Route fermée : va’a ou bateau, des salariés ont fait le choix de passer par la mer

En attendant la fin des travaux de sécurisation au PK 43 ou une hypothétique navette maritime officielle, certains ont pris les devants pour éviter de faire le tour par la côte ouest. Concernant les transports en commun, plus de 300 élèves et 22 bus tous publics sont impactés (Photos : ACL/LDT).
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Pour une semaine ou plus, la route est bloquée au PK 43 de Hitia’a jusqu’à nouvel ordre. Après une fin de semaine compliquée avec des éboulements à répétition qui ont surpris les usagers de la côte est, cette nouvelle semaine est toujours synonyme de galère pour de nombreux élèves et professionnels.

Taf : “On se débrouille comme on peut”

Si de nombreux travailleurs de la Presqu’île doivent se rendre à Papeete, des résidents de Hitia’a O Te Ra ont aussi besoin de se rendre à Taravao. C’est le cas de Taf, jeune homme originaire de Tiarei, qui a pris son courage et sa rame à deux mains pour arriver à l’heure au travail, lundi 29 janvier, après avoir sacrifié une journée de congé, vendredi dernier. “Depuis aujourd’hui, j’ai décidé de venir au travail en va’a. Je n’ai pas vraiment le choix : on se débrouille comme on peut ! J’ai quitté à 5h30 et j’ai mis une heure. Je m’étais rapproché au maximum en voiture à Hitia’a, donc j’ai dû ramer 10 km. Ça fait un peu de sport, mais c’est dur, car je travaille au soleil toute la journée”, remarque-t-il.

Hinanui : “Demain, je vais y aller en bateau”

Ce matin, Hinanui, résidente de Hitia’a, a mis deux heures pour faire le tour de l’île de Tahiti en voiture afin de rejoindre son lieu de travail à Faaone par la côte ouest, au lieu de trente minutes habituellement. Dans ces conditions, elle s’est organisée avec un pêcheur pour passer par la mer. “À partir de demain matin, je vais y aller en bateau. Le trajet va durer environ 30 minutes et d’autres personnes sont intéressées. Nous serons une dizaine au total et on est prêt à le faire tous les jours. Qu’on fasse le tour de l’île ou qu’on paie un trajet en bateau, les deux options ont un coût, donc autant choisir celle qui nous fait gagner du temps”, confie-t-elle.

JC : “Si la mer est trop agitée, je ne peux pas venir”

D’autres résidents de Hitia’a, comme JC, font avec les moyens du bord pour venir travailler à Taravao. “Je viens en kau alu (petit bateau à moteur, ndlr) depuis samedi. J’avais déjà fait comme ça la dernière fois que la route était bloquée. J’en ai pour trois quarts d’heure et je quitte à 4h30, donc il fait encore nuit. Heureusement, un copain vient me chercher à la marina de Faratea pour finir le trajet en voiture. Si la mer est trop agitée, je ne peux pas venir au travail. J’habite juste de l’autre côté du PK 43, donc je ne vais pas faire le tour ! J’ai des collègues qui sont dans la même situation que moi, mais on n’a pas les mêmes horaires, donc c’est compliqué de naviguer ensemble”.

Une navette maritime par le Pays ?

Tous nous ont fait part de leur désarroi. Spontanément, ils interpellent le gouvernement pour la mise en place d’une navette maritime en bonne et due forme. Pour l’heure, nous n’avons pas pu vérifier la faisabilité de cette option auprès du Pays. Bien que certainement soumise à diverses exigences, notamment en matière de sécurité relative au transport de passagers, cette éventualité apparaît toutefois comme une solution efficace et sérieuse, y compris du point de vue des professionnels des transports en commun terrestres.

Bus : un “plan de secours”, mais pas de “grand tour”

Les bus sont eux aussi concernés. Le directeur de production de RTCT, Xavier Chung Sao, est en contact régulier avec les ministères de l’Équipement et de l’Éducation dans le cadre d’un “plan de secours” depuis jeudi dernier.

“C’est une situation inédite, car lors du précédent blocage en juillet, c’était les vacances scolaires ! Ce week-end, on a informé les établissements que la desserte des élèves de Tiarei, Mahaena et Hitia’a ne pourrait pas être assurée, en sachant qu’il y a aussi des élèves scolarisés au collège de Hitia’a qui habitent Faaone qui sont pénalisés. Si on devait faire le grand tour de l’île pour les élèves de Hitia’a qui viennent à Taravao, ça ferait 124 km par trajet, avec un horaire de départ vers 3 ou 4 heures du matin qui serait infernal pour les élèves”, souligne le représentant de la société de transport en commun.

Plus de 300 élèves et 22 bus grand public impactés

Selon un premier recensement, plus de 300 élèves seraient concernés. “La grosse question, c’est combien de temps ça va durer ?”, s’interroge Xavier Chung Sao. “Et si ça dure, est-ce qu’une navette maritime ne pourrait pas être envisagée ? C’est une des pistes qui serait la plus simple et la plus rapide, en sachant qu’on pourrait assurer les transferts en bus de chaque côté entre la marina de Hitia’a et la marina de Faratea. Les élèves ne peuvent pas se permettre de ne pas aller en cours plusieurs semaines”.

Concernant les lignes régulières tous publics, une réorganisation a été entreprise. Des navettes ont été mises en place entre Faaone et Taravao, afin de rejoindre ensuite Papeete par la côte ouest. Des départs sont aussi proposés depuis Hitia’a. Habituellement, 22 bus transitent chaque jour par la côte est.

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