Assemblée – Moetai Brotherson confirme la suppression prochaine de la TVA sociale

Le président Moetai Brotherson a invité sa majorité à ne pas laisser la seule opposition lui poser des questions. (photo : archives LDT Wendy Cowan)
Moetai Brotherson s'est livré jeudi soir à la deuxième partie de son exercice médiatique : répondre aux questions de 80 Polynésiens.
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Les représentants de l’assemblée de la Polynésie française se sont réunis, ce jeudi 22 juin à Tarahoi, à l’occasion de la deuxième séance plénière de la session administrative. A l’ordre du jour, une douzaine de projets de délibération relatifs à des modification du budget général 2023 de la Polynésie française : reprises et affectations de résultats, reports de crédits de paiement, modifications de comptes d’affectation spéciale mais aussi rapport d’observations définitives de la Chambre territoriale des comptes sur le contrôle des comptes et de la gestion de la collectivité de la Polynésie française au titre de la lutte courte les violences faites aux femmes pour les exercices 2017 et suivants.

La séance de questions orales a donné lieu à quelques échanges plus moins vifs entre la nouvelle majorité Tavini et les représentant de la “minorité”, puisque le terme est souvent préféré à celui “d’opposition”. Teura Iriti, ancienne élue Tahoera’a passée au Tapura dans des circonstances inédites, a ouvert le bal avec une première question sur la suppression, promise par le Tavini, de la Contribution pour la solidarité (CPS), plus connue sous le nom de “TVA sociale”.

Le président du Pays, Moetai Brotherson, a invité l’hémicycle à ne pas confondre vitesse et précipitation concernant les premières décisions du nouvel exécutif. “La population a attendu le changement pendant 10 ans, elle peut encore attendre quelques semaines” a-t-il déclaré. Avant de confirmer sa promesse de supprimer la TVA sociale : “Nous n’avons jamais promis que la suppression interviendrait dès le premier conseil des ministres. (…) Cette taxe sera supprimée selon un calendrier qui sera présenté prochainement, ainsi que les mécanismes compensatoires. (…) Cette taxe a surenchéri l’inflation, même le groupe Wane l’a reconnu devant la commission d’enquête de l’assemblée nationale en estimant la hausse à au moins 2%.”

A l’adresse du Tapura, le chef de l’exécutif a reproché de n’avoir “jamais agi en faveur du pouvoir d’achat des Polynésiens”, alors que l’ancien gouvernement disposait d’une cagnotte “très confortable” de 21 milliards de francs. Il a qualifié la démarche de l’ancien parti majoritaire “d’erreur d’appréciation totalement injustifiée” et dénoncé l’absence totale de “mécanique corrective”.

Ambiance sereine malgré quelques “piques”

La sénatrice Tapura Lana Tetuanui, qui a émis le vœu que les premiers textes présentés par la nouvelle majorité Tavini soient adoptés à l’unanimité “pour montrer au nuna’a que l’on peut travailler ensemble”, s’est interrogée sur les promesses de campagne du Tavini huiraatira, et notamment sa volonté répétée de demander un audit des comptes du Pays.

Le président Brotherson lui a confirmé son intention de commander cet audit, non pas tant pour “chercher la petite bête” dans la gestion Tapura que pour être surtout en mesure de “prendre les bonnes décisions demain”.

Le président du groupe Tavini, Oscar Temaru, a brièvement pris la parole pour s’adresse aux élus de l’ancienne majorité : “il faut apprendre à perdre !”

Lana Tetuanui a tenté de le convaincre que les élus du Tapura acceptent le verdict des urnes et sont “bons joueurs”. Le représentant Tapura des Australes Frédéric Riveta a évoqué l’achat, au fond de la vallée de Tipaerui à Papeete, d’un terrain pour un montant inédit de plus d’un milliard de francs.

Il s’est inquiété de la politique d’achats du nouveau gouvernement. “Nous allons exercer ce droit de préemption si derrière il y a un projet” lui a répondu le président du Pays. “Quand c’est opportun, pourquoi pas ?” a justifié Moetai Brotherson, qui a évoqué la vente par Quito Braun-Ortega d’une vallée entière à Tautira. “Quel projet pourrait-on y mener ?”.

Le nouveau président en a profité pour confronter ses opposants à certains des messages qu’ils ont diffusé pour lui nuire : “Au fait, j’attends toujours l’adresse et les clés du manoir sur le Faubourg St Honoré que je suis sensé avoir acheté à Paris ! En vérité je suis un président SDF…”

Enfin, Moetai Brotherson a volé au secours de sa ministre des Sports, Nahema Temarii, prise à parti par la sénatrice Lana Tetuanui qui considère que la jeune membre du gouvernement a “dit des bêtises” dans ses interventions médiatiques, en laissant entendre que les épreuves de surf des Jeux olympiques 2024 “pourraient” ne plus être organisée à Teahupoo. “A chaque rencontre, j’ai réaffirmé les mêmes choses, la compétition se tiendra bien à Teahupoo, vous avez du mal m’écouter…” lui a répondu Moetai Brotherson, en renvoyant la balle dans le camp rouge : “Du côté du Pays, les choses n’avaient pas avancé, les sommes pas budgétées. Nous sommes passés à l’action…”

D.G.