Nauru, petite nation du Pacifique, a annoncé lundi la rupture de ses relations diplomatiques avec Taïwan pour établir des liens avec la Chine, une décision aussitôt saluée par Pékin.
Dans un communiqué de presse, le gouvernement de ce pays insulaire a déclaré qu’il ne reconnaîtrait plus Taïwan “comme un pays distinct“, mais “plutôt comme une partie inaliénable du territoire chinois”.
La Chine considère l’île démocratique et autonome de Taïwan comme l’une de ses provinces, à réunifier par la force si nécessaire.
Nauru a déclaré qu’il “romprait immédiatement ses relations diplomatiques” avec Taïwan et qu’il “ne développerait plus de relations ou d’échanges officiels avec Taïwan”.
Cette décision intervient deux jours après la victoire à l’élection présidentielle taïwanaise de Lai Ching-te qui considère que l’île est indépendante de facto et a promis de la protéger des “menaces et intimidations” de Pékin.
Taipei a déclaré de son côté qu’elle mettait fin à ses relations diplomatiques avec Nauru “pour sauvegarder notre dignité nationale”.
“Aides économiques”
Les autorités du territoire autonome ont cependant accusé la Chine d’avoir offert “des aides économiques” à l’île de Nauru pour l’inciter à basculer ses liens diplomatiques de Taipei vers Pékin.
“La Chine a contacté activement des personnalités politiques à Nauru et a utilisé des aides économiques pour inciter le pays à changer de reconnaissance diplomatique“, a affirmé le vice-ministre des Affaires étrangères taïwanais.
Pékin a salué la décision de Nauru qui était l’une des rares nations à reconnaître officiellement Taïwan sur le plan diplomatique.
“Ce changement n’est en aucun cas destiné à affecter les relations chaleureuses que nous entretenons avec d’autres pays“, a déclaré le gouvernement de Nauru dans un communiqué.
“Nauru reste une nation souveraine et indépendante et souhaite entretenir des relations amicales avec d’autres pays”, a-t-il affirmé.
David Adeang, un vétéran de la politique, a été élu président de Nauru en octobre dernier.
Selon Mihai Sora, spécialiste du Pacifique de l’Institut Lowy, son arrivée à la tête du pays pourrait expliquer ce changement inattendu de la politique étrangère de cet petit pays.
“C’est surprenant parce que Nauru, ces dernières années en tout cas, s’est montré très critique à l’égard de la Chine”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Pour Anna Powles, experte en sécurité pour le Pacifique à l’université Massey, cette “décision de Nauru (…) n’était pas inattendue” et “aura certainement des répercussions dans le Pacifique”.
Avec ce revirement, seuls 12 pays reconnaissent officiellement Taïwan, dont sept en Amérique latine et dans les Caraïbes (Guatemala, Belize, Paraguay, Haïti, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, et Saint-Vincent-et-Grenadines). Le Vatican reste le seul en Europe et l’Eswatini, le dernier en Afrique.
Nauru, qui compte environ 12.500 habitants, est l’un des plus petits pays du monde et se situe à environ 4.000 kilomètres au nord-est de Sydney.
AFP
Nauru, de l’immense richesse à la misère…
Aux commandes de l’île et de son économie alors que le cours du phosphate atteint son plus haut niveau dans les années 1970, les Nauruans s’enrichissent considérablement, explique Wikipédia.
“La population atteint très vite un des plus hauts niveaux de vie du monde et adopte les pratiques d’une société de consommation. Soucieux de préparer l’avenir du pays une fois les réserves de phosphate épuisées, le gouvernement effectue des acquisitions immobilières et foncières à l’étranger. Le mode de vie occidental se révèlera par la suite néfaste pour la santé des Nauruans avec une hausse des cas de certaines maladies (notamment l’obésité et le diabète) et la baisse de l’espérance de vie”.
En 1989, Nauru porte plainte devant la Cour internationale de justice contre l’Australie, réclamant compensation pour la destruction du centre de l’île provoquée par l’extraction de phosphate. Hors tribunal, l’Australie, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande acceptent de verser plusieurs dizaines de millions de dollars australiens à l’État nauruan.
Lorsque les gisements de phosphate s’épuisent au début des années 1990, il s’avère que les investissements immobiliers se révèlent infructueux et que les caisses de l’État ont pratiquement été vidées par le détournement de fonds et la corruption. (Source Wikipédia)