Le marché de l’hydroponie en pleine croissance au Fenua 

Hinehau Lehartel vient de se lancer dans l'hydroponie à Papara, séduite par le côté pratique et moderne de ce mode de culture hors-sol (Photos : ACL/LDT).
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Si l’hydroponie est connue des professionnels, elle séduit de plus en plus de familles au Fenua. Cette technique de culture hors-sol horizontale ou verticale se caractérise par un circuit fermé où les plantes sont alimentées par une solution nutritive, principalement à base d’eau et d’engrais. Le groupe Facebook Les Hydroponistes en Polynésie compte aujourd’hui plus de 12.000 membres, qui échangent photos et astuces.

“Ça pousse vite et il n’y a pas beaucoup d’entretien”

Dans le quartier Tiamao, à Papara, Hinehau Lehartel et son conjoint, Manarii Chenne, font partie de cette nouvelle communauté. Ils se sont récemment laissés tenter par le côté moderne et pratique de ce mode de culture, qui s’est parfaitement intégré dans leur jardin.

“On s’est lancé il y a un mois. On a voulu tester parce que ça pousse vite et qu’il n’y a pas beaucoup d’entretien. On a opté pour un kit de 100 trous pour planter des salades et des potas. On a déjà fait une première récolte. On consomme tout ce dont on a besoin, et les produits sont vraiment excellents ! Le surplus, on le vend”, confie la jeune femme. 

Le couple envisage de continuer sur sa lancée, sans manquer d’inspirer quelques proches. “On pense acheter de nouveaux kits pour produire d’autres légumes et rentabiliser cet investissement. Dans la famille, plusieurs personnes sont venues voir à quoi ça ressemblait. Ils ont tous eu envie de se lancer aussi !”

Des atouts plébiscités jusque dans les îles 

Convaincus des atouts de l’hydroponie, Lorenza et Tehuiarii Tegaripa se sont lancés en juillet 2021 dans la commercialisation de kits et d’accessoires, assortis de précieux conseils. “Nos clients sont surtout des particuliers, à 80% des débutants, mais on a aussi de plus en plus d’agriculteurs. Certains sont mêmes passés d’un usage personnel à un usage professionnel. Ça va de quelques mètres carrés à 500 m2, comme on va aller installer à Nuku Hiva dans les prochaines semaines”, expliquent les gérants de Tahiti Hydroponic, enseigne spécialisée située à Papara. 

Pour 30.000 à 50.000 francs, les novices peuvent se lancer, avec de nombreux avantages. “C’est économique en eau et en électricité, avec de petites pompes. Ça prend peu de place. La culture est mieux maîtrisée avec moins d’efforts, et les rendements sont meilleurs”, détaille Lorenza Tegaripa. Comme pour tout ce qui touche au vivant, il y a aussi des inconvénients dont il faut avoir connaissance. “Il faut contrôler régulièrement l’eau, au moins une fois par jour. En cas d’absence, c’est préférable de ne pas lancer un cycle de production. Il y aura moins d’insectes et de maladies, mais ça ne les évite pas”

Du point de vue des îles et des archipels éloignés des circuits commerciaux, l’hydroponie offre la possibilité de produire directement sur place. “On a de plus en plus de demandes dans les îles, notamment aux Tuamotu, d’où est originaire mon mari, et aux Marquises, qui souffrent d’un manque d’eau ou de terres cultivables. Quand on voit le résultat avec de beaux produits, notre objectif est atteint !”. 

Manua Natua, résident de Rangiroa (Tuamotu) :

“C’est vraiment adapté aux atolls”

“J’ai découvert l’hydroponie avec un cousin à Tahiti. Ma tante s’est lancée à Rangiroa et ça fonctionne super bien, donc ça m’a donné envie de me lancer aussi. Ce qui m’a décidé, c’est que voulais avoir le matériel, l’installation et la formation pour bien démarrer. J’ai hâte de pouvoir commencer à produire chez moi pour manger des produits frais : c’est plus facile comme ça et plus intéressant financièrement. L’autre avantage de l’hydroponie chez nous aux Tuamotu, c’est qu’on gaspille moins d’eau. C’est vraiment adapté aux atolls. J’ai un collègue de Tiputa qui va se lancer aussi”. 

Annick et Arutuanui Mai, résidents de Arutua (Tuamotu) :

“Grâce à cette technique, on a des légumes en continu” 

“Avec mon mari, on a commencé il y a un an et demi. On en a un peu partout ! Au départ, c’était pour notre consommation personnelle, parce que les légumes sont très chers ici et quand ils arrivent par bateau, ils ne sont plus très frais.

Au fur et à mesure, on s’est agrandi parce que nos amis et voisins étaient intéressés par ces produits. On a pas mal de clients dans notre village : on récolte une à deux fois par semaine. Grâce à cette technique, on a des légumes en continu, et on est en train de tester les pastèques et les melons en hydroponie par capillarité”. 

Patrick Teikiteepupuni-Poevai, gérant d’une épicerie à Ua Huka (Marquises) :

“Au total, on a 1200 trous”

“Avant, je plantais des produits maraîchers en pleine terre, mais les légumes souffraient du manque d’eau en période de sécheresse. C’est pour ça qu’on a voulu changer pour l’hydroponie, qui nécessite moins d’eau. L’autre avantage, pour les salades par exemple, c’est qu’elles sont propres puisqu’il n’y a pas de terre, donc on économise aussi sur le lavage. Au total, on a 1200 trous. Il y a une partie qu’on consomme dans la famille et le reste est vendu au magasin, tel quel ou cuisiné. Et on n’arrive pas à fournir toute l’île ! On est les seuls sur place à faire de l’hydroponie”.