Taravao : un défaut d’éclairage qui pénalise les associations sportives

Au-delà de la sécurité et du ras-le-bol, les référents associatifs peinent à mobiliser les jeunes dans ces conditions d'entrainement (Photos : ACL/LDT).
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Depuis plus d’un an et demi, c’est l’incompréhension pour les clubs qui s’entrainent sur le stade du collège de Taravao, géré par l’Institut de la Jeunesse et des Sports de la Polynésie française (IJSPF). Les poteaux qui servaient de support au système d’éclairage ont été démontés pour cause de vétusté, en sachant que les associations se contentaient auparavant d’un dernier point lumineux en état de fonctionnement.

Les conditions d’entrainement nocturne (Photo : ADAT).

Foot à la frontale, athlétisme sous les phares

Sans aucune lumière sur le stade, la situation s’avère compliquée. “À 17h30, il commence à faire nuit. On s’entraine dans le noir et c’est dangereux. On finit les entrainements aux phares des voitures et les joueurs de foot prennent des frontales. On nous dit d’aller sur les stades des autres communes, mais ce n’est pas possible. On n’est plus dans le sport de proximité !”, regrette Janick Aubineau, présidente de l’Association pour le développement de l’athlétisme à Taiarapu (ADAT), qui a également sollicité des travaux pour exhumer le rebord intérieur du stade, par sécurité. “Il y a du potentiel chez nos jeunes. C’est quand même dommage de ne pas pouvoir les entrainer correctement. Pour faire du saut en longueur ou en hauteur, on va devoir aller au stade de Punaruu, en s’organisant comme on peut avec les parents”, confie-t-elle, faute d’équipement en faveur de l’athlétisme à la Presqu’île.

Le club de rugby en sommeil

Du côté des camarades du rugby, l’ambiance est aussi morose. “On est quand même une commune d’importance, sans stade éclairé !”, s’étonne Frédéric Bourgoin, président du club de rugby de Taravao. “Le stade du lycée, on ne peut plus y aller non plus, faute de lumière. D’autres associations continuent de s’y entrainer en installant leur propre éclairage de chantier. Ça fait un an que le club de rugby est en sommeil : aucun joueur n’est disponible avant 17h30, car tout le monde travaille. Ça démotive même les jeunes. On a perdu des joueurs qui sont partis dans d’autres clubs sur la ville”, déplore le référent à un mois de la Coupe du monde de rugby et à un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, alors que la pratique du sport est toujours plus mise en avant.

“On s’investit bénévolement, et on n’a pas de structure correcte”

À l’absence d’équipements élémentaires s’ajoute l’abandon de plus ou moins longue date de vieux matériels (tapis de saut, poteaux). “Tout ça met en danger les clubs. À un moment donné, il faut savoir ce qu’on veut. À Taravao, pour les enfants, il n’y a rien : pas d’aire de jeux, pas de skate-park, pas de piscine, pas de stade approprié. Les jeunes, ils ont l’ennui, la bagarre, la drogue et l’alcool ! On s’investit énormément en tant que bénévoles, après notre travail, et on n’arrive pas à faire évoluer nos jeunes et à les garder parce qu’on n’a pas de structure correcte”, s’inquiète Thierry Guillaume, entraineur des séniors du club de rugby de Taravao.

Si quatre poteaux d’éclairage seraient un idéal, les trois représentants associatifs espèrent au moins retrouver deux points lumineux pour remotiver les troupes.

Le stade du collège de Taravao.

La réponse du directeur de l’IJSPF, Ariitea Bernadino :

“J’ai bien entendu leur demande”

Contacté par téléphone, le directeur de l’IJSPF est revenu sur le démontage de ces fameux poteaux en bois usés par le temps, sur lesquels étaient positionnés les projecteurs. “Ces poteaux menaçaient de tomber sur les usagers, raison pour laquelle nous les avons démontés. Pour la sécurité des personnes, on a préféré protéger le public plutôt que d’avoir un accident sur le terrain”, précise Ariitea Bernadino.

Retour de l’éclairage début 2024 ?

À la question de la réimplantation de nouveaux mâts d’éclairage, la réponse est oui. “J’ai bien entendu leur demande. C’est dans les tuyaux pour leur permettre de pouvoir s’entrainer après les heures de travail”. Reste à savoir quand. Le délai avancé pour la réalisation de cette opération serait le “début du premier trimestre 2024”. Car au-delà des financements (plusieurs dizaines millions de francs pour le matériel, les massifs de fondation et les études de sol), l’IJSPF est aussi dépendant des délais d’approvisionnement et des stocks des fournisseurs. La récupération des anciens mâts (en aluminium ou acier galvanisé) de Hitia’a serait une autre possibilité.

Précisions quant aux délais de réalisation

Pour les associations sportives qui encadrent des jeunes au quotidien, les mois et les années semblent bien longues quand les équipements les plus élémentaires font défaut. Comment justifier de tels délais ? “Nous gérons 37 complexes sportifs. La plupart des installations sont vétustes et nous les rénovons progressivement. Nous menons plusieurs opérations en même temps, et le plan de charges est très lourd depuis deux ou trois ans avec l’organisation des Jeux Olympiques et des Jeux du Pacifique, avec des délais de livraison à assurer. On fait en fonction des ressources humaines et financières que nous avons. Je sais qu’il y a des besoins et on fait le maximum pour satisfaire les demandes des associations. On ne les a pas oubliées, car nous avons cinq opérations en cours en ce moment, dont deux à la Presqu’île : la réhabilitation du plateau sportif de Afaahiti après 20 ans d’attente pour 160 millions de francs, et pareil à Pueu, où la salle avait été démolie en 2013, pour un montant de 300 millions”, indique Ariitea Bernadino.