Temetani Ihopu, jeune tatoueur marquisien de retour au Fenua

À l'aube de l'ouverture de son salon à Taravao, l'artiste revient sur son parcours, de sa passion pour le dessin jusqu'aux conventions en France et à l'étranger (Photos : DR).
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Originaire de Tahuata par sa mère, Temetani Ihopu a grandi à Tahiti du côté de Pirae. Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours aimé dessiner. “À l’adolescence, je me suis vraiment intéressé à la culture marquisienne, avec laquelle j’ai un lien particulier, et j’ai commencé à dessiner des motifs de tatouage. Avec mes oncles graveurs et sculpteurs, je me suis vraiment pris de passion pour ça”, confie le jeune homme de 30 ans.

Son bac en poche, il s’est naturellement orienté vers le Centre des Métiers d’Art, où il s’est notamment formé à la sculpture pendant deux ans. Une formation qui lui a ouvert les portes d’un stage au salon de tatouage Ai’a Tatau de David Zahn, “qui a bien voulu m’enseigner les techniques”. Passer du papier à la peau ne s’improvise pas, d’autant que le résultat final est indélébile.

Annecy et les conventions

Au bout d’un an, Temetani Ihopu prend la décision de poursuivre son apprentissage en France. “J’ai choisi de partir pour voir autre chose et me challenger, en sachant que j’aurais plus d’opportunités en termes d’échanges et de rencontres. Tout ça m’a permis de m’ouvrir un peu plus aux gens. J’ai rejoint mon cousin, Poe Ihopu, et une cousine, Karere Kokauani, dans leur shop Te Aitua Patiki, à Annecy, pour me perfectionner. Ils m’ont coaché et encouragé à persévérer”.

Le jeune tatoueur a ainsi eu l’occasion de participer à plusieurs conventions internationales ou polynésiennes en France, en Suisse et au Luxembourg. “Le premier trophée que j’ai gagné, c’était un deuxième prix lors de la Ink Factory de Lyon, l’une des plus grandes conventions de France, en avril 2022. Dernièrement, en octobre 2023, je suis fier d’avoir remporté un premier et un deuxième prix au Fabulous Tiki Weekend”, précise-t-il.

Les Marquises dans la peau

L’artiste travaille d’abord les motifs au stylo sur la peau avant de passer à la machine. Une séance peut durer quelques heures ou plusieurs jours, selon la taille du tatouage. “Plus on prend le temps, mieux c’est, car c’est quelque chose qu’on garde à vie”, rappelle-t-il, animé par une passion intacte. “Ce qui me plaît, c’est de représenter la culture marquisienne et d’essayer de retranscrire le message des clients dans un art intemporel. Il s’agit souvent de la famille, mais il y a des cas plus personnels et touchants, en lien avec un décès, par exemple. Un tatouage, c’est un vrai moment de partage”.

L’engouement pour les tatouages polynésiens ne se dément pas. “Il y a beaucoup de demande”, confirme Temetani Ihopu, “notamment pour les symboles marquisiens, qui sont riches de sens”.

Tani O Tiki à Taravao

De retour au Fenua, le tatoueur a choisi de s’installer professionnellement à la Presqu’île pour son cadre verdoyant, mais aussi pour ses perspectives de développement. Le hasard fait que son local, actuellement en cours d’aménagement, se situe dans le même bâtiment qu’un précédent salon dans lequel il a fait ses débuts. Situé au premier étage de Ace Taravao, son shop baptisé Tani O Tiki devrait ouvrir ses portes d’ici fin janvier. Outre les tatouages qui y seront réalisés, on pourra aussi y admirer quelques sculptures du Henua Enana.

En parallèle, Temetani Ihopu continuera aussi souvent que possible d’exercer ses talents dans l’Hexagone avec ses deux cousins.