Justice – Prison ferme pour le père et le fils dealers de cannabis

Une fois sur place, une forte odeur de cannabis conduit les gendarmes vers une habitation. (Photo d'illustratio
Les deux individus ont réussi à récolter près de deux millions de francs grâce à leur business illégal. (Photo d'illustration / Archives LDT)
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Tinomana et son fils Arii sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Papeete, en comparution immédiate, ce jeudi 28 mars. Le duo est poursuivi pour avoir planté, vendu et détenu illégalement du cannabis, entre le 1er septembre 2022 et le 24 mars 2024. Entre temps, Tinomana avait été condamné en 2022 pour les mêmes faits. Son fils, âgé de 31 ans, se retrouve pour la première fois devant le tribunal.

Le 24 mars dernier, la gendarmerie reçoit un appel anonyme lui notifiant un réseau de trafic de cannabis dans la commune de Teva i Uta. Les officiers se rendent à l’adresse indiquée par le mouchard et perquisitionnent le domicile de Arii, où ils retrouvent 280 pieds de paka, 1,60 kg d’herbe de cannabis, du matériel pour prendre soin des plants et 32 045 F en numéraire. En face du domicile de Arii, se trouve celui de son père que les gendarmes fouillent également. À l’intérieur, ils retrouvent des bandes de papier en aluminium pour confectionner des “sticks” de cannabis, des sachets transparents et de l’argent. Au vu des produits et du matériel saisis, les deux individus sont immédiatement placés en garde à vue.

“Il n’y a pas assez de revenus”

À la barre, c’est Arii qui est interrogé en premier. Il dit planter du cannabis depuis 2022. Père d’une petite fille et chauffeur de bus en contrat à durée indéterminée, l’individu confie avoir planté du paka pour “aider” son père, Tinomana, au chômage. Il prétend ensuite ne pas avoir assisté son père dans l’élaboration du trafic. Problème : sa compagne, elle, affirme le contraire. Durant les échanges avec les magistrats, le prévenu répond vaguement et tente de détourner le sens des mots qu’il a prononcés en garde à vue. “C’est mon père qui sait tout“, dit-il alors que le juge le questionne sur l’organisation du réseau. Finalement, il déclare : “c’est moi qui plante et c’est mon père qui fait les sticks et qui vend“.

C’est au tour de Tinomana d’être interrogé. C’est le “cerveau” du groupe. À la barre, il explique les raisons qui l’ont poussé à choisir cette voie. “Il n’y a pas assez de revenus”, dit-il. Pourtant, Tinomana a une patente dans la construction et il est apte à travailler. En fait, s’il est sans emploi, c’est selon lui parce qu’il “est fiu d’être mal payé“. Obtenir de “l’argent facile” est plus avantageux pour Tinomana bien qu’il se déclare conscient des risques encourus. Car, grâce à leur business illégal, les deux individus ont pu récolter près de 2 millions de francs. “On n’a pas le choix, qu’est-ce que tu veux ? Les temps sont durs“, tente de justifier le père de famille.

Les coupables écroués

Pour la procureure, le duo “se moque de ce que dit la justice“. Elle souligne notamment la “nonchalance” de Tinomana “à l’abord des questions”. Selon elle, les deux prévenus sont au même niveau d’implication. Elle requiert par la suite quatre ans de prison ferme pour chacun, en raison de la quantité de stupéfiants réceptionnée et de la récidive de Tinomana. Ce à quoi s’est opposée fermement Me Chouini, avocate de la défense. “Il faut remettre les choses dans leur réalité. C’est une affaire de cannabis et pas de trafic d’ice. Ils seront condamnés, évidemment, mais je tiens à ce que la peine soit adaptée à leur délit“, conclut-elle.

Après délibération, le tribunal de Papeete reconnaît Tinomana et Arii coupables. Tinomana part à Nuutania pour trois ans de prison ferme. À l’issue de l’audience, il est immédiatement incarcéré. Quant à Arii, le jeune homme est condamné à deux ans d’emprisonnement dont un an ferme.

Les prénoms utilisés dans cet article sont des prénoms d’emprunt.