Covid-19 : une “nette augmentation” des tentatives de suicide en Polynésie

L’étude cosignée par le docteur Johan Sebti confirme l’impact de la pandémie sur la santé mentale, chiffres à l’appui (Photo : CHPF).
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Pour certaines personnes, la pandémie de Covid-19 est un mauvais, mais lointain souvenir. Pour d’autres, les conséquences sur la santé mentale ont été plus rudes et plus durables. C’est ce que révèle une étude menée entre avril 2020 et mars 2023 par le docteur Johan Sebti et trois confrères, publiée en début de semaine dans la prestigieuse revue médicale The Lancet Regional Health Western Pacific.

Cette publication intervient à quelques jours de la Journée mondiale de prévention du suicide, qui sera célébrée ce dimanche 10 septembre au Fenua, à travers plusieurs actions.

Une hausse “spectaculaire” de 54,9 % la troisième année

“Le suicide est une préoccupation importante en Polynésie française, avec un taux d’incidence annuel de 79,4 tentatives pour 100 000 habitants enregistré entre 2008 et 2010”, rappelle le Centre Hospitalier de la Polynésie française (CHPF) dans un communiqué dédié aux résultats de cette mission de recherche, qui conclut à une “nette augmentation” des tentatives de suicide sur cette période.

Comparé à 2010, les données soulignent “une augmentation globale de 34,4 % des tentatives de suicide”, avec “une hausse spectaculaire de 54,9 % au cours de la troisième année de la pandémie”. Comme dans d’autres pays, “la fin de la crise sanitaire marque un rebond notable des comportements suicidaires, avec une incidence passant de 94/100.000 en 2021 à 126/100.000 en 2022”, est-il souligné, pour un total de 895 tentatives de suicide enregistrées sur ces trois années d’étude, principalement à Tahiti.

Un taux d’incidence “alarmant” chez les jeunes femmes

Divers groupes démographiques ont été identifiés, révélant un risque supérieur pour les jeunes femmes. “Les populations vulnérables, en particulier les jeunes femmes, étaient exposées à un risque nettement accru, avec un taux d’incidence normalisé alarmant de 310,4 pour 100.000 habitants chez les femmes de moins de 20 ans”.

Autre indicateur important : “près de la moitié des personnes impliquées n’avaient pas de diagnostic psychiatrique préalable”.

Il est également précisé que les résultats de cette étude sont probablement sous-estimés, les tentatives de suicide survenant dans les îles étant plus difficilement déclarées, compliquant par conséquent leur prise en compte.

Poursuivre les efforts en matière de santé mentale

Pour le docteur Johan Sebti, “l’augmentation significative des tentatives de suicide est un rappel brutal que nous devons donner la priorité au soutien et aux ressources en santé mentale, et continuer à surveiller et à traiter le problème même au-delà de la pandémie”.

Composé de structures publiques et de plusieurs associations, dont SOS Suicide, le réseau de partenaires locaux organisera la deuxième édition des Semaines d’information sur la santé mentale (SISM), en octobre prochain.

Une formation des équipes de psychiatrie et de pédopsychiatrie du CHPF est dispensée cette semaine par deux expertes en santé mentale en provenance de Paris, la professeure Marie-Odile Krebs et la docteure Mylène Charre, afin d’enrichir les connaissance des professionnels locaux en matière d’identification et de traitement des troubles psychiques débutants.