérêt général et nos populations respectives”.
Agriculture et restauration scolaire
En retour, le maire de Teva I Uta, Tearii Alpha, a remis l’emblème de sa commune, une goutte d’eau et une anguille gravées dans la nacre en référence à la “Terre des sources”, slogan proposé par les enfants et adopté par la commune, et à la légende de Hina.
Après un petit déjeuner partagé, une présentation était prévue en salle du conseil municipal, suivie d’une visite de la commune. “Ils vont vivre avec nous pendant une semaine”, a indiqué le maire de Teva I Uta, Tearii Alpha. Un programme chargé a été pensé à l’intention de la délégation calédonienne jusqu’au mercredi 13 décembre, en commençant par une immersion dans les écoles de Mataiea et Papeari, couplée à une découverte des infrastructures communales en ciblant le fonctionnement de la restauration scolaire, pionnière en matière d’intégration des produits locaux.
Tearii Alpha, maire de Teva I Uta :
“Les échanges sont d’abord communaux, mais on espère qu’ils pourront aussi être sportifs et éducatifs”
Quelles sont les origines de ce jumelage ?
“Lors du précédent congrès des maires, puis en février 2023, j’ai rencontré Maryline à Tahiti. Elle souhaitait découvrir nos services communaux à travers la restauration scolaire et le développement agricole. L’idée du jumelage vient de là. Pour nous, c’est aussi l’occasion de rappeler la particularité de Teva I Uta dans le monde polynésien ma’ohi, comparé à Maré qui est dans le monde kanak mélanésien. On a organisé un déplacement et le 30 juin là-bas, soit le 29 juin ici, nous avons signé le jumelage pendant la fête du Wadrawa. C’est la plus grande fête culturelle du monde kanak, qui met à l’honneur l’igname”.
Qu’est-ce que ces nouvelles relations peuvent apporter à Teva I Uta ?
“D’abord, l’humilité qu’on n’est pas tous seuls. D’autres communes essaient de réveiller le développement local au même titre que nous. Maré est une île rurale à une heure d’avion de Nouméa. C’est une commune agricole avec de l’ambition. Ils ont du bois de santal qui est acheté par la société Guerlain. Il y a aussi une ambition touristique, d’identité culturelle et de résilience par rapport aux difficultés quand on est loin de la capitale, et c’est tout ça qu’on souhaite partager et mettre en valeur. Les échanges sont d’abord communaux, mais on espère qu’ils pourront aussi être sportifs et éducatifs par la suite. On va intéresser nos écoles à découvrir nos voisins du Pacifique et leur identité”.
Maryline Sinewami, maire de Maré (Nouvelle-Calédonie) :
“Nous avons les mêmes objectifs au niveau culturel et environnemental, malgré nos différences”
Au-delà des rencontres, quel est le principal objet de votre visite ?
“L’un de nos objectifs suite à notre prise de fonctions en 2020, c’est d’offrir plus de produits locaux dans nos cantines scolaires. À l’heure actuelle, on consomme plus de 90 % de produits importés, alors que nous sommes une terre agricole. Notre commune est réputée pour ses produits locaux et ce n’est pas normal que nos enfants ne bénéficient pas de cette chance. Au niveau sanitaire et économique, ce serait bénéfique pour tout le monde. Je suis d’ailleurs accompagnée de quatre élus, dont une adjointe en charge de la cantine scolaire, des agents responsables de la cuisine centrale et d’un président d’association culturelle”.
En juillet, qu’aviez-vous voulu transmettre à la délégation de Teva I Uta ?
“On a partagé notre identité culturelle et nos valeurs en tant que terre agricole. J’ai compris l’ambition du maire Tearii Alpha de rendre sa commune la plus autonome possible, et c’est notre souhait aussi à Maré. Nous avons les mêmes objectifs au niveau culturel et environnemental, malgré nos différences de taille, qui les avaient surpris en venant chez nous. La commune de Maré, c’est 641 km2 pour 6.700 habitants (contre 120 km2 pour 10.300 habitants à Teva I Uta, ndlr). C’est très différent en termes de superficie et de population. Notre particularité, ce sont aussi les terres coutumières”.