Starlink, un danger pour les fournisseurs d’accès à internet locaux ?

Starlink ne s'est pas déclaré intéressé par le marché de la Polynésie française.(Photo : SpaceX)
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Starlink, vous en avez peut-être entendu parler. Constellation de satellites en cours de déploiement
depuis 2019, ce sont 12 000 satellites en juin 2022 et 42 000 (normalement) d’ici 2025. Ce sont des satellites en orbite dite “basse”, c’est-à-dire entre 540 km et 570 km d’altitude.

Pour rappel, Felix Baumgartner, le détenteur du saut en parachute le plus haut s’est élancé en 2012 d’une altitude de 39 km. La Station spatiale internationale (ISS) orbite à 420 km d’altitude. Notre atmosphère fait en moyenne 600km d’épaisseur et les systèmes de positionnement (GPS, Galileo etc….) sont à 20 000 km d’altitude. Oui, c’est haut…

Revenons à nos moutons. Ces 12 000 satellites appartiennent à la société SpaceX (fondée par Elon Musk, encore lui), qui les utilise pour commercialiser un accès à Internet partout dans le monde…
bientôt. Pour le moment, ce sont surtout les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et l’Australie qui en profitent.
Mais prochainement, nous aussi en Polynésie française, nous pourrons accéder à Internet via SpaceX et son nuage de satellites Starlink.

Et là ça devient intéressant. Parce que pour 100 USD par mois (soit 12 000 F), en branchant une
petite antenne (diamètre de 60cm) qui se paramètre toute seule, on peut avoir un accès internet à
100Mbs/s. Sans aucune connexion au réseau OPT.

Non seulement on économise le fameux “abonnement téléphonique” et il n’est plus nécessaire d’attendre d’être raccordé au réseau fibre.
D’ailleurs, cette instantanéité et cette indépendance sont des avantages majeurs. En 2022, SpaceX a
envoyé plusieurs milliers de terminaux de réception aux Ukrainiens pour qu’il puissent continuer à être
connectés à Internet malgré les attaques russes sur leurs systèmes de communications.

Accéder au reste du monde par satellite n’est pas une nouveauté. Au lancement de l’internet en
Polynésie, au milieu des années ’90, la connexion satellitaire était le seul lien numérique avec le reste du monde. D’ailleurs, à l’époque, on recevait une à deux fois par an un courrier électronique annonçant des perturbations pour cause d’éruptions solaires.
Le fait que d’ici peu, nous pourrons nous connecter à Internet instantanément, où que l’on soit
en Polynésie française, est un élément important. On se frotte tous les mains en se disant “haha, ça va bien embêter Onati, Vodafone, Viti… !”
Mais si on peut envisager un gain sur le plan individuel, il faut admettre qu’une migration massive vers Starlink affaiblirait nos Fournisseurs d’accès à internet (FAI) et donc notre collectivité. Cela se traduira par moins d’emplois, moins d’expertise, moins d’autonomie technique…
Et une fois que les autres FAI travailleront à cadence réduite parce que leurs chiffres d’affaires auront
fondu comme neige au soleil, Starlink se retrouvera dans une situation de monopole et pourra décider de ses prix et de ses débits comme il le souhaite, trouvant de toute façon une justification.
Ainsi, c’est à nos FAI de nous donner envie de rester chez eux. Elon Musk arrive, et il ne vient pas prendre le thé.

Pita.