La justice financière met en garde le port de pêche sur ses charges d’exploitation

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Gouvernance, situation financière, modalités d’exploitation… la Chambre territoriale des comptes (CTC) a, publié ce mercredi 10 janvier, son rapport d’observations définitives sur la gestion de la Société d’économie mixte “Société de Pêche du port de Papeete” (S3P) pour les exercices 2017 à 2021. Parmi les points soulevés par la juridiction financière, l’augmentation croissante des charges d’exploitation.

L’entretien d’équipements vétustes comme les tours à glace, la gestion des déchets, l’eau, la redevance à payer au Port Autonome, la gestion des déchets de poisson…. tout cela a un coût. Des coûts qui depuis 2017 n’ont, pour la plupart des postes de dépenses, cessé d’augmenter et d’alourdir les charges de la S3P, société structurellement déficitaire sur la période examinée, indique la CTC qui exerce en outremer les mêmes missions que les chambres régionales des comptes dans l’Hexagone.

La juridiction informe que l’entretien de tours à glace est passé de 15 à 21 millions de francs par an, entre 2017 et 2021 avec un pic à 23 millions en 2019. Autre augmentation significative, celle relative à la collecte des déchets et huiles usées, dont le cumul est passé de 10,5 millions à 23,6 millions de francs en cinq ans. Les dépenses de l’eau et de l’assainissement ont quant à elles augmenté de 3 millions de francs.

Détournement et délits

Des dépenses qui s’envolent et qui ne sont pas couvertes par les recettes générées par la société, précise la CTC. Soit par manque d’une politique concrète de recouvrement, soit en raison des tarifs appliqués, plus faibles que les charges. Exemple donné par la CTC, en 2020 : pour le service de l’eau, la S3P avait une charge annuelle de 7,6 millions de francs contre une recette de 4,1 millions, correspondant à ce qui a été facturé aux armateurs.

Autre explication concernant le manque à gagner sur l’exercice analysé, des actes illicites au sein même de la S3P comme le détournement de 1,9 million de francs par un ex-comptable ou encore la non facturation de la glace par deux employés. Un délit qui a engendré une perte financière qui n’a pu être estimée.

Face à l’augmentation de ses charges, la S3P a pu compter sur le soutien du Pays durant l’exercice 2017-2021, via le versement d’une subvention de 90 millions de francs.

SEM DU PORT DE PECHE DE PAPEETE (S3P)

Les recommandations des juges financiers

• Recommandation n° 1. Mettre en place, dès 2023, un suivi rigoureux du fichier clientèle et des procédures de facturation pour assurer un meilleur recouvrement.

• Recommandation n° 2. Développer, en 2024, de nouvelles activités pour augmenter le chiffre d’affaires de la S3P.

• Recommandation n° 3. Agir, dès à présent, pour maîtriser les coûts de fonctionnement courant de la S3P.

• Recommandation n° 4. Initier, dès à présent, des procédures de contrôle interne systématiques pour éviter notamment les détournements.

• Recommandation n° 5. Régulariser, dès à présent, les conditions d’occupation et d’exploitation de la zone de Papeava

(Archives LDT)