Grâce à Internet, elle fabrique des objets en résine pour y cacher de l’ice

Consommatrice d'ice depuis une dizaine d'années, elle est criblée de dettes et n'a plus les moyens d'entretenir son addiction.
Consommatrice d'ice depuis une dizaine d'années, elle est criblée de dettes et n'a plus les moyens d'entretenir son addiction. (Photo d'illustration)
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C’est bientôt Noël ! Fin 2022, une ancienne aide-comptable et serveuse à peine trentenaire organise et finance, grâce à un emprunt, un voyage aux Etats-Unis, pour elle, une partie de sa famille et celle de sa compagne. Bien arrivé en Californie, tout le monde profite des vacances, enchaîne les séances de shopping, tout semble se dérouler normalement, sauf que la jeune femme a un plan élaboré de longue date…

Consommatrice d’ice depuis une dizaine d’années, elle est criblée de dettes et n’a plus les moyens d’entretenir son addiction. Sur les conseils d’un ami, elle envisage alors d’acheter de la drogue aux États-Unis. Elle budgète pour cela 2000 dollars, sans trop savoir, dit-elle, combien de drogue elle peut obtenir avec cette somme.

Elle prépare alors son acheminement. Elle regarde des tutoriels sur Internet pour apprendre à confectionner elle-même des objets décoratifs en résine. Elle commande ensuite des moules qu’elle fait livrer près de sa location de vacances à Los Angeles.

Une fois sur place, elle va acheter de la résine chez WallMart, et fabrique trois objets dans lesquels elle insère l’ice acheté à Venice beach. Une fois les objets secs, elle colle de fausses étiquettes de produits neufs, et les fait expédier à Tahiti. C’était sans compter sur le chien renifleur des douanes qui marquera l’arrêt sur deux de ces objets à l’ouverture d’un conteneur à Papeete. Une fois les objets brisés, les douaniers découvrent à l’intérieur 164,36 grammes de méthamphétamine.

“La détention m’a fait du bien”

La prévenue reconnaît les faits. Elle était addict, elle a voulu acheter de la drogue pas chère, la ramener à Tahiti pour la consommer. Face à la quantité que lui livre le dealer, elle avoue même avoir pensé à en revendre mais ce n’était selon elle pas le projet initial. C’est en larmes qu’elle présente ses excuses. Elle dit que la prison, depuis 66 jours en détention provisoire, lui a “fait du bien“. Le suivi psychologique entamé porte ses fruits, elle ne veut plus de drogue dans sa vie aujourd’hui. Elle remercie même le juge d’application des peines qui l’a incarcérée. 

Le procureur n’est pas du même avis. La grande quantité achetée est un délit grave, mais surtout la préméditation de l’importation est visible. La commande de moules et l’achat de résine sont, pour lui, des facteurs aggravants. Il demande deux ans de prison ferme, plus un an avec sursis probatoire et maintien en détention.

La défense le répète : “elle pensait obtenir 20 grammes”, “elle ne fait pas partie d’un réseau”, “c’est un acte isolé”. L’avocat précise également que la jeune femme est entourée. Toute sa famille et belle famille sont d’ailleurs dans la salle d’audience. “Son suivi psychologique est prêt et sa famille l’attend pour qu’elle s’en sorte la tête haute” conclut l’avocat, qui demande la clémence du tribunal.

La prévenue est condamnée à trois ans de prison dont un an avec sursis. Une peine assortie d’une obligation de soins, de formation, sans oublier une amende douanière fixée à 49 millions de francs. Elle est maintenue en détention.

Compte-rendu d’audience : Y.P