Accident mortel de Raitevai, le scootériste condamné à 6 mois de prison avec sursis

Raitevai Torohia était très apprécié pour sa gentillesse, son sourire et sa joie de vivre. Chanteur et musicien reconnu, on pouvait apprécier ses talents aussi bien dans une bringue traditionnelle qu'au côté de DJ plus actuels.
Raitevai Torohia était très apprécié pour sa gentillesse, son sourire et sa joie de vivre. Chanteur et musicien reconnu, on pouvait apprécier ses talents aussi bien dans une bringue traditionnelle qu'au côté de DJ plus actuels. (Photo FB Raitevai)
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Le samedi 6 novembre 2021, le tout jeune papa Raitevai Torohia perdait la vie à seulement 22 ans lors d’un accident de moto à Papara. Le conducteur du scooter percuté, un homme de 89 ans, a été jugé en début d’année pour homicide involontaire. Le tribunal a rendu son délibéré ce mardi 23 mai 2023. Il est reconnu coupable et condamné à six mois de prison avec sursis.

L’émotion avait gagné toute la commune de Papara en novembre 2021. Raitevai Torohia était très apprécié pour sa gentillesse, son sourire et sa joie de vivre. Il avait été au plus près de la population en tant que guide sanitaire pendant la crise Covid. Chanteur et musicien reconnu, on pouvait apprécier ses talents aussi bien dans une bringue traditionnelle qu’au côté de DJ plus actuels, notamment son frère le talentueux “Tommy Driker”.

Vol plané de plusieurs dizaines de mètres

Des centaines de personnes étaient là pour ses obsèques. Le collège de Papara où il était surveillant lui avait rendu un vibrant hommage, tout comme tous les “riders” amateurs de moto-cross dont il faisait partie. Le bruit de sa DT50 était bien connu des habitants du quartier, près de la Maison pour Tous et du parc à matériel de la commune. Seulement ce bruit, un conducteur de scooter ne l’a pas entendu ce jour-là.

A l’audience, le prévenu s’avance faiblement à la barre. Un petit homme, aux petits pas, de 89 ans. Au moment de l’accident, il doit apporter des mape à des amis et cherche l’entrée d’une servitude où se trouve un terrain de boules.

Constatant s’être trompé, il entame, sur le bas-côté dit-il, un demi-tour avec son scooter, moteur éteint. Il prétend s’être assuré qu’aucun véhicule n’était en approche et n’avoir que très peu roulé sur la chaussée pour changer de direction. Il ne se souvient pas d’avoir, ou non, mis son clignotant, mais sous-entend que, se trouvant sur le côté de la route, il n’y en avait de toute façon pas besoin.

Il décrit alors l’arrivée soudaine, à “une vitesse d’enfer” dit-il, d’une moto qui touche le scooter et envoie son occupant dans le décor. Aucune trace de freinage n’est constatée. Le papy n’est que légèrement blessé, mais Raitevai fait un vol plané de plusieurs dizaines de mètres. Victime d’un très important traumatisme crânien, il succombe à ses blessures quelques heures après son arrivée au Centre hospitalier de Taaone.

Le prévenu est sûr de lui, le motard roulait trop vite, et sans casque dit-il. Les avocats de la famille, mais aussi la compagnie d’assurance de la victime et la CPS, remettent rapidement en doute la capacité du scootériste à circuler, faisant référence d’une manière générale à son âge, et en particulier à de flagrants problèmes d’audition. Effectivement, rares sont les audiences du tribunal qui atteignent un tel niveau sonore, les magistrats devant presque hurler pour poser leurs questions au vieil homme.

Un casque apporté par la famille sur les lieux ?

La défense du prévenu met en avant les constatations réalisées par le médecin légiste qui, dans son rapport, parle d’un choc reçu sans casque. Pourtant, sur les photos du lieu de l’accident prises par les forces de l’ordre, le casque est à côté de la moto.

Cela ne signifie rien pour l’avocate du prévenu, qui explique que selon elle la moto a été relevée par les premiers témoins, et le casque apporté ensuite par la famille. Un casque qui n’est pas “défoncé, contrairement au crâne”, ajoute l’avocate.

Pour le procureur, casque ou pas, il y a bien eu une imprudence caractérisée du prévenu. Deux mois après l’audience, le tribunal condamne le papy scootériste à six mois de prison avec sursis et six mois de suspension de permis. L’audience sur intérêts civils, chargée de chiffrer les dommages et intérêts à verser à la famille, est fixée au 15 novembre.