Essais nucléaires : le combat d’une mère pour être reconnue victime

Atteinte d’une leucémie myéloïde chronique, Béatrice Mou Sang Teinauri a écrit un livre dans lequel elle raconte ses deux combats, contre la maladie et pour être reconnue victime des essais nucléaires. (Photo : T.I)
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Béatrice Mou Sang Teinauri, atteinte de leucémie myéloïde chronique, raconte dans le livre qui vient de paraître, Je m’appelle Airuarii, son combat contre la maladie qu’on lui diagnostique alors que débute sa grossesse et sa ténacité pour être reconnue victime des essais nucléaires. L’autrice sera en dédicace, samedi 4 mars, à l’espace culturel Odyssey, de 9 à 12 heures.

Je m’appelle Airuarii. Un titre accompagné d’un tatouage en illustration de la couverture rouge du livre de Béatrice Mou Sang Teinauri. Ce tatouage, l’autrice le porte sur la peau, au niveau de son sternum. Là, où le médecin “plante une énorme aiguille afin de prélever de la moelle osseuse pour vérifier que le traitement est toujours efficace. Il doit alors transpercer l’os. La douleur n’est pas violente, grâce à l’anesthésie locale, mais la sensation est effroyable”. 

C’est sans fard, avec une écriture directe qui fait l’économie des mots, que Béatrice Mou Sang Teinauri se livre sur sa maladie, une leucémie myéloïde chronique, découverte lors d’un banal examen au tout début de sa grossesse, en 2011, à 34 ans. Une maladie qu’elle connaît bien puisque Rina, sa maman a été diagnostiquée d’une forme aigüe en 2004.

L’autrice décrit dans son livre-témoignage, d’un peu plus de 100 pages, les évasans de Rina en France alors qu’elle l’accompagne pour ensuite partager avec le lecteur son vécu à elle. Son “exil” en urgence en décembre 2011. Ses longs cheveux que sa maman coupe à l’aéroport – tout comme elle avait fait avec les siens avant une chimiothérapie – et que son mari enterre dans leur jardin “concrétisant ainsi ce lien indéfectible qui me scelle à ma terre nourricière”. Son premier traitement, mis au point par le Dr Rio, hématologue, qui permet la poursuite de sa grossesse, puis un nouveau protocole plus puissant et plus efficace dès qu’elle est enceinte de trois mois. Son fils Hereora est né par césarienne en août 2012. 

Béatrice Mou Sang Teinauri revient à Tahiti et reprend le cours de sa vie, tout en suivant un traitement médicamenteux quotidien.

17 février 2022

En 2016, “le combat d’Yves Conroy m’a ouvert les yeux.” Il réussit à ce que le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) reconnaisse à sa femme, “atteinte d’un cancer du sein en 1994 et d’un cancer du sang en 2004, en ayant uniquement vécu entre Raiatea et Tahiti”, le statut de victime des essais nucléaires.

Commence alors un nouveau combat pour l’autrice, à partir de 2017. Rina, décédée en 2014, à 55 ans, sera facilement reconnue victime des essais nucléaires. Elle, née en 1977, alors que les essais aériens sont terminés, se voit refuser ce statut. Mais elle est persuadée que le mal dont elle souffre est une transmission des irradiations subies par Rina. Déterminée, Béatrice Mou Sang Teinauri ira jusque devant le Conseil d’État pour défendre sa position. Elle a eu raison, parce que le 17 février 2022, “après une série d’échecs devant les juridictions administratives, au moment où je n’avais plus aucun espoir”, son statut de victime des essais nucléaires lui est accordé.

Le livre se termine sur l’avenir envisagé par l’autrice, “retourner sur les terres de mes ancêtres et cultiver la terre, comme eux”. En attendant de réaliser ce projet, elle sera en dédicace à l’espace culturel Odyssey, samedi 4 mars, de 9 à 12 heures.

T.I.

Pratique

Je m’appelle Airuarii de Béatrice Mou Sang Teinauri, 102 p. 

Propos recueillis par Zyla Tahi. À compte d’auteur. Prix public : 2 150 F.

Dédicaces, samedi 4 mars, à l’espace culturel Odyssey, de 9 à 12 heures.

Son premier traitement, mis au point par le Dr Rio, hématologue, permet la poursuite de sa grossesse, puis un nouveau protocole plus puissant et plus efficace dès qu’elle est enceinte de trois mois. Son fils Hereora est né par césarienne en août 2012. 
(Photo : archives familiales)