Un broyeur pour donner une seconde vie aux pneus usagés

Opérationnel depuis cinq mois, ce nouvel outil constitue une solution de recyclage inédite en Polynésie pour la filière (Photos/vidéo : ACL/LDT).
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Crevés ou laminés, que deviennent nos pneus après leur sortie de route ? Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait pas de réelle filière de valorisation au Fenua. Certains pneus usagés sont transformés en pots de fleurs ou en jeux pour enfants dans les cours de récréation, quand d’autres gisent au fond du lagon ou servent de combustible. Au fil des années, un stock considérable s’est accumulé au centre d’enfouissement technique (CET) de Paihoro. Le site de Taravao réceptionne les déchets du bac gris, stockés dans des casiers étanches, mais aussi les déchets encombrants et inertes, dont les pneus, stockés à part en raison des risques de combustion.

1.700 tonnes de pneus broyées par an

Pour venir à bout de cette montagne de pneus grandissante, le syndicat Fenua Ma a lancé un appel d’offres, remporté par la société Enviropol, qui exploite sur site un broyeur à pneus. Ce nouvel outil de conception américaine a été mis en service il y a un an, mais il est réellement opérationnel depuis cinq mois.

“L’activité tourne entre 1.400 et 1.700 tonnes de pneus broyées par an pour 2 à 3 jours de fonctionnement par semaine. Ça nous permet de digérer petit à petit le stock historique mis de côté depuis 2012, suite aux différents incendies que nous avons subis”, explique le directeur général de Fenua Ma, Benoît Layrle, qui constate une évolution favorable de la collecte des pneus. “Il y a quelques années, nous ne récupérions que 300 à 400 tonnes de pneus par an, mais depuis trois ans, il y a une forte augmentation, car on en réceptionne entre 600 et 800 tonnes. Les professionnels sont de plus en plus nombreux à se rapprocher de nous”.

Le mécanisme est simple : les pneus sont déposés par un opérateur sur un tapis roulant qui les amène vers le broyeur, où ils sont tronçonnés en quelques secondes. Les morceaux obtenus sont triés automatiquement par la machine, qui les fait repasser par le broyeur autant de fois que nécessaire, selon la dimension d’origine du pneu.

Une alternative au gravier naturel

Comme pour la filière de recyclage du verre, ce broyat de caoutchouc, de ferraille et de tissu peut être utilisé en remplacement du gravier pour des travaux de remblaiement, de soutènement, de comblement ou de drainage. “Le but, c’est de donner une seconde vie aux pneus. En interne, c’est testé et approuvé au niveau des drains de récupération du biogaz des casiers. Ça nous permet de ne plus utiliser de produits naturels, comme le gravier. On espère que les pouvoirs publics et les grandes entreprises du BTP vont s’intéresser à ce produit, qui apporte une plus-value financière, mais aussi technique avec une très bonne résistance et un fort pouvoir drainant”, remarque Benoît Layrle, quant à cette solution de recyclage inédite à l’échelle locale.

Connues en France sous le nom de Draingom, ces “chips” de pneus seront commercialisées par Enviropol en début d’année prochaine, le temps de finaliser les tests préalables. Le prix de vente n’est pas encore fixé, mais il sera moins élevé que celui des agrégats classiques. À titre indicatif, la tonne de pneus collectée est facturée 13.000 francs aux professionnels et le coût du broyage pour cette même tonne est de 20.000 francs. Un écart que Fenua Ma “complète grâce au soutien financier du Pays dans le cadre de ce programme”.

Le potentiel de cette filière est énorme quand on sait que plus de 2.300 tonnes de pneus sont importées chaque année au Fenua et qu’une large partie échappe encore à la collecte.