Rencontre – Gilbert Martin, le pianiste du Kikiriri à la voix de crooner

Gilbert a appris à jouer du piano depuis l'âge de 15 ans chez Axel Chang. (Photo : Janice Chan)
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C’est un artiste local bien de chez nous avec un style jazzy blues. Il est réputé pour sa voix de crooner. Quand on parle de lui, on pense automatiquement piano. Et il faisait partie du Royal Kikiriri. De qui s’agit-il ?

Il s’agit de Gilbert Martin bien sûr, 48 ans, des doigts magiques… Un chanteur hors pair du Fenua qui a fait danser les bringueurs et bringueuses sur les scènes du Royal Kikiriri ou au restaurant Le Mandarin. 

La Dépêche est partie rencontrer Gilbert directement chez lui. Un studio en toute simplicité qui accueille aujourd’hui des élèves de tout âge pour apprendre à jouer du piano. 

Gilbert explique qu’il a toujours été entouré de musiciens, à l’exemple de son père violoniste. Il a touché à plusieurs instruments comme la guitare. “Mais la sonorité du clavier est particulière et c’est ce qui a touché mon cœur” confie-t-il.   

Gilbert a appris à jouer du piano depuis l’âge de 15 ans chez Axel Chang. “Il m’a appris à lire les partitions ou encore les gammes. J’étais son meilleur élève de l’époque. Mais tout de suite, j’ai été connecté à un orchestre : Le Matavai en tant que musicien d’orchestre. J’avais 17 ans seulement (…)”

Il se lance alors dans l’aventure avec Jean-Claude Ratinassany (chef d’orchestre), Jin (bassiste), Rona (la sœur de Coco), Kone (chanteur), Asoy dit Tsing Tsing et Arthur Nouveau.

Des rencontres enrichissantes

“A cette époque, j’étais le plus jeune et je trouvais que c’était un peu limite pour commencer à bosser, musicalement parlant” se souvient Gilbert Martin. “Lorsque tu joues la chanson en cours et lorsque tu la joues en groupe, ce n’est pas du tout pareil,  surtout lorsqu’on te demande de passer d’un do dièse a un mi bémol ou encore de monter d’un demi-temps.”

Gilbert assure qu’il était bien entouré, notamment avec Arthur Nouveau. “Il était presque tous les jours à la maison pour m’apprendre à jouer les bonnes tonalités. C’est vrai qu’aujourd’hui, il existe l’option transposer sur nos claviers mais je ne suis pas fan du principe. Et la musique est tellement vaste qu’on en apprend tous les jours. Personnellement, j’ai rencontré de nombreux compositeurs, chanteurs et musiciens dans ma vie d’artiste. Et ce sont justement ces échanges qui m’ont permis de façonner mon style à moi.”

Un style de chant au ton chaleureux et émotionnel, élégant et séduisant qu’il communique avec son timbre de voix. La définition même d’un crooner, celle de Gilbert Martin. 

Et pour cela , il s’inspire de différents artistes, “des mecs à voix“, comme il le dit si bien. Il y a des chanteurs locaux comme le célèbre John Gabilou. “Ça me fait penser aux disques comme ‘C’est ma vie’, ‘Arrive aujourd’hui’, ‘J’étais un fou’ ou encore  ‘Humanahum’…”

Mais ses grands chanteurs favoris restent Elton John, Engelbert ou encore Tom Jones. Un style auquel il est resté très attaché et qui finalement lui permet de se démarquer des autres chanteurs.

Vidéo : Janice Chan.

Gilbert Martin commence sa carrière en 1975. Il n’avait que 17 ans. “J’ai fait 5-6 ans au Matavai. Je travaillais en semaine. Et le weekend, c’était de la musique. A l’époque, c’était 800 francs l’heure le vendredi, et 1000 francs le samedi au Matavai.”

Dans les années 1986 ou 1987, il passe par l’hôtel Tahiti à Faa’a. Et jusqu’en janvier 94, quand Kalou revient de France, les deux musiciens commencent à travailler ensemble au Kikiriri.

“Et c’est là qu’est né le premier trio Kikiriri (Albums Roonui live) avec moi, Kalou et Daniel Tamata. On a fait 5 ans au Royal Kikiriri”.(…) ” détaille Gilbert. “Mais il fallait tenir le rythme. C’était toute les semaines, du mercredi au vendredi, 21h-3h du matin… !”

Gilbert prend alors la décision d’arrêter les animations et en parle avec Marie, la gérante du Restaurant Kikiriri, qui finalement ne veut pas en rester là. Elle décide alors d’ouvrir le restaurant du haut. “On commence à faire du 12h-14h, puis 12h-15h… jusqu’à faire de 12h-18h avec Kalou. Le temps d’une pause que l’on enchaîne à 19h :  avec Kalou au restaurant du bas. Puis, moi en haut jusqu’à 23h avec son frère Carlos . En plus de ça, on avait d’autres animations à l’extérieur, des mariages par ci par là.”

Mais Gilbert favorise les animations au restaurant, notamment avec celui du Mandarin. “J’ai animé presque 9 ans au Mandarin où j’ai rencontré aussi plein d’artistes comme Pascal ou encore Maruia (…)  avec en même temps d’autres animations à côté mais c’était plus cool, ouf ! Puis, les cours de piano se sont enchaînés petit à petit jusqu’à aujourd’hui.”

Gilbert a toujours donné des cours de piano. “Presque 30 ans” nous dit-il. Il n’a pas la prétention d’être le meilleur professeur car pour lui “l’enseignement absolu n’existe pas” (…) “Mais faire profiter aux élèves de ce que je sais, voilà la finalité. Et surtout enseigner plusieurs générations, voilà la beauté de l’enseignement ! Il faut être pédagogue mais il faut surtout être passionné.”

Reportage : Janice Chan.