Bientôt un cargo voilier entre la France et la Polynésie française?

L’idée naît dans la tête d’Ambroise il y a une quinzaine d'années. Il y a trois ans, il décide de passer de l'idée au projet. (Photo : AS)
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Le projet est ambitieux, lancé par Ambroise avec ses deux associés, Richard et Erwan. L’idée germe il y a une quinzaine d’années. Il y a trois ans, Ambroise décide de passer de l’idée au projet. Son métier, marin sur différents types de bateaux depuis qu’il a 18 ans, l’amène, à plusieurs reprises, à séjourner en Polynésie française. De la prise de conscience sur la nécessité d’une navigation plus responsable et le potentiel de la destination dans le secteur du transport maritime, émerge l’idée de créer le Pahi Fano.

“Je voyais que les voiliers, en Polynésie française, et ailleurs, fonctionnaient bien. Sauf qu’on ne mettait rien dessus à part des gens. Je me suis dit pourquoi ne pas essayer de transporter des marchandises avec des voiliers”. C’est ainsi que l’idée de faire du transport “vert” de marchandises, entre la Bretagne et le fenua, est née dans l’esprit d’Ambroise en 2020.

Esquisse du Pahi Fano

Le breton d’adoption depuis 25 ans (Ambroise est ardennais), aujourd’hui âgé de 43 ans, en parle alors à son ami Richard, marin de profession également. Ce dernier se lance dans l’aventure, le projet est lancé. Un an plus tard, en 2021, naît la société “Eco Trans Ocean” et les deux amis sont rejoints par Erwan, commercial.

L’objectif est alors pour les trois associés de faire naître un navire qui permettrait, à la voile, de transporter des marchandises, directement de Saint-Malo à Tahiti, sans aucune autre étape durant le voyage. “Les vents sont favorables sur le parcours entre la France et Tahiti. Des phases moteurs sont bien évidemment à prévoir”, explique Ambroise.

Richard, un
des associés d’Ambroise,
marin également.
(Photo : DR)

“Les Polynésiens sont un peuple de marins , qui vivent et travaillent avec la mer, comme les Bretons. Il est logique de lier ces territoires” 

A propos des moteurs, la réflexion est toujours d’actualité. Mais une chose est certaine, le carburant se doit d’être vert. Electrique, biocarburant ou hydrogène, “le but est en tout cas d’être à zéro émission carbone sur le trajet.”

Pour les associés, “protéger nos espaces maritimes et travailler avec nos territoires semble naturel et logique quand on parle de décarbonation du transport maritime. Les Polynésiens sont un peuple de marins , qui vivent et travaillent avec la mer, comme les Bretons. Il est logique de lier ces territoires.” 

3,8 milliards de francs nécessaire pour concrétiser le projet

Le projet n’en est encore qu’à ses prémices mais les associés voient les choses en grand : une mise à l’eau du navire durant la seconde moitié de l’année 2026. Aujourd’hui, Ambroise, Richard et Erwan, travaillent sur le projet sur leur temps libre et sur fonds propres. La première esquisse du bateau, réalisée en partenariat avec le cabinet d’architecture VPLP, ainsi qu’AYRO et Alwena shipping, a été financée sur leurs deniers personnels.

Mais aujourd’hui, pour faire de leur projet une réalité, il va falloir trouver les investisseurs et les soutiens financiers car l’idée coûte cher : 3,8 milliards de francs. En plus du coût de construction du bateau, estimé à 3 milliards de francs, il faut aussi, explique Ambroise, financer le lancement des études d’ingénierie, la finalisation de l’architecture et des plans du navire ou encore, le système de propulsion vélique composé de trois ailes. Actuellement aucun fonds n’a encore été levé, précise le breton d’adoption.

Une étude de marché a été réalisée par Ambroise, en Polynésie française. Et grâce aux professionnels du fret du territoire, contactés ou rencontrés, le Pahi Fano pourrait être rempli à 30 % de sa capacité par voyage, par des clients du fenua. Sa capacité estimée étant de 1 600 tonnes sur une traversée, soit 12 800 tonnes par an. La rentabilité étant estimée à un remplissage de 60 % par voyage. En plus de la marchandise, il est aussi envisagé que le navire soit équipé de 3 cabines clients. L’équipage total, quant à lui, est estimé à dix personnes.

Les caractéristiques du Pahi Fano.