“J’apprends à nager” : une semaine pour gagner en aisance dans l’eau

Cette semaine, treize enfants de la Presqu’île bénéficient du dispositif dans le lagon du motu Ovini, à Papeari (Photos : ACL/LDT).
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Des cris de joie et des éclaboussures à tout-va. Malgré le temps maussade, l’ambiance était au beau fixe au motu Ovini de Papeari, mercredi 19 juillet 2023, pour les treize enfants de 6 à 12 ans bénéficiaires du stage “J’apprends à nager”, dispensé gratuitement par le Cercle des nageurs-sauveteurs (CNS) de Teva.

“Tous les ans, on reçoit des crédits de la Fédération Tahitienne de Natation pour organiser des sessions JAN à Papara et à Papeari, comme d’autres clubs à Tahiti et dans les îles. À l’origine, c’est un plan national, qui vise à lutter contre les noyades. C’est décliné ici avec le haut-commissariat, les services Jeunesse et Sports du Pays, la FTN, les clubs et les communes. Notre but à nous, c’est de l’étendre à des populations éloignées des piscines, en zone rurale, où on travaille en milieu naturel”, explique Tere Maire, président du club, qui a dispensé une vingtaine de sessions similaires par le passé, dont six en 2022.

Un site idéal pour débuter

De gauche à droite : Sylvain, Vaihere et Tere.

Également plébiscité par les scolaires, le site est idéal pour débuter avec une baie protégée et des profondeurs variables, permettant aux plus jeunes d’avoir pied pour se rassurer. Trois lignes d’eau d’une longueur de 25 mètres sont tirées chaque matin pour matérialiser deux couloirs d’entraînement, sous la supervision de Sylvain Bontemps, maître-nageur sauveteur diplômé d’État, et de Vaihere Pihaatae-Ahutoru, animatrice.

Pas de lunettes, ni de bouées en vue pour inciter les enfants à exploiter leurs propres ressources. “On s’aperçoit que les enfants sont de moins en moins à l’aise dans l’eau. À cause des écrans, ils passent moins de temps à l’extérieur. Il y a des noyades chaque année en piscine, dans la mer ou en rivière, et ça reste un problème”, analyse Tere Maire.

“Assurer leur propre sécurité à l’eau”

Les enfants sont initiés dans le lagon.

En début de stage, les acquis de chaque enfant sont évalués, de même qu’au terme des cinq jours d’apprentissage, à travers un parcours comportant 8 épreuves. “À la fin du stage, ils doivent savoir assurer leur propre sécurité à l’eau. Il y a plusieurs compétences à acquérir : sauter dans l’eau et se laisser remonter passivement, sans paniquer, savoir flotter sur le ventre et sur le dos, s’immerger, nager sur place et effectuer des courtes distances de 15 ou 20 mètres avec des obstacles, et aussi aller explorer les profondeurs jusqu’à 1,50 à 2 mètres”, détaille le président du club, ravi de voir que les jeunes stagiaires se prennent au jeu.

“On veut que les enfants des quartiers du sud de Tahiti bénéficient aussi de ce dispositif. Il y a la sécurité, mais aussi le fait de prendre du plaisir dans l’eau. L’ambiance est bienveillante et les enfants s’amusent : ils reviennent tous, tous les jours !”, poursuit-il.

Un goûter fruité concocté par des parents bénévoles.

À l’issue du stage, le diplôme Sauv’Nage de la Fédération Française de Natation est décerné aux jeunes stagiaires, avec un taux de réussite oscillant entre 50 et 100 % selon les sessions, l’âge et l’aisance initiale des participants. Une attestation de stage est également remise à tous.

Les parents disponibles assurent bénévolement la préparation du goûter à partir de fruits frais, pour inculquer de bonnes bases jusqu’en matière d’alimentation. La matinée s’achève généralement par une série de plongeons depuis le ponton du site, l’occasion de mettre en pratique les apprentissages.

Pratique

Une seconde session gratuite est prévue la semaine prochaine, du lundi 24 au vendredi 28 juillet 2023, de 8h30 à 11h30, au motu Ovini de Papeari. Les inscriptions sont en cours. Plus d’infos sur la page Facebook du CNS Teva ou de la Fédération Tahitienne de Natation.

Sylvain Bontemps, maître-nageur sauveteur du CNS Teva :

“On procède beaucoup sous forme de jeux”

“J’anime le stage “J’apprends à nager”. Il y a un groupe assez homogène, avec une bonne base. Ce que j’essaie de leur apprendre, c’est de pouvoir faire face aux dangers dans l’eau : savoir attendre sans paniquer et se déplacer dans ou sous l’eau, qui sont vraiment les bases de la natation. On travaille l’équilibre, les battements des pieds, puis des bras. On procède beaucoup sous forme de jeux, en utilisant au minimum les objets flottants pour que les enfants puissent flotter par leurs propres moyens. Parmi les plus jeunes, en deux ou trois jours, on voit qu’elles sont beaucoup plus à l’aise, alors qu’au départ, elles ne flottaient pas toutes seules”.

William, père de Hanatea, 7 ans, stagiaire :

“C’est un plus pour sa sécurité”

“C’est la première fois que ma fille prend des cours de natation. On est en Polynésie française, où nous sommes entourés d’eau, donc c’est normal qu’elle puisse avoir de bonnes bases. Dernièrement, à Paea, une petite fille s’est noyée… En tant que parent, on se dit que c’est un plus pour sa sécurité. Avec les nouvelles technologies, ma fille n’aime pas trop aller à la mer, en sachant qu’on habite côté montagne et que chez nous, à Taravao, il n’y a pas vraiment d’accès à la mer. Ce stage avec d’autres enfants, ça lui a donné goût aux activités nautiques. Dès le deuxième jour, elle n’avait plus peur. Elle commence à être à l’aise dans l’eau et elle a hâte de revenir tous les matins”.