Il y a trente-deux ans, Yvette Cheong, une petite fille de sept ans, essaie pour la première fois la danse chinoise au Koo Men Tong de Papeete. Sous l’œil avisé de sa professeure Rose Yao, Yvette s’applique à reproduire la grâce et l’élégance des danseuses chinoises qu’elle admire au travers de l’écran de télévision de sa grand-mère paternelle.
Aujourd’hui, “à l’approche de la quarantaine“, Yvette est maman de deux enfants et dirige son école de danse Li Yune (“joli nuage” en chinois), qu’elle a fondé en 2010. Le vendredi 16 février, son groupe a présenté un spectacle sur la légende de Chang’e, la déesse de la lune et du Dragon de bois, à la Maison de la culture. Une représentation “sold out” qui a conquis le public, mais également certains internautes de Facebook. La Dépêche de Tahiti l’a rencontrée, mardi 20 février, afin d’évoquer son parcours, son amour pour la danse chinoise et la transmission de la culture chinoise.
L’école Li Yune lors de son spectacle sur la légende de Chang’e et le Dragon de bois. (Photos : DR)
“Il n’y a pas d’âge pour pratiquer la danse chinoise”
Yvette pratique la danse chinoise depuis “toute petite“, néanmoins, elle l’enseigne à partir de 16 ans, alors qu’elle revient d’un stage artistique à Taïwan. “J’ai beaucoup appris durant ces deux mois de stage : la chorégraphie, la beauté de la culture chinoise, l’art d’enseigner, la patience. À cette époque, il n’y avait que des personnes âgées et j’étais agréablement surprise par leur amour et leur passion. J’étais très inspirée et j’ai réalisé que la danse est pour tout âge“, explique Yvette.
Durant ces premières années d’enseignement, Yvette avoue ne pas avoir eu “énormément de patience” avec ses élèves. “J’étais jeune et je n’avais pas forcément les bases de l’instruction”, se justifie-t-elle. Puis, à force de travail, la jeune professeure débutante s’est transformée en une monitrice attentive, sage et rigoureuse. “J’essaie, lorsque cela m’est permis, d’inscrire mes élèves en stage de danse chinoise. En 2020, nous nous sommes rendues à San Francisco dans une académie artistique. Elles sont toujours très motivées pour participer à des spectacles de danse chinoise“, confie-t-elle.
Yvette accompagnée d’une poignée de ses élèves durant un stage de danse dans une académie à San Francisco en 2020. (Photos : École Li Yune)
Transmettre la culture chinoise au travers de la danse
Dans la culture chinoise, la danse est “un moyen de s’exprimer” et elle diffère selon les provinces du pays. “Chaque ethnie de Chine a sa propre danse. C’est similaire à la culture polynésienne où chaque archipel a sa spécificité artistique“, souligne Yvette. Comme le ‘ori tahiti, la gestuelle, les pas et la musique sont sélectionnés méticuleusement afin de raconter une histoire ou transmettre un message. La grâce et la prestance sont les deux mots d’ordre quant à la mise en forme du spectacle.
Au fenua, la culture chinoise est partie intégrante de la société polynésienne, depuis l’arrivée des premiers chinois en 1865 jusqu’à nos jours. En corps à corps avec la culture mā’ohi, la culture chinoise est enseignée à l’école ou dans diverses associations. “Durant les festivités du Nouvel an chinois, on observe beaucoup de Tahitiens qui viennent découvrir la culture et la cuisine chinoise. Ce qui me fascine, c’est qu’aujourd’hui, les Polynésiens ne s’intéressent pas forcément qu’à la culture chinoise mais à l’ensemble des cultures asiatiques. Par exemple, les sodas japonais ou encore les dramas (Ndlr : séries) coréens. Il y une certaine ouverture de la part des Tahitiens que j’apprécie“, se réjouit Yvette.
À ce jour, l’école Li Yune a organisé trois galas de danse chinoise. Chaque spectacle demande pas moins d’une année de travail. À l’avenir, Yvette espère partager cet art avec la gent masculine. “Je pense que la culture chinoise sera toujours célébrée en Polynésie française. Tant que je peux me permettre de continuer mon école de danse, je ferai en sorte de pouvoir la perpétuer pour les jeunes générations et pour ceux qui le veulent“, conclut-elle.
Les confidences d’Yvette…
- Ton plat préféré ?
“Impossible de choisir, j’adore tellement la nourriture ! Mes plats préférés sont à bases de légumes.“
- Une friandise chinoise que les Polynésiens devraient goûter ?
“Les prunes marinées au vinaigre. Un délice !“
- Ta légende chinoise préférée ?
“La légende de Chang’e, celle qui a inspiré mon dernier spectacle.“
- Ta musique du moment ?
“Bohemian Rhapsody de Queen“