Dans son analyse des tendances conjoncturelles, l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM), la “banque centrale” des territoires français du Pacifique, évoque, pour le premier trimestre de cette année 2023, une “confiance qui progresse“. L’Indicateur du Climat des Affaires (ICA) atteint 114,4, soit plus de 14 points au-dessus de sa moyenne de longue période. Il progresse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent (112,6).
Au premier trimestre, les professionnels interrogés sont restés “particulièrement optimistes pour
l’avenir malgré le contexte électoral”. Les chefs d’entreprises “anticipent ainsi une hausse de
leur activité” qui nécessitera, selon eux, des embauches dans les trois prochains mois. De même, ils prévoient une hausse de leurs prix de vente, “qui devrait se répercuter positivement sur leur trésorerie future”.
Après +8,5 % en décembre 2022, l’indice des prix à la consommation augmente de 5,6 % en glissement annuel en mars 2023 (+6,9 % en moyenne sur 12 mois). L’IEOM indique que les plus importants contributeurs à cette hausse sont les prix des produits alimentaires (+3,0 points), le poste logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles (+0,9 point) et les transports (+0,7 point). Ces augmentations sont partiellement compensées par la baisse du prix des communications (-0,4 point). Ce ralentissement de l’inflation se répercute sur l’index général du BTP qui affiche à +11,5 % en rythme annuel en mars 2023, après +12,5 % en décembre et +14,5 % en septembre 2022.
Un marché du travail dynamique
Les effectifs salariés moyens sont en hausse de 5,7 % en 2022 par rapport à 2021 (69 330 sur l’année contre 65 800 en 2021). D’après les statistiques établies par le service de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle (SEFI), les offres d’emploi augmentent fortement au premier
trimestre, +32 %, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi diminue de 18,5 % en glissement annuel.
L’indice de l’emploi salarié du secteur marchand enregistre en mars une progression annuelle de 4,1 %. “Avec une hausse annuelle de 11,1 % en mars, l’hôtellerie-restauration est le secteur affichant la progression la plus importante” précise l’Institut. “Viennent ensuite les secteurs des autres services (+5 %), du commerce (+2,2 %) et de l’industrie (+2,1 %). Le secteur de la construction, quant à lui, recule (-2,3 %), freinant la tendance globale.“
Une consommation en baisse
Malgré le ralentissement de l’inflation, la consommation des ménages diminue légèrement en début d’année 2023. L’indicateur de confiance des ménages est en légère baisse au premier trimestre par
rapport au troisième trimestre 2022, “impacté négativement par la dégradation de leur situation financière”. Les données du commerce extérieur appuient ce constat, selon l’IEOM qui rapporte que les importations de biens alimentaires diminuent par rapport au précédent trimestre (-13,7 %, en données CVS), de même que les importations de biens de consommation hors alimentation (-15,7 %, en données CVS).
En volume, ces importations diminuent de 21,9 % et 33,5 % respectivement. La production de crédits à la consommation des ménages diminue de 14,9 % par rapport au dernier trimestre 2022. Les commerçants interrogés par l’IEOM “estiment cependant que leur courant d’affaires a été stable au premier trimestre 2023 et devrait le rester dans les trois prochains mois.”
Dans un environnement qui leur semble favorable, les entreprises confortent leurs intentions d’investir à l’horizon d’un an. La production de crédits à l’équipement des entreprises s’élève à 13,1 milliards de francs pour le premier trimestre 2023, soit quatre fois plus qu’un an auparavant (3,7 milliards de francs en 2022).
Cette augmentation “s’explique essentiellement par le financement d’opérations d’importance concentrées sur quelques entreprises“. Par ailleurs, la production de crédits immobiliers des sociétés non financières continue de progresser de 52,3 % en glissement annuel. “Cette dynamique immobilière se retrouve du côté des particuliers comme le montre la progression de la production de crédits à l’habitat qui s’élève à près de 10,35 milliards de francs pour le premier trimestre 2023, contre 8,33 milliards de francs en 2022 à la même période, soit +24,4 % en glissement annuel” selon l’IEOM.
(• CVS : corrigé des variations saisonnières)
Un premier trimestre 2023 record pour le tourisme
Au premier trimestre 2023, la Polynésie française a accueilli 55 000 touristes (contre 30 000 un an auparavant). La progression de la fréquentation touristique, +83,3 %, est principalement portée par les
marché américain (+16 000) et français (+3 000). Cette évolution tient plus aux touristes terrestres (+106,3 %) qu’aux croisiéristes (+ 12 %).
Le coefficient moyen de remplissage des hôtels internationaux passe de 44,6 % au premier trimestre 2022 à 64,3 % un an plus tard. Le nombre de nuitées touristiques avoisine quant à lui les 800 000 sur les trois mois premiers mois de l’année, en hausse de 47,7 % en glissement annuel. Dans ce contexte, les hôteliers interrogés dans le cadre de l’enquête de l’IEOM anticipent une amélioration de leur courant d’affaires, de leurs effectifs et de leur trésorerie pour le trimestre suivant.
• Un secteur secondaire atone
Selon les professionnels de l’industrie, le niveau d’activité du premier trimestre 2023 était en baisse par rapport au trimestre précédent. “Malgré cela, ils ont augmenté les embauches et continueront de le faire dans les trois prochains mois, ce qui devrait exercer des pressions sur leurs charges d’exploitation”. Les recettes des exportations de produits agroalimentaires viennent appuyer le constat concernant l’activité du secteur industriel au premier trimestre. En effet, elles ont chuté de 23 % en glissement annuel et de 24,3 % en volume. Les professionnels de la construction, quant à eux, font
part d’une légère amélioration de leur activité par rapport au trimestre précédent. Les imports de ciment en volume appuient ce constat, avec une progression de 2,2 % en glissement annuel. Confiants concernant leur activité future, ils anticipent une hausse de leur activité et des recrutements.
• Secteur primaire : un bilan mitigé
Au premier trimestre 2023, les recettes à l’export de perles brutes augmentent de 27,8 % par rapport au trimestre précédent (2,3 milliards de francs contre 1,8 milliard de francs au dernier trimestre 2022, données CVS), pour une hausse de 29,4 % en volume. Le prix moyen au gramme progresse pour s’établir à 823 F contre 514 F au premier trimestre 2022. En revanche, les exportations de poissons diminuent en volume de 6,3 % (403 tonnes en données CVS). Les recettes s’inscrivent également en baisse, de 13,5 % (553 millions de francs contre 639 millions au quatrième trimestre 2022). Cette baisse intervient après une année de production importante (après le record de 2001).