Des travaux d’aménagement freinés sur le site de Vaipoopoo à Punaauia

Depuis 2018, le Direction des Ressources Marines a mis un terme à la convention avec la coopérative Tamarii Rava'ai no Vaipoopoo.
Depuis 2018, le Direction des Ressources Marines a mis un terme à la convention avec la coopérative Tamarii Rava'ai no Vaipoopoo. (Photo Morgane Durrembach)
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Alors que le Pays souhaite engager des travaux pour donner un nouveau visage à la marina de Vaipoopoo, ce projet de réhabilitation et d’aménagement est freiné par des occupations irrégulières sur ce site public qui appartient au Pays et qui est géré par la Direction des Ressources Marines (DRM).


Pour commencer, plusieurs familles vivent sur le site. Cette occupation irrégulière, plus ou moins tolérée pendant plusieurs années, pose aujourd’hui problème. En effet, ces familles sont installées dans les locaux de l’ancien gardien du site et la Direction des Ressources Marines (DRM) indique que ces locaux sont aujourd’hui vétustes et insalubres. En concertation avec les familles, la DRM dit travailler avec la commune de Punaauia et les affaires sociales pour reloger ces familles dans de bonnes conditions. Le cœur du problème ne se situe donc pas là.

Le deuxième problème, plus critique pour la Direction des Ressources Marines, concerne une ancienne convention passée avec la coopérative de pêcheurs Tamarii Rava’ai no Vaipoopoo. Créée en 2003, la coopérative a signé en 2010 une convention avec le Pays qui visait notamment à mettre à disposition de la coopérative, à titre gracieux, une machine à glace. L’idée était de permettre à la coopérative à la fois d’alimenter en glace les pêcheurs de la zone à des prix intéressants et de la vendre à des particuliers.

La pratique de mise à disposition de ce type de matériel est courante et vise à structurer la filière. Elle engage notamment la coopérative à être à jour de ses statuts et de ses obligations associatives, à tenir une comptabilité lisible et à souscrire un contrat de maintenance pour le matériel mis à disposition.

Or, depuis 2018, le Direction des Ressources Marines a mis un terme à cette convention, jugeant que ces engagements n’étaient pas respectés par la coopérative Tamarii Rava’ai no Vaipoopoo et identifiant des problèmes de gouvernance de l’association et de gestion du matériel. Une large part des pêcheurs professionnels, eux aussi confrontés à des conflits avec cette coopérative, notamment pour certains l’impossibilité de s’approvisionner en glace à Vaipoopoo, ont pris la décision de créer un nouvelle coopérative, Rava’ai no Punaauia, en 2021.

Tentatives de conciliation

Suite à de nombreuses tentatives de conciliation menée par la DRM avec l’ancienne et la nouvelle coopérative qui n’ont pas abouti, c’est désormais avec cette nouvelle coopérative que la Direction de Ressources Marine a lié une convention pour la future gestion du site de Vaipoopoo et pour la mise à disposition de la machine à glace.

Mais c’est toujours l’ancienne coopérative qui détient, sans autorisation et sans convention, la machine à glace et qui fait usage de ce bien public pour vendre la glace à son propre profit. La coopérative a déjà été mise en demeure de restituer la machine à glace, sans succès pour le moment. Les discussions et tentatives de conciliation ont pris du temps.

Pour mettre un point final à cette situation et pouvoir lancer les travaux d’aménagement, la Direction des Ressources Marines a engagé plusieurs procédures judiciaires, dont un référé rejeté par le tribunal administratif le 4 février dernier, le critère d’urgence n’ayant pas été reconnu dans les arguments avancés par le Pays. D’autres actions judiciaires sont lancées en parallèle.

Par ailleurs, la Direction des Ressources Marines a d’ores et déjà engagé une phase d’étude pour la réhabilitation et l’aménagement du site de Vaipoopoo. Ces travaux prévoient notamment de rénover et d’aménager la mise à l’eau pour les bateaux, des places de parking, un hangar, des bureaux, des chambres froides et l’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments. Il est également envisagé de mettre en place un site de vente au détail et un petit atelier de transformation de poisson. En attendant la régularisation de la situation et des expulsions effectives, impossible pour le pays de démarrer les travaux.

Correspondance : Morgane Durrembach