En Nouvelle-Calédonie, Sébastien Lecornu plaide pour une “sécurité collective” du Pacifique Sud

Les ministres de la Défense de la région, dont Sébastien Lecornu, se sont retrouvés, ce mardi matin, à la Communauté du Pacifique Sud en Nouvelle-Calédonie. (Photo : AT/Les Nouvelles Calédoniennes)
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Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a ouvert mardi à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le sommet des ministres de la Défense du Pacifique Sud, plaidant pour une “sécurité collective” dans la région.

“Comment (faire) pour que ce retour des compétitions entre les grandes puissances ailleurs, y compris dans le Pacifique Nord, n’ait pas d’impact en ricochet sur le Pacifique Sud, ce qui nous conduirait par définition à un agenda qui serait beaucoup plus difficile?”, s’est interrogé M. Lecornu dans son discours d’ouverture.

Le ministre français des Armées a appelé les participants au sommet, organisé pour la première fois par la France, à aborder ces enjeux en terme de “sécurité collective”, notamment concernant le réchauffement climatique, cause de “catastrophes naturelles de plus en plus violentes” et qui “pose des questions cruciales de solidarité entre États”.

Créé il y a dix ans sur une initiative australienne, la Réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SPDMM) réunit sept pays de la région (Australie, Chili, Fidji, France, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Tonga) et trois membres observateurs (Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni).

Parmi les sujets discutés jusqu’à mercredi, lors de tables rondes et de rencontres ministérielles bilatérales, figurent la pêche illégale, le respect des frontières maritimes et des Zones économiques exclusives (ZEE) ainsi que la liberté de circulation maritime.

Contrairement au Pacifique Nord et notamment à la mer de Chine, où les tensions sont courantes, les lois internationales ne sont pas remises en cause dans le Pacifique Sud mais des tensions ponctuelles sont apparues ces dernières années, notamment en raison de la circulation de navires militaires dans la zone.

En 2022, les îles Salomon avaient ainsi refusé l’accostage d’un patrouilleur américain et signé un vaste accord de sécurité avec la Chine, qui a alarmé les puissances occidentales.

Ce sommet doit aussi être l’occasion pour Sébastien Lecornu de préciser les contours d’une Académie du Pacifique, pôle de formation militaire régional dont la création avait été annoncée par Emmanuel Macron lors d’une visite en Nouvelle-Calédonie en juillet.

La venue de Sébastien Lecornu, ancien ministre des Outre-mer, était contestée par le camp indépendantiste en Nouvelle-Calédonie et une manifestation a rassemblé mardi 1.300 personnes dans le centre de Nouméa, selon la police.

La Nouvelle-Calédonie n’est pas le porte-avion de la France”, a lancé Arnaud Chollet-Leakava, du Mouvement des Océaniens indépendantistes (MOI), durant la manifestation.

Celle-ci avait également pour objectif de dénoncer la “marche forcée imposée par la France” dans les discussions sur l’avenir de l’archipel, selon Christian Tein, commissaire général de l’Union calédonienne (UC), le principal parti indépendantiste.

Comme ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu avait maintenu le référendum d’autodétermination en décembre 2021 malgré la demande indépendantiste de report. Le scrutin, dernier des trois référendums prévus par l’accord de Nouméa signé en 1998, avait été boycotté par les indépendantistes et le “non” à l’indépendance l’avait emporté.

Depuis, les discussions sur le statut de la Nouvelle-Calédonie s’enlisent et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, désormais en charge du dossier, n’a pas réussi à faire revenir l’UC à la table des discussions malgré cinq visites sur place.

Sa sixième visite, qui devait avoir lieu cette semaine, a été reportée car “les conditions n’étaient pas réunies pour avancer significativement”, selon son directeur de cabinet, Rémi Bastille, interrogé par des médias locaux.

cm/tbm/cal/dch © Agence France-Presse