Nati o Te Torea, créer du lien entre les entreprises et les sans-abris

De gauche à droite : Maiana Teihotu, présidente de Te Torea, Céline Charpiot, cheffe de projet Nati o Te Torea, Vai Iti Nina Ya-Matsy, directrice de Te Torea et Karine Le Flanchec, directrice de Big Bloom. (Photo : LC/LDT)
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Ce mardi 10 octobre marque la journée mondiale des sans-abris. À cette occasion, l’association Te Torea a présenté, lors de son NatiDay, Nati o Te Torea, son projet lauréat du Hackathon Big Bloom de juin dernier, qui vise à favoriser l’insertion professionnelle des sans-abris au sein des entreprises locales. 

582. C’est le nombre de sans-abris, ou “natifs” corrige Maiana Teihotu, présidente de Te Torea, recensés par l’association depuis ce début d’année, contre 523 en 2022. Une croissance qui “n’étonne pas” la directrice de la fédération Vai Iti Nina Ya-Matsy : “la société d’aujourd’hui n’est plus sur les mêmes valeurs qu’auparavant. De nos jours, il n’est plus question de solidarité car c’est l’économie et l’argent qui priment. C’est la triste réalité des choses d’autant plus que cette montée en masse concerne la jeunesse. Au final, la rue devient l’échappatoire“, s’indigne-t-elle.

Sécuriser le retour à l’emploi

À travers son nouveau programme Nati o Te Torea, l’association souhaite, dans un premier temps, sécuriser l’insertion professionnelle des “natifs“, par la mise en place d’un partenariat avec des entreprises volontaires. “L’idée est d’avoir des entreprises qui, dans une démarche positive d’embauche des sans-abris, acceptent de nommer un référent en entreprise, qui sont des gens volontaires et formés par Te Torea, pour comprendre les problématiques liées à la communauté des natifs“, explique Céline Charpiot, cheffe de projet de l’association.

Les référents en question, nommé les “natirefs“, sont en charge d’accompagner “l’oiseau de rue” au sein de l’entreprise. “L’accompagnant va jouer un rôle clé dans la réussite de ce projet car l’enjeu est d’apprendre aux natifs à retrouver une vie en société. Je ne serai pas à son chevet mais j’aurai des points d’étapes à effectuer avec lui et l’association chaque semaine. Mon but est qu’à l’issue de ces douze mois, le natif soit un salarié comme un autre, avec la même perception“, précise Moeteraurii Taputu, référent Nati o te Torea, expert sécurité au sein de Fare Rata.

Neuf entreprises intègrent le programme

Le NatiDay de ce mardi 10 octobre a aussi été l’occasion de concrétiser la signature de conventions d’entrée au sein du programme Nati o Te Torea, qui souligne le partenariat entre l’entreprise, le “natif” et l’association solidaire. Au total, ce n’est pas moins de neuf entreprises locales qui ont choisi de rejoindre la cause : Aline Tahiti, Cegelec, Air Tahiti, Nautisport, Fare Rata, la Polynésienne des eaux, l’hôtel le Hilton et Smart Tahiti Network. Une vingtaine de société sont “sur le chemin“. “On a identifié environ 20 postes ouverts aux sans-abris et avec une optique de CDI. Deux natifs ont déjà commencé à travailler et quatre sont en attente de leur contrat“, informe Céline Charpiot. Une manière d’offrir un “accompagnement renforcé à la sortie de rue des natifs” puisqu’un contrat à durée indéterminé ouvre la voie vers un logement à long-terme. 

Remise à niveau

Afin de renforcer ce nati (lien), une convention a également été signé avec le Service de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle (SEFI). “Ce partenariat va permettre d’avoir un accompagnement particulier soit pour débloquer des formations ou d’avoir des contrats spécifiques“, précise Céline Charpiot. Les “natifs” pourront ainsi bénéficier d’une remise à niveau qui leur permet de reprendre confiance en eux, de réapprendre un certain nombre de chose et de travailler sur leur parcours professionnel et administratif. “C’est aussi des formations qui leur permettent d’apprendre un métier“, ajoute Céline Charpiot.

(Photos : LC/LDT)

Pour le gouvernement Brotherson, l’objectif est de “reloger tous les natifs”, annonce avec enthousiasme la ministre des Solidarités et du Logement, Minarii Chantal Galenon Taupua. “On travaille sur la construction d’un centre de jour et de nuit et également un centre de formation car je crois qu’aujourd’hui, nous devons nous spécialiser” ajoute-t-elle. En attendant, Te Nati o te Torea est “une voie plus ordinaire pour des gens extraordinaires“.