Il menace au coupe-coupe le personnel d’un magasin, 8 mois de prison ferme

La première condamnation du prévenu pour des faits de violence remonte à 2001. (Photo YP)
La première condamnation du prévenu pour des faits de violence remonte à 2001. (Photo YP)
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Le 20 mai 2023, un homme est interpellé après avoir menacé de mort un employé, le directeur et le vigile d’un magasin de la Presqu’île dans lequel il était entré muni d’une machette. Sous traitement pour des problèmes psychiatriques et déjà condamné à de multiples reprises pour violences, il a écopé de 8 mois de prison ferme et quatre mois avec sursis. Il lui est aussi désormais interdit de se rendre au Super U de Taravao.

L’homme de 51 ans, entouré de deux gendarmes, arrive dans le box des détenus de la salle d’audience. Il fixe alors son regard noir, presque agressif, sur un homme dans la salle de très longues secondes. On apprend rapidement que l’homme en question, c’est le directeur du magasin où se sont produit plusieurs événements impliquant le prévenu.

Quelques mois auparavant, le prévenu achète une voiture au prix de 100 000 F à l’un des employés du magasin, mais la voiture tombe en panne et il veut être remboursé. Il part ensuite en détention pour des violences et des menaces sur un chauffeur de bus, une précédente affaire qui a déjà fait parler de lui au même endroit, puisque la gare routière est toute proche du magasin.

À sa sortie de détention, il n’a pas oublié ses problèmes automobiles et l’arnaque dont il a, selon lui, été victime. Il se rend alors au magasin où travaille le vendeur pour se faire rembourser. Selon le directeur appelé à la barre, ce n’est pas la première fois qu’il se présente. Il a déjà menacé plusieurs employés et a même pénétré dans des lieux réservés au personnel. Il lui a déjà été signalé qu’il ne devait pas venir régler ses problèmes personnels dans le magasin.

Mais le 20 mai 2023, il ne veut rien savoir. Appelé par le chef de caisse vers 8h30, le directeur arrive et se rend compte que c’est à nouveau le même individu qui pose problème. Il a attrapé un coupe-coupe dans les rayons du magasin et veut trouver celui qui lui a vendu une voiture qui ne roule pas.

Il menace de mort tous ceux qui lui demandent de se calmer : “Je vais vous tuer”, “Je vais vous découper”, “Je vais brûler le magasin”. Après avoir été désarmé par un vigile, il part, mais revient vers 10h et les menaces reprennent. Cette fois, il a la main dans un sac et prétend qu’il est armé. Pour se faire entendre, il déclenche même l’alarme incendie qui engendre l’évacuation du magasin.  “Je veux juste récupérer mon dû” dit-il. Il annonce aussi s’être fait frapper par le directeur, avec le dos de la machette qu’on lui avait pris des mains. Il fait d’ailleurs constater des hématomes et reçoit cinq jours d’ITT.

“Un casier plus que rempli”

Sa première condamnation pour des faits de violence remonte à 2001. En 2006, il écope même d’une peine de 10 ans ferme pour des violences ayant entraîné la mort sur sa concubine. Il passera alors sept ans à la prison de Château-Thierry, la seule structure carcérale française spécialement dédiée à l’accueil des psychopathes. Il reçoit depuis un lourd traitement, ce qui lui permet d’avoir un discours totalement cohérent. Il reconnaît d’ailleurs que “ce n’est pas la bonne méthode” lorsqu’on l’interroge sur ses derniers faits.

La procureure envoie valser l’argument selon lequel il aurait été frappé. Pour le ministère public, on ne “peut pas se plaindre d’avoir été frappé quand on menace quelqu’un avec une arme”. Elle rappelle qu’il y a bien eu trois menaces de mort le même jour puis rappelle ses antécédents, qui confirment, selon elle, que “sa dangerosité est réelle“. Elle requiert 18 mois de prison avec maintien en détention.

Pour l’avocate du prévenu, les vidéos de surveillance du magasin montrent un homme qui ne fait que menacer, qui ne voulait que faire peur. Elle insiste sur les problèmes psychiatriques de son client : “il est bipolaire, la maladie ce n’est pas un choix”. Elle demande au tribunal de juger uniquement les faits, pas son casier. “Ce ne sont que des menaces”, conclut le conseil.

Le prévenu est finalement condamné à un an de prison dont quatre mois avec sursis, obligation de soins et 50 000 F de dommages à verser aux trois victimes menacées. Il a désormais l’interdiction de se rendre au Super U. 

Compte-rendu d’audience Y.P.