Après moult rebondissements électoraux et judiciaires, le nouveau bureau à la tête de la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers (CCISM), a pu commencer son travail. Etat des lieux de l’institution, plan d’orientation stratégique, nouvel espace de convergence économique, problématique de la concession de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a… Kelly Asin, président de la chambre, tire un premier bilan et présente les grands axes pour l’année à venir.
Elections en juin 2023, nouveau bureau confirmé, par le ministre de l’Économie, Tevaiti Pomare, uniquement en octobre 2023, recours de l’ex-président de la chambre, Stéphane Chin Loy contre cette décision et débouté en novembre 2023….le feuilleton de la CCSIM est loin d’avoir été un long fleuve tranquille mais le nouveau bureau, mené par Kelly Asin a enfin pu se mettre au travail.
Première surprise, lors de la prise de fonction des nouveaux membres, le mauvais état du bâtiment qui abrite l’école de commerce de Tahiti. “Un bâtiment qui a à peine dix ans… Ca fuit, ça cloque… On a été surpris car on pensait devoir se concentrer uniquement sur le projet du pôle de convergence économique. Le bâtiment actuel nécessite de gros travaux de rénovation. Il n’est pas digne d’accueillir des gens qui paient 500 000 F par an en frais de scolarité. C’était assez déprimant de voir tout cela.”
Des commissions avec plus de pouvoirs
“Nouvelle impulsion”, “changement”, Kelly Asin précise que, dès le début de l’exercice du nouveau bureau, une quarantaine de points et d’idées ont été recensés afin d’organiser un plan d’orientation stratégique. Il reconnait que cela peut faire beaucoup mais qu’une organisation se profile afin de répartir l’ensemble de ces quarante points entre les différentes commissions.
Des commissions à qui il a été, dès le départ, donné davantage de pouvoirs. “Ce n’est pas possible que tout remonte au niveau du bureau et du président pour mettre en place la politique que l’on souhaite pour la chambre. Il faut absolument, une fois que les budgets et plans d’actions sont validés et rentrent dans le plan stratégique, que les présidents et vice-présidents de commission aient en charge de mettre en place l’ ensemble de ces programmes.”
Pôle de convergence économique : impossible de reculer
Concernant le nouvel espace de convergence économique, Kelly Asin explique que le projet devra être mené à son terme, l’architecte ayant été confirmé. “Faire marche arrière nous exposerait à des recours.” Cependant, il souhaite que cela ne coûte pas d’argent aux patentés. Il songe, avec l’objectif de réaliser des économies, associer d’autres sociétés au projet et revoir la configuration et l’ambition du bâtiment. “On réfléchit à une nouvelle conceptualisation du projet.”
Interrogé sur la question de la concession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a, le président de la CCISM répond : “Il n’y a pas de décision arrêtée mais si on devait y aller, on ne veut pas être la tête de file, on ne veut pas avoir le leadership là-dessus. On continue de réfléchir à cela mais rien n’a encore été décidé. Si il y a un réel intérêt, on pourra y aller, mais pas comme moteur.”
Moderniser la chambre, prioriser les patentés
Parmi les priorités de la nouvelle équipe CCISM, la modernisation et la dématérialisation des démarches pour ouvrir une patente ou créer une entreprise, notamment pour les habitants des îles. Kelly Asin cite la Nouvelle-Zélande comme pays de référence en la matière. Les nouveaux membres ont pour ambition de faciliter les démarches des patentés mais aussi de mettre à profit les réserves de l’institution “On veut injecter de l’argent pour les patentes comme pour les labellisations, des animations, la dématérialisation ou encore de la formation.”
Kelly Asin et ses collègues de la CCISM pensent également à “dynamiser” la chambre via l’émergence de pôles économiques directement gérés par l’institution, comme cela se pratique en Nouvelle-Calédonie, où un voyage est d’ailleurs prochainement prévu. Le président indique d’ailleurs que le sujet a été abordé pour la commune d’Arue. Autre idée de dynamisation soulevé par la nouvelle équipe, et à destination des patentés : la création d’ateliers-relais. L’institution pense déjà a un site sur la commune de Papeete pour ce projet.
Toute une série d’ambitions et de projets projets que la nouvelle équipe de la CCISM aimerait pouvoir évoquer avec son ministre de tutelle, Tevaiti Pomare, qu’elle n’a, à ce jour, pas encore rencontré.
“Une institution quelque peu à la dérive“
Parmi les premières actions réalisées par la nouvelle équipe, informe le nouveau président de la chambre, un état des lieux de l’institution. Et le constat, explique t-il, a été déconcertant. “Une institution quelque peu à la dérive, avec des logiciels informatiques obsolètes, des employés démotivés, désinvestis de leurs missions… J’ai reçu le personnel, discuté avec. Ils étaient étonnés de la démarche. On a été assez surpris de voir cet état des lieux”.
Réduire les délais d’obtention d’un numéro RC et d’extrait KBIS
La liste CCISM 2028 de Kelly Asin l’avait annoncé durant sa campagne. L’obtention d’un numéro au registre du commerce et d’un extrait KBIS sont exagérément longs sur le territoire. Compter six mois actuellement contre 48 heures en Nouvelle-Calédonie. Les choses sont amenées à changer en 2024, espère le président.
Surtout qu’à partir du 1er mars, la compétence dans ce domaine, sera transférée de l’Etat au Pays. “L’Etat doit encore sortir le décret d’application pour le transfert. Ensuite, un appel d’offres devra être passé par les autorités locales afin de trouver un greffier qui gérera le registre du commerce et des sociétés et la délivrance des extraits K-BIS. On pense que le greffier s’inscrira dans la démarche d’Infogreffe, outil qui facilite l’obtention du numéro RC et d’un extrait KBIS. Une fois cette problématique gérée on pourra avancer.”