Un multirécidiviste a été condamné, pour la 14e fois, à un an de prison ferme pour vol ce lundi 5 juin 2023 en comparution immédiate. Dans la nuit du 28 au 29 mai, il s’est introduit trois fois de suite dans un supermarché de la Côte Est, dérobant pour plus de 800 000 F de bouteilles d’alcool en compagnie de complices mineurs.
L’homme de 38 ans, t-shirt gris et cheveux jaunes, est extrait de cellule pour comparaître au tribunal de première instance. Le face-à-face avec les magistrats, tout comme l’enfermement, il connaît. À son casier déjà 18 condamnations, quasiment toutes pour vols. Un parcours judiciaire qui le conduit en détention à deux reprises.
Un dimanche de mai, il est environ 23 heures, l’homme est complètement saoul, mais il veut encore boire. Sans-travail depuis 2020, il vit chez ses parents avec onze autres personnes. On devine facilement que ce n’est pas simplement en ouvrant le frigo familial qu’il va étancher sa soif. Pour boire, il faut voler, commence alors sa nuit de monte-en-l’air.
Il débute par le snack situé devant le supermarché. Après avoir escaladé un grillage, il rentre par le toit à moitié ouvert, mais dans le snack pas d’alcool. Il débranche alors la caisse enregistreuse et s’enfuit. C’est près de la rivière voisine qu’il la casse et repart avec le fond de caisse, environ 30 000 F.
Fier de lui, mais toujours sans rien à boire, il retourne au quartier et propose à un jeune, croisé par hasard dit-il, de retourner braquer avec lui. Mais cette fois il vise plus grand, ce sera le supermarché, séparé du snack par un simple volet roulant. Le duo retourne sur place, recommence sa manœuvre d’introduction et attaque la razzia au centre commercial. L’objectif n’a pas été perdu de vue. Après avoir attrapé des sacs dans les rayons, ils foncent sur les bouteilles d’alcool fort et repartent chargés au maximum.
“Tant que je gagne je joue !”
Une moquerie de Coluche qui semble être la devise de la soirée du prévenu. Après avoir fait augmenter son taux d’alcool grâce au dernier butin, l’homme veut retenter sa chance. Il propose alors à un autre adolescent de l’accompagner pour un troisième tour au magasin. Là encore, lui se charge des bouteilles, son tout jeune complice, sobre et pas fou, passe par le rayon multimédia. Il dérobe l’enceinte préférée des Polynésiens et des écouteurs sans fil.
Mais tout ce petit monde semble oublier un détail. S’il peut paraître étonnant de réussir, a priori assez facilement, à pénétrer dans un supermarché, tout est bien sûr filmé. L’homme est donc très vite identifié, interpellé, et placé en garde à vue dans un état proche du coma éthylique. Selon le rapport de police “la marche en ligne droite était impossible”. Il ne peut même pas se soumettre à un simple alcootest et bafouille péniblement ses premiers aveux.
À la barre, le prévenu se contente de réponses brèves. Il reconnaît les faits. “C’était pour boire ou avoir un peu d’argent” dit-il simplement. À propos des jeunes qu’il recrute, il dit ne pas savoir qu’ils sont mineurs. “Ils ne se sont, à priori, pas fait prier” commente la présidente du tribunal.
Après le long rappel de l’épais casier du prévenu, la présidente est directe, le ton dépité : “Pourquoi on te retrouve encore là ?” Ce à quoi le braqueur à répétition répond maladroitement : “Je regrette de m’être fait prendre”. Le procureur rappelle alors la valeur des dizaines de bouteilles volées. “Des bouteilles onéreuses, précise-t-il, pour plus de 800 000 F”.
Au-delà de la récidive, il retient surtout le fait que l’homme entraîne des mineurs dans son périple. Il requiert un an de prison ferme et six mois avec sursis. Le tribunal va au-delà et le condamne à deux ans de prison, dont un an avec sursis. Il doit indemniser le snack et le supermarché pour les vols et les dégradations et soigner son addiction à l’alcool.
Compte-rendu d’audience Y.P
