Daniel Gicquiau, 24 ans, rêve en couleurs pour composer ses patchworks

Il y a huit mois, Daniel s’est mis à la couture et depuis six mois, sous sa marque Tevao (son prénom marquisien), il se consacre exclusivement au patchwork. Il expose au salon du tifaifai jusqu’au samedi 29 avril, au Hilton Hotel Tahiti, à Faa’a.
Il y a huit mois, Daniel s’est mis à la couture et depuis six mois, sous sa marque Tevao (son prénom marquisien), il se consacre exclusivement au patchwork. Il expose au salon du tifaifai jusqu’au samedi 29 avril, au Hilton Hotel Tahiti, à Faa’a. (Photo : T.I.)
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Comme des points de bâti sur l’ourlet d’un vêtement en cours de réalisation, on ne voit que lui au milieu des nombreuses artisanes et de leurs tifaifai qui se déploient sur leurs stands. Daniel Gicquiau expose, pour la première fois, ses créations dans un salon artisanal, celui consacré au tifaifai, qui se tient depuis mercredi 26 avril 2023, au Hilton Hotel Tahiti, à Faa’a.

Le jeune homme de 24 ans est le seul représentant de la gent masculine. “Cette différence est à mon avantage. Les visiteurs sont intrigués par mon profil, donc c’est tout bénéfique“, explique celui dont la maman est originaire de Ua Pou, aux Marquises.

Le modèle de patchwork Horizon comporte des grands morceaux de tissus donc prend moins de temps à réaliser à Daniel Gicquiau. Photo : Tevao

L’avenir professionnel de Daniel n’était pas cousu de fil blanc. “Je voulais faire un métier manuel et j’hésitais entre la couture et la cuisine.” Finalement, ce ne sont pas les casseroles que l’artisan manie, mais les épingles. “Je suis tombé dans la couture par hasard. Je me suis lancé et ça m’a plu.

De fil en aiguille, il y a donc huit mois, Daniel s’est mis à la couture et depuis six mois, sous sa marque Tevao (son prénom marquisien), il se consacre exclusivement au patchwork. Proche du tifaifai, leurs techniques sont différentes. Si le tifaifai est un aplat de tissu représentant un motif, le patchwork est un assemblage de tissus créant un design.

“Ce qui me plaît, ce sont les associations de couleurs. C’est pour ça que je réalise des patchworks plutôt que des tifaifai qui sont habituellement bicolores. Dans le patchwork, il y a moins de limites au niveau de ces associations de couleurs”, qui mêlent tissus locaux colorés avec de l’uni “pour que le rendu soit harmonieux au niveau des couleurs, chic et plaisant à regarder”.

“Inspiration plurielle”

L’artisan confectionne uniquement des parures de lit (un dessus de lit doublé et deux taies d’oreiller), selon deux modèles, Horizon et Vibration, déclinés en plusieurs couleurs. Il lui faut entre une et trois journées pour découper ses tissus – préalablement lavés, ce qui est important pour que le travail fini ne rétrécisse pas et que les couleurs ne dégorgent pas –, assembler et coudre à la machine un patchwork.

Sans vraiment une tradition familiale de couture, Daniel Gicquiau a tout appris en autodidacte.

Le modèle Vibration est un assemblage de petits carrés cousus les uns aux autres. L’artisan trouve son inspiration dans les harmonies de couleurs qu’il repère autour de lui. Photo : Tevao

“Le temps passé sur le patchwork dépend de la complexité de son design. Le modèle Horizon comporte de plus grands morceaux de tissus donc prend moins de temps que le modèle Vibration, qui est un assemblage de petits carrés cousus les uns aux autres”, détaille le couturier.

“Mon inspiration est plurielle. Elle peut venir d’un vêtement, d’une décoration dans une maison, de couleurs que je peux voir dans la nature. Quand je vois une harmonie, je vais vouloir la recréer dans mes patchworks, peu importe d’où elle me vient.” Ainsi Daniel Gicquiau se rend dans les magasins de tissus avec une idée précise des couleurs qu’il veut assembler. Mais parfois, ce sont les camaïeux des rouleaux d’étoffe qui vont diriger son choix.

“Ce premier salon se passe bien. Je me fais connaître. J’ai eu des commandes et des réservations”, reconnaît l’artisan. Vous pouvez donc lui rendre visite jusqu’au samedi 29 avril, à 17 heures. Après, il faudra attendre la salon des Marquises à Mama’o, début juin, pour découvrir le travail de l’artisan qui se fondra beaucoup plus dans la virilité des sculpteurs et des danseurs de la Terre des hommes.

T.I.