Justice – Quatre ans de prison pour le “tyran domestique”

Déjà condamné pour des faits de violences envers sa conjointe et ses deux enfants en mai 2020, le "tyran domestique" vient d'être reconnu coupable à quatre ans de prison dont un an assorti d'un sursis probatoire pendant deux ans. (Photo : SB/LDT)
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Ce mardi 6 février, le tribunal correctionnel de Papeete recevait à sa barre un jeune homme, d’une vingtaine d’années, convoqué pour des faits de violences répétitives envers sa conjointe et ses deux enfants. Le prévenu, corpulent et habillé d’un t-shirt coloré “à la jamaïcaine“, est aussi vendeur et consommateur de produits stupéfiants, bien qu’il prétend “ne plus en consommer“.

Père bourreau, “tyran domestique“, partenaire toxique… les casquettes se multiplient. Des détails révoltants, au sujet de son comportement, ont été révélés au cours de l’audience. Déjà condamné pour les mêmes raisons en mai 2020, le prévenu s’est dit “méritant de retourner à Nuutania“.

Le “tyran domestique”

De 2017 à 2020, les faits rapportent que Hiro violentait, de manière traumatisante, sa compagne Hina et ses deux enfants mineurs, Teva et Arii. Coups de poing, coups de pied, étranglements, insultes… c’est ainsi que Hiro “prend soin” de sa petite famille, en lui infligeant une pression morale et des blessures physiques. Ces épisodes de violences se répètent régulièrement et parfois, le prévenu n’est ni alcoolisé ni sous l’emprise de stupéfiants. “Je ne sais pas pourquoi je les frappe. C’est ma tête qui ne tourne pas rond“, a lancé le prévenu à la barre.

Interrogée par le juge d’instruction, Hina a révélé que Hiro aurait exigé d’elle une fellation, sous la menace de se faire “rosser“. “J’ai pris sa tête de force pour la mettre sur mon sexe. Elle a arrêté de râler lorsqu’il était dans sa bouche“, a confessé le prévenu.

Plus récemment, c’est la mère de Hina, qui a rapporté avoir entendu sa fille pleurer car Hiro l’aurait étranglée au milieu de la nuit. À ce sujet, elle a porté plainte en août 2023. Terrorisée, Hina a également confié au juge d’instruction qu’elle a avorté de leur troisième enfant, car elle ne voulait pas qu’il subisse le comportement violent de son conjoint. Appelée à son tour à la barre, la malheureuse semblait avoir perdu la parole puisqu’elle s’est contentée de répondre vaguement par : “je ne sais pas“, “je ne sais plus” et “non“.

Des enfants traumatisés

Teva, l’aîné, est selon Hina, celui qui reçoit davantage les coups de Hiro. Entendu par la juge des enfants, Teva a précisé que “papa nous donne des claques parce qu’il est méchant. Il frappe fort avec ses mains et ses pieds“. Le cadet, Arii, est aussi traumatisé que son frère. Le petit a témoigné à son tour : “papa nous tape presque tous les jours avec le balais niaū sur les bras, les mains et la poitrine. Il est méchant“.

En conséquence, les deux bambins sont suivis psychologiquement et sont logés chez la sœur du prévenu. Teva a été diagnostiqué en stress post-traumatique et il reproduit à l’école l’exemple de son père tyran, tandis qu’Arii a un comportement perturbateur envers ses camarades. Selon l’avocate de la défense, Me Temanava Bambridge, les actes du père “ont des répercussions sur l’attitude des enfants. Cette violence gratuite est néfaste“. À ce jour, les “enfants vont mieux” indique Me Bambridge, mais ils restent “psychologiquement fragiles“.

Peine

Selon la procureure, Hiro est un “menteur” : sur sa vie, ses intentions et ses efforts. Le prévenu a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel et condamné à quatre ans d’emprisonnement dont un an avec sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de travail, de soins et interdiction de paraître au domicile des enfants. Le tribunal lui a aussi retiré l’exercice de son autorité parentale sur Teva et Arii. De plus, il devra verser 300 000 F à Teva et 400 000 F à Arii au titre du préjudice moral, ainsi que 100 000 F à Hina.

À l’issue du délibéré, les gendarmes ont menotté le prévenu. Hina, follement amoureuse de son tyran, lui a adressé une dernière caresse avant qu’il ne rejoigne son lieu de détention.

(Les prénoms utilisés dans cet article sont des prénoms d’usage)