Nouvelle-Calédonie: les finances publiques dans un état critique

Le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie Louis Mapou (Photo : Theo Rouby / AFP)
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L’archipel français de Nouvelle-Calédonie est de nouveau en voie de cessation de paiement, faute de trésorerie, une situation préoccupante pour cette collectivité territoriale qui négocie actuellement son avenir institutionnel.

La Nouvelle-Calédonie est “sur la voie d’une cessation de paiements”, a indiqué lundi à l’AFP Yannick Slamet, membre du gouvernement local en charge des secteurs du budget, des finances et de la santé, confirmant ses propos tenus la semaine dernière au Congrès.

Le doyen du 17e gouvernement calédonien a appelé à poursuivre le plan de réformes qui apporterait “de l’oxygène” et à engager rapidement une concertation entre élus de tous bords afin de “trouver les solutions”. “Les budgets sont bien gérés, il s’agit en fait d’un problème de trésorerie”, assure-t-il.

Les fonctionnaires territoriaux, qui demandent une revalorisation du point d’indice, ont engagé une grève illimitée depuis lundi et les retraités de la fonction publique calédonienne sont inquiets quant au versement de leur pension de juillet.

Les principaux indicateurs financiers du budget propre à la Nouvelle-Calédonie sont fortement dégradés depuis quatre à cinq ans et sont dans le rouge. Le fonds de roulement est équivalent actuellement à six jours de dépenses de fonctionnement et d’investissements, alors que le seuil recommandé est d’au moins trente jours, selon les données du gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

La mobilisation de deux prêts massifs garantis par l’État et mis en oeuvre par l’Agence française de développement (AFD), pour financer la crise sanitaire et soutenir les comptes sociaux, en 2020 puis en 2022, a fait progresser le taux d’endettement propre à 201%, bien au-dessus des 90% admis.

Les déficits se creusent

La ligne de trésorerie n’est plus à la hauteur des années précédentes, selon la même source, ce qui handicapera les versements réguliers aux collectivités et autres établissements publics.

“Une commission spéciale du Congrès travaille, mais pendant ce temps-là, les déficits se creusent. Il faut une sortie rapide du problème”, a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Kabar, président de la CAFAT, la caisse sociale de Nouvelle-Calédonie rappelant le déficit structurel du Régime unifié d’assurance maladie et maternité (Ruamm) qui est de l’ordre de 13 milliards de francs Pacifique par an (108,6 millions d’euros).

Beaucoup d’élus redoutent un effet en cascade sur l’économie locale.

“La Nouvelle-Calédonie recueille 100% des recettes fiscales, mais elle n’en perçoit in fine que 17%”, le reste allant aux provinces, communes et autres établissements publics”, constate le député Renaissance Philippe Dunoyer, aussi élu Calédonie ensemble (Loyaliste) au Congrès du territoire.

“Il est nécessaire de revoir l’architecture des ventilations des recettes fiscales entre les collectivités”, et ce, à l’heure de discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

En mai, le président du gouvernement calédonien, Louis Mapou, a sollicité un soutien financier de l’État d’environ 13 milliards de francs Pacifique (108,6 millions d’euros).

Plusieurs sources ont indiqué que le Président Emmanuel Macron se rendrait en Nouvelle-Calédonie fin juin, ce que l’Elysée n’a pas confirmé.

AFP