JUSTICE – Du LSD envoyé par la poste

Le caissier de 25 ans est finalement condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans.
Le caissier de 25 ans est finalement condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans. (Photo : Shutterstock)
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Le 2 août 2022, Nelson (prénom d’emprunt) se rend à la poste pour récupérer un colis, son fils de trois ans dans les bras. Il ne sait pas, à ce moment-là, ce que contient le colis, dit-il. Il explique faire de nombreux achats en ligne mais ne suit pas précisément toutes ses commandes.

Seulement les douanes pistent le colis en provenance du Canada puis interpellent Nelson dans sa voiture une fois le paquet récupéré, juste en face de l’agence DHL de Faa’a. À l’intérieur, 200 buvards imbibés de LSD, une drogue hallucinogène semi-synthétique. Le prévenu refuse ce jour-là de se soumettre à un dépistage de drogue.

Il ne “sait pas” d’où vient ce colis

Ses explications sont les mêmes à la barre qu’en garde à vue. Il ne sait pas d’où vient le colis ni pourquoi il l’a reçu. Il ne savait pas ce que le colis contenait. Il ne s’est jamais fait envoyer de drogue. Le président du tribunal rappelle alors que le prévenu a reconnu avoir consommé de l’ice il y a quelques années. Mais surtout, plus de 260 grammes de paka, des sachets plastiques vides, ainsi qu’une centaine de milliers de francs en liquide ont été trouvés à son domicile lors de la perquisition. C’est vrai, dit il. Oui, il a consommé de l’ice, mais il n’en prend plus depuis plus de trois ans. Il reconnaît consommer du cannabis, mais non, il le maintient, pas de drogue dure, encore moins du LSD. En résumé, le colis, ça n’est pas lui…

La douane entre en jeu

La justice écarte le cannabis à son domicile, le cœur du débat c’est le colis, l’importation de LSD, et donc une amende douanière. La représentante des douanes explique alors que le dossier est assez inédit. En effet, l’adresse détaillée figure sur le colis. Le vrai nom du destinataire, sa boite postale, son vini et son adresse géographique précise. Cela n’arrive jamais, habituellement c’est un faux nom qui figure sur ce genre de paquet. Les douanes demandent une amende d’un million de francs, l’équivalent de la valeur du colis à la revente en Polynésie française.

Le procureur de la république revient d’ailleurs sur cette adresse précise en introduction de ses réquisitions : “la plupart du temps, nous n’arrivons pas à remonter aux destinataires.”

Autre fait à retenir pour le représentant du ministère public, il s’agit là d’un colis envoyé du Québec au Canada, alors que la sœur du prévenu habite en banlieue de Montréal. Il rajoute que le prévenu n’a pas été en mesure de justifier un achat en ligne par une quelconque facture. Face à l’absence de casier judiciaire, 12 mois de prison avec sursis probatoire sont requis.

Pour l’avocat de la défense, son client ne savait pas ce que contenait le colis, et personne ne peut dire le contraire. Un téléphone hacké peut-être. Il fait alors référence à une ancienne affaire, dans laquelle des agents chargés de trier les paquets étaient complices, mais pas les destinataires. Il met ensuite en avant la vie stable de son client, sans casier judiciaire. Un emploi et pas de crédit. “Pourquoi aurait-il voulu faire ça ?” s’interroge l’avocat. Il demande la relaxe de son client au bénéfice du doute.

Le caissier de 25 ans est finalement condamné à 10 mois de prison avec sursis probatoire de 2 ans. Une période où il devra soigner son addiction au cannabis. L’amende douanière est fixée à 500 000 francs.

Compte-rendu d’audience : Y.P