A l’ONU, le président de la Polynésie française plaide pour l’autodétermination

Le chef du protocole par intérim Ethan Rosenzweig salue le président de la Polynésie française Moetai Charles Brotherson à son arrivée au sommet du Forum des îles du Pacifique (PIF), organisé par le président américain Joe Biden, au portique sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 25 septembre. 2023 (Photo de Mandel NGAN / AFP)
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Le président indépendantiste de la Polynésie française a plaidé mardi à l’ONU pour un processus d’autodétermination de la collectivité, en présence pour la première fois depuis dix ans d’un représentant de l’Etat français qui a souligné “l’absence de changement de ligne” de Paris.

“Le temps est venu d’initier un dialogue franc et honnête avec la puissance administrante pour faciliter des progrès rapides vers un processus d’autodétermination juste et efficace”, a déclaré Moetai Brotherson, élu en juin à la présidence de la collectivité du Pacifique Sud, assurant qu’il ne voulait “ni confrontation ni rupture” mais “des discussions entre partenaires”.

“A l’heure où le multilatéralisme est testé, où l’Indo-Pacifique est convoité, où les désamours post-coloniaux s’exacerbent, il nous faut ouvrir de nouvelles voies ensemble, sous les auspices des Nations unies”, a-t-il ajouté, réclamant notamment la mise en place d’un programme d’éducation politique pour les Polynésiens.

“Nous voulons expliquer à notre peuple quelles options un référendum d’autodétermination impliquent, pas seulement l’indépendance mais toutes les options existantes”, a précisé celui qui plaide pour une transition douce vers l’indépendance.

Il s’exprimait pour la première fois depuis son élection devant la 4e commission de l’Assemblée générale de l’ONU, en charge des questions de décolonisation.

Un jour “historique” de “mise en place du dialogue”, a-t-il estimé, saluant la présence de l’ambassadeur français Nicolas de Rivière qui a mis un terme à dix années de “chaise vide” de Paris, depuis la réinscription en 2013 de la Polynésie française sur la liste de l’ONU des territoires non-autonomes à décoloniser, aux côtés de la Nouvelle-Calédonie notamment.

Mais “si j’interviens aujourd’hui devant vous pour acter un changement de méthode, c’est aussi pour réaffirmer l’absence de changement de ligne”, a répondu Nicolas de Rivière.

“Aucun processus entre l’Etat et le territoire ne prévoit un rôle pour les Nations unies”, a-t-il insisté, rejetant tout “parallèle” avec la Nouvelle-Calédonie.

“La France siège aujourd’hui dans un esprit de dialogue pour rappeler une évidence: la Polynésie française n’a aucune place sur la liste des territoires non autonomes”, a-t-il ajouté, estimant que le territoire était déjà “autonome”, avec “un statut tout à fait singulier dans la République française”.

La Polynésie dispose, dans le cadre de la Constitution française, d’un régime de spécialité et d’autonomie, et l’Etat s’est recentré sur ses missions régaliennes et des compétences qui font l’objet d’une liste limitative (sécurité et ordre public, organisation des secours, justice, politique étrangère et défense).

La Charte des Nations unies précise que les territoires non-autonomes sont ceux “dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes”.

abd/ube © Agence France-Presse