Opération “Tempête” : l’Etat vante son action de lutte contre les stupéfiants

Au plan judiciaire, 132 personnes ont été mises en cause et 26 placées en garde à vue, dont 15 ont fait l’objet d’une convocation judiciaire. Par ailleurs, sept personnes ont été mises en examen et cinq écrouées. (Photo HC)
Au plan judiciaire, 132 personnes ont été mises en cause et 26 placées en garde à vue, dont 15 ont fait l’objet d’une convocation judiciaire. Par ailleurs, sept personnes ont été mises en examen et cinq écrouées. (Photo HC)
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Du 4 au 8 décembre, le commandement de la Gendarmerie pour la Polynésie française a conduit une vaste opération anti-stupéfiants baptisée “Tempête” (Mata’i Rorofai).

“Menée sous l’autorité conjointe du Haut-Commissaire de la République en Polynésie française et de la procureure de la République près le tribunal de première instance de Papeete, cette opération s’inscrit dans le cadre du plan zéro délinquance adopté par le Ministre de l’intérieur et des outre-mer dans la perspective des Jeux Olympiques” rappelle Eric Spitz, le représentant de l’Etat, dans un communiqué. “Cette opération a mobilisé de nombreux moyens spécialisés d’enquête et de recherche, notamment les quatre équipes cynophiles du commandement. Chaque jour près de 150 et 200 gendarmes ont procédé à des contrôles et conduit des investigations sur les cinq axes du plan anti stupéfiants”.

Tout d’abord, le “contrôle des flux”. Au cours de cette semaine, près de 300 véhicules ont été contrôlés par les forces de l’ordre, conduisant à 29 verbalisations. 73 dépistages stupéfiants ont été réalisés dont 7 ont été positifs. “Ces contrôles ciblés démontrent une fois encore la réalité d’un phénomène qui, par les effets qu’il génère sur l’attention du conducteur, peut avoir des conséquences dramatiques sur la route” insiste le haut-commissariat.

De façon générale, le recours aux dépistages stupéfiants lors des contrôles routiers “a été massifié depuis le début de l’année”.

(Photo HC)

Au 4 décembre, ce sont 4727 dépistages qui ont été réalisés contre 3319 sur la même période en 2022, soit une hausse de 42,4 %. Ces dépistages ont permis de verbaliser 502 conducteurs pour
conduite sous stupéfiants
, contre 343 en 2022, soit une hausse de 46,3 %. La plupart de ces opérations de dépistage sont réalisées sur réquisition du parquet avec engagement d’équipes cynophiles spécialisées.

Ensuite, la destruction des plantations. Au cours de cette opération, les unités de Tahiti et des archipels “ont arraché en une semaine 6116 plants de paka, notamment sur Tahiti (Papara, Faa’a), Raiatea et Huahine ou encore dans les Australes”.

Une opération spécifique conduite les 5 et 6 décembre sur Huahine par la compagnie des archipels, appuyée par l’hélicoptère Dauphin, a permis de cibler les recherches au sol et de saisir à elle seule 1456 plants de paka, selon le HC qui précise que ces opérations ont permis de mettre en cause 45 individus.

Depuis le début de l’année, “les opérations de recherche et de destruction de plantation ont été amplifiées”, à Tahiti comme dans les archipels.
Au 4 décembre 2023, 435 opérations ont été conduites, contre 312 en 2022.
Elles ont permis la destruction de 34126 pieds de cannabis contre 24693 en 2022.

La stratégie des services de l’Etat passe également par le “harcèlement des points de deal”.
Au cours de cette semaine, le HC assure que 44 opérations ont été conduites conduisant au contrôle de 250 personnes, à la verbalisation de 29 individus et à la saisie de 783 gr d’herbe et 412 plants de paka.

En 2023, ce sont 168 opérations de contrôle qui ont été conduites sur les différents points de deal de la zone gendarmerie. “Elles ont permis l’interpellation de 156 mis en cause dans des faits d’usage – revente. En 2022, 56 opérations avaient été conduites pour 57 mis en cause. Par ailleurs, 44 kg d’herbe de cannabis ont été saisis depuis le début de l’année contre 27 en 2022.”

Enfin, Eric Spitz évoque le démantèlement des réseaux par les unités de recherche (OFAST, SR, GIR et BR). En 2023, 44 trafics ont été démantelés contre 39 sur la même période en 2022.

Au cours de cette semaine, une opération a été conduite dans le cadre d’une information judiciaire qui a débuté il y a quelques mois à l’occasion d’une importation d’ice par voie aérienne. Selon le parquet, les investigations ont conduit à trois garde à vue et à la mise en examen de l’auteur principal qui est placé en détention provisoire. Dans ce dossier 1,11 kilo d’ice a été initialement saisi.

Par ailleurs, une enquête ouverte pour menaces de mort envers un gardien de prison et association de
malfaiteur a été diligentée par la brigade de Faa’a. Les investigations “ont permis de déterminer l’implication de cinq personnes, dont trois détenus, particulièrement connus en matière de trafic de stupéfiants”. Une information a été ouverte et les deux principaux mis en cause, déjà détenus, “ont été présentés et placés en détention provisoire”.

Dans les Îles Sous-le-Vent, une opération conduite sur renseignement par la brigade de Raiatea a permis le démantèlement d’un trafic de stupéfiants actif depuis novembre 2022. “Les perquisitions ont conduit à la saisie de 377 plants de paka et d’un peu plus d’1 kg de paka séché. A l’issue des gardes à vue, ils ont fait l’objet d’une convocation judiciaire.”

En coordination avec les directeurs d’établissement, deux opérations de fouille sectorielle ont été conduites les 5 et 6 décembre au sein du centre de détention de Tatutu et de la maison d’arrêt de Faa’a-Nuutania. La saisie de plus de 500 gr d’herbe, d’ice et de nombreux matériels associés, “matérialisent l’existence de réseaux au sein même des établissements pénitentiaires“.

Cyber investigations : les réseaux sociaux dans la mire

“Au cours de cette opération une offensive anti-stupéfiants a été conduite sur les réseaux sociaux afin de lutter contre le commerce en ligne de produits stupéfiants. Sous l’égide du centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) et du Parquet de Papeete, cinq enquêteurs spécialisés ont réussi à confondre six auteurs pré-identifiés dont cinq ont pu être interpellées entraînant sept réponses pénales. Les deux perquisitions positives ont conduit à la saisie de cannabis, d’un téléphone et de matériels utilisés pour la revente. Les trois perquisitions numériques ont permis l’ouverture de plusieurs procédures incidentes.”

Opération “tempête” : 115 opération en une semaine

Au total, l’opération “tempête” conduite par la gendarmerie s’est traduite par plus de 115 opérations
sur une semaine. Le bilan des saisies et destructions s’établit comme suit

  • 6116 pieds de cannabis détruits
  • 10 gr d’ice
  • 4,45 kg d’herbe de cannabis
  • 275 gr d’ecstasy
  • 5 gr cocaïne
  • 5 gr de kétamine

    Au plan judiciaire, 132 personnes ont été mises en cause et 26 placées en garde à vue, dont 15 ont fait l’objet d’une convocation judiciaire. Par ailleurs, sept personnes ont été mises en examen et cinq écrouées, “portant par là même un coup significatif aux réseaux de trafics de stupéfiants en Polynésie française” se félicite le haut-commissariat.
(Photo HC)