Teahupo’o : la reconstruction de la passerelle du PK 0 entachée par la pollution de la rivière

Chantier passerelle PK0 Teahupo'o pollution
Cet après-midi, mercredi 26 avril 2023, des "fuites" étaient encore constatées dans la rivière Fau'oro, en marge du chantier (Photos : ACL/LDT).
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Huiles et hydrocarbures en surface

Impossible de passer à côté sans s’en rendre compte : une forte odeur d’hydrocarbures, des taches noires et des trainées arc-en-ciel à la surface de la rivière Fau’oro entourent le chantier de construction de la nouvelle passerelle piétonne du PK 0 de Teahupo’o. Ces travaux, nécessaires au vu de l’état de la structure actuelle, font partie des aménagements en cours à l’approche des épreuves de surf des Jeux Olympiques 2024 à Teahupo’o. Lancés il y a quelques semaines, il se heurtent déjà à des problématiques environnementales.

Des hydrocarbures s’échappent de l’écran anti-pollution, succession de boudins encerclant le chantier.

Plusieurs signalements de riverains

Dans une vidéo publiée en début de semaine sur les réseaux sociaux, Fleurette Orbeck a partagé son désarroi et sa colère à ce sujet. « Ça fait une semaine que ça dure. La première fois, je n’ai rien dit. C’est en allant me baigner à la mer avec ma fille que j’ai senti cette forte odeur et que j’ai vu une grande étendue d’huile à l’embouchure de la rivière. Ça m’a alertée, parce que c’est une pollution qui nous atteint directement. L’essence ou le gasoil, c’est toxique ! Et quand je vois les enfants qui continuent de surfer là, sans information, ni panneau… On demande simplement que le travail soit fait proprement et que des mesures soient prises pour éviter les fuites. On attend une réaction rapide de l’entreprise », nous a-t-elle confié ce mercredi 26 avril 2023.

Vers une interdiction de la baignade

La jeune femme n’est pas la seule à dresser ce constat, partagé par de nombreux riverains croisés cet après-midi aux abords du chantier. « C’est un danger pour nos enfants et ça m’inquiète. L’entreprise doit prendre des initiatives pour résoudre ce problème. Reconstruire la passerelle, c’est important, mais il faut prendre des précautions vis-à-vis de l’environnement », estime Alexis Taupua, résidant de l’autre côté de la rivière. Une administrée a également adressé un courrier à plusieurs services du Pays et de la commune. La municipalité de Taiarapu-Ouest devrait publier un arrêté temporaire d’interdiction de la baignade dans la zone.

Tetuanui Hamblin, maire de Taiarapu-Ouest :

« Si ça continue, je ferais stopper les travaux »

« Effectivement, il y a des taches en surface de la rivière et il y a une fuite au niveau des boudins de protection. J’ai demandé au responsable du chantier de trouver un moyen pour ne pas polluer la rivière et la mer. D’après lui, ça vient de la fumée qui s’échappe des engins. J’avais déjà prévenu avant le démarrage des travaux de faire attention aux fuites d’huile et de gasoil. Ils m’ont dit que le nécessaire serait fait demain. Je leur ai répondu que si ça continue ou que ça s’aggrave, je ferais stopper les travaux le temps qu’ils trouvent une solution ».

L’entreprise Boyer promet de nouvelles mesures préventives

Sollicités à plusieurs reprises pour une interview, le ministère des grands travaux et la direction de l’équipement n’ont pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat. L’entreprise Boyer, en charge des travaux pour le compte du Pays, a accepté de répondre à nos questions, nous indiquant en premier lieu qu’un des outils principaux avait été récemment remplacé par une nouvelle machine, suite à une défaillance. « D’ici demain, nous allons remblayer l’enceinte du chantier pour ne plus être en contact avec la rivière. Nous allons aussi doubler l’écran anti-pollution, dont le rôle est de maintenir la pollution dans l’enceinte du chantier. Nous disposons de papiers buvards qui se posent sur l’eau pour absorber les hydrocarbures », nous a indiqué un conducteur de chantier.