Séminaire Pasifika ma’a : cap vers de meilleurs comportements alimentaires

Le séminaire régional Pasifika Ma’a s’est tenu du lundi 2 au vendredi 6 octobre 2023 à l’hôtel Hilton Faa’a. Il a réuni une centaine de professionnels du monde agricole et de la pêche du Pacifique, qui ont échangé sur la durabilité des systèmes alimentaires. (Photo : LC/LDT)
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Le séminaire régional Pasifika Ma’a s’est tenu du lundi 2 au vendredi 6 octobre 2023 à l’hôtel Hilton Faa’a. Il a réuni une centaine de professionnels du monde agricole et de la pêche du Pacifique, qui ont échangé sur la durabilité des systèmes alimentaires.

Les effets du réchauffement climatique et de l’inflation générale menacent la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires du Pacifique. Cette situation, si elle n’est pas régulée dans les prochaines années, risque d’engendrer des conséquences environnementales plus dangereuses pour le fenua : diminution de la disponibilité de l’eau, rendement des cultures, montée des eaux…

Afin de contourner cela, le gouvernement a fait appel à la Communauté du Pacifique Sud (Nouvelles-Calédonie, Wallis et Futuna, les îles Fidji, les Kiribati et Samoa), aux acteurs publics et privés en lien avec le secteur primaire, pour discuter et proposer des solutions pour permettre une transition alimentaire plus saine. “À nous de nous engager comme nos aînés, à reconquérir l’agriculture de subsistance durable basé sur nos propres ressources alimentaires locales“, a déclaré Taivini Teai, ministre de l’Agriculture.

Des difficultés environnementales communes

L’intérêt de ce séminaire est de se réunir en un seul et même lieu pour partager et aller plus loin afin de mettre en place des conventions de partenariat et d’échange“, souligne le ministre en charge du secteur primaire. En effet, les participants ont pris part à divers ateliers qui leur ont permis d’exprimer leurs doléances, ou à contrario, proposer des projets novateurs en faveur d’une alimentation saine et nutritive. Par exemple, l’organisation de la collecte des produits vivriers en Nouvelle-Calédonie, les kits potagers au fenua ou encore le recensement des savoirs traditionnels à Wallis et Futuna.

À l’issue de ce séminaire, des conclusions “riches et bénéfiques” ont été apportées. Les territoires invités ont d’ailleurs exprimé leurs visions respectives. À ce sujet, Joseph Gestin, directeur de l’Agriculture de la Forêt et de la Pêche de Wallis et Futuna a déclaré : “ces échanges ont été très riches puisque nous pouvons, sur des sujets techniques et sur des approches sociales et économiques, envisager des choses qui sont transposables d’un territoire à un autre. Nous souhaitons bâtir quelque chose avec Fidji et continuer ce qui existe avec la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie. Il est important de profiter des approches communes. Par exemple, ce qui est expérimentation peut être transposé d’un pays à un autre. Il y a aussi un travail à faire sur l’harmonisation des réglementations afin de préserver la biodiversité de chaque territoire“.

Ce séminaire régional entre dans le cadre du projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes (PROTEGE). Pour rappel, le projet PROTEGE a pour objectif de construire un développement durable et résilient des économies des pays et territoires d’outre-mer (PTOM) du Pacifique face au changement climatique, en s’appuyant sur la biodiversité et les ressources naturelles renouvelables. Il est financé par l’enveloppe régionale du 11ème Fonds Européen de Développement de l’Union européenne à hauteur de 36 millions d’euros, soit 4,3 milliard de francs et est mis en œuvre par la Communauté du Pacifique (CPS) et le Programme régional océanien de l’environnement (PROE) au bénéfice de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française, de Wallis et Futuna et de Pitcairn.

Manihi Lefoc, directrice de ASAE Conseil, fondatrice du village de l’alimentation etde l’innovation :

Le changement de comportement est un travail qui se fait sur le long terme

Je travaille pour ASAE Conseil, mon rôle est d’accompagner et d’initier des projets sur la promotion du comportement alimentaire sain et durable. Ce séminaire nous a été très bénéfique car d’une part, il nous a permis de présenter nos initiatives en Polynésie française, de les faire connaitre, de créer des liens, de renforcer des collaborations qui avaient déjà émergé dans le cadre des projets qui ont été menés.

Il y a eu beaucoup d’échanges sur les initiatives de chaque région. Cela nous a permis de nous rendre compte de ce qui a été fait ailleurs et ainsi, créer des collaborations pour bénéficier de cette expertise. Après, le but final est vraiment la durabilité des systèmes alimentaires pour que nos populations puissent bénéficier d’une alimentation de qualité avec un impact bénéfique sur la santé et sur l’environnement. Maintenant, à chacun de voir, avec les collaborations qui ont émergé et qui vont se développer, comment est-ce que nous pouvons continuer à agir en ce sens ?

Personnellement, les projets que je coordonne sont destinés aux enfants. Je travaille beaucoup avec l’éducation, en particulier la restauration scolaire. Car, c’est dès le plus jeune âge qu’il faut enseigner ces habitudes saines afin de promouvoir les produits locaux. Nous allons continuer à œuvrer sur la thématique et notamment avec d’autres personnes du Pacifique qui sont intéressés par les projets que nous avons développé ici. Le changement de comportement est un travail qui se fait sur le long terme mais c’est important de commencer tôt et dès maintenant.

Propos recueillis par Lana CHAINE