(Mise à jour : Si les recettes publicitaires de la chaîne ne couvrent pas ses charges, le bilan comptable de TNTV reste toutefois à l’équilibre grâce à l’octroi de plus de 800 millions de francs d’argent public chaque année. L’emploi du terme “déficit” dans la première version de cet article était donc inadéquat)
Moetai Brotherson a présenté ses vœux aux représentants de la presse écrite, radio, internet et télé ce mardi 9 janvier en fin de matinée à la présidence. L’occasion, pour le président du Pays qui se prêtait pour la première fois à l’exercice en qualité de patron du gouvernement, de dire l’importance qu’il attache à une bonne collaboration avec les journalistes. Et d’assurer que lui et les membres de son gouvernement font de leur mieux pour se rendre disponibles et répondre aux questions, “quand ils le peuvent”.
L’occasion également de saluer la prise de fonctions de sa nouvelle responsable de la cellule communication du Pays, Jeanne Peckett-Pouira, elle-même ancienne journaliste. Et de rappeler qu’à l’instar des gouvernements d’Edouard Fritch, l’exécutif conduit par le Tavini tient à ce que toutes les demandes des médias (qu’il s’agisse de ministres, de membres de cabinet, de chefs de service voire même de satellites du Pays pourtant “autonomes” comme le Port) transitent par ce “canal unique” du service de communication.
C’est pour Moetai Brotherson, comme cela l’était pour le Tapura alors aux affaires, une question de “cohérence du message gouvernemental”, en dépit des lourdeurs opérationnelles que cette consigne suppose souvent pour la presse. Le chef de l’exécutif a manifesté son intention de proposer aux médias, à l’occasion de sa première année complète au pouvoir, une émission similaire à celle organisée lors du bilan des 100 premiers jours. Une émission en direct “étendue à tous les médias” – du moins ceux qui le peuvent – et à nouveau conçue “pour la population”.
Moetai Brotherson a également annoncé qu’il envisageait d’organiser une conférence de presse en sortie du conseil des ministres, toutes les deux semaines. Il a précisé que le Pays avait accordé deux bourses majorées à des jeunes du fenua partis se former au métier de journaliste (en licence et master).
“Pas de ligne managériale” pour TNTV
Interrogé par le rédacteur en chef de la station, Sam Teinaore, le président du Pays a indiqué qu’il y avait désormais – depuis son appel via les réseaux sociaux – un total de 11 candidatures au poste de directeur ou directrice de TNTV, en remplacement de Mateata Maamaatuaiahutapu. Le délai pour être candidat se termine ce mercredi soir à minuit. Le président du conseil d’administration de Tntv, Heinui Lecaill, doit réunir les administrateurs lundi prochain à 17h pour “valider la procédure”.
“Il n’y a pas de ligne managériale pour TNTV” a assuré Moetai Brotherson, qui préfère attendre les options et propositions du futur directeur, ou de la future directrice. Le chef de l’exécutif se déclare conscient que les recettes publicitaires de TNTV sont “très loin” de couvrir les charges de la chaîne. Il sera demandé au futur responsable d’étudier les manières “d’atténuer l’aspect centre de charges” que représente TNTV pour le Pays.
Concernant l’actualité, Moetai Brotherson a salué la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre de la France, et le “choix pas évident” du président Macron en faveur d’un jeune de 34 ans. Concernant les déclarations polémiques d’un représentant et de l’un de ses ministres sur le prétendu “blanchissement” de la société polynésienne, Moetai Brotherson botte en touche sur le fond et se retranche, sur la forme, derrière la formule “laissons la justice travailler”.
Enfin, interrogé sur la nécessité pour le Pays de trouver de nouveaux financements pour les comptes sociaux en lieu et place de la Contribution pour la solidarité (la “TVA sociale”) dont l’annulation était l’une des promesses de campagne du Tavini, le président a dit ne rien regretter. Il a annoncé que les travaux de réforme fiscale, mais aussi de réforme des comptes sociaux, allaient débuter “dès le mois prochain”. En conclusion, le président a invité à déjeuner les journalistes présents, sans lui-même participer au repas puisqu’il a expliqué qu’il était totalement à jeun depuis déjà six jours.
Moetai Brotherson sur la TVA sociale : “Nous avons tenu parole”
• Votre arrivée au pouvoir a-t-elle été source de certaines surprises ?
Non, car ne me suis pas présenté en ne sachant pas ce qui m’attendait. Je suis parfois un peu frustré de ne pas voir ma famille autant que je le voudrais. C’est peut-être la partie que j’avais le moins anticipé. J’ai un petit garçon de 10 ans et j’ai fait le compte depuis le début du mandat, je ne l’ai vu que 12 fois ! C’est trop peu, autant pour lui que pour moi et sa maman. Je vais essayer cette année de consacrer un peu plus de temps à la famille.
• La suppression de la “TVA sociale” a été un argument de campagne pour le Tavini. La suppression de cette taxe ne représente-t-elle pas aujourd’hui, a contrario, un caillou dans la chaussure pour la majorité qui doit chercher de nouvelles ressources fiscales ?
Non, pas du tout. C’est une analyse que nous avons faite, et nous n’étions pas les seuls, à l’exemple de Nuihau Laurey ou du patronat. Nous nous sommes engagés à supprimer cette taxe et nous avons tenu parole. Je rappelle au passage que le Tapura devait également le faire. En fait, c’est une correction de quelque chose qui n’aurait jamais dû être fait. Bien sûr cela a des impacts, mais nous n’avons pas une logique d’épicier du type “on a perdu 9 milliards de francs, il faut retrouver 9 milliards”.
• Votre gouvernement et plus largement votre majorité utilisent de manière quasi systématique le terme “minorité”, peu valorisant voire péjoratif, plutôt que celui “d’opposition” pour qualifier vos adversaires à Tarahoi…
Bon ben s’ils préfèrent qu’on les appelle “opposition”, on les appellera “opposition” alors ! (Rires)
Propos recueillis par DG