Crise Covid – La commission d’enquête présente son rapport au public

(Photo : archives LDT)
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Le rapport de la commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire en Polynésie française sera officiellement présenté à la presse et donc dévoilé au public lundi 22 janvier. 

778 personnes ont perdu la vie au fenua, en moins de deux ans et demi, durant cette crise, sans précédent, due à la pandémie de Covid-19.

Cette commission d’enquête, proposée à la fin de la crise, par le groupe A Here Ia Porinetia et plus particulièrement par Nicole Sanquer, puis votée à l’unanimité par l’assemblée en décembre 2022, a procédé a plus de 160 auditions parmi les acteurs de la gestion de crise, recueilli le témoignage de 776 personnes via la consultation citoyenne, pour aboutir à un rapport de près de 300 pages avec 49 recommandations réparties en six grands thèmes :

  • Le leadership et la coordination
  • S’équiper pour mieux anticiper
  • Mieux vaut prévenir que guérir
  • Gérer les décès avec bienveillance et pragmatisme
  • Pour une société plus forte
  • Mieux reconnaître les contributions à la gestion de la crise

Lors de la présentation des grandes lignes de ce rapport aux élus le 18 décembre 2023 à l’assemblée, le ton était donné : pas de règlement de comptes comme on aurait pu s’y attendre mais, bien au contraire, “la volonté de ne pas blâmer”, “de mettre de la lumière sur l’ensemble des décisions et des mesures qui ont été prises” selon les termes de la présidente de commission Pauline Niva. La représentante Tavini a d’ailleurs chaleureusement remercié ce jour-là les représentants de tous bords qui ont participé au deux commissions – de l’ancienne et de la nouvelle mandature – et qui se sont succédés pour travailler sur le rapport ; un travail mené “dans un esprit de collaboration exceptionnel.”

“Nous ne nous sommes pas érigés en tribunal tant cela aurait été inconvenant de le faire et surtout, en considération du caractère inédit et soudain de cet événement et des décisions qui se sont parfois imposées à nous tous” a insisté la présidente de commission. 

Elle a rappelé que, au cours de cette enquête, menée par la commission, des responsables du Pays, de l’Etat, des communes, de différentes structures, des chefs d’entreprises, des syndicats, des collectifs et des confessions religieuses ont été entendus ainsi que les voix de la population. Cette consultation citoyenne qui portait sur deux thèmes majeurs, la gestion de la vaccination et la gestion des décès, a permis à certains “de faire le deuil de leurs chers disparus” (…) “à ceux qui étaient contre la vaccination de se faire entendre” a souligné la représentante. 

Ce rapport est donc présenté comme “un retour d’expérience” qui permet de “dresser les forces et les faiblesses de nos systèmes avec les opportunités et les menaces de notre système institutionnel, sanitaire économique et financier face à une crise majeure de notre société dans son ensemble avec tous les acteurs qui y ont contribué”. 

Et au-delà, des préconisations ont donc été établies “en vue de “crises majeures futures qu’elles soient sanitaire ou pas”. 

Parmi les recommandations, on relèvera celles qui ont été mises en avant par les rapporteurs Pauline Niva, Mike Cowan, Tepuaraurii Teriitahi et Nicole Sanquer lors de la séance du 18 décembre à l’assemblée :

  • La clarification de la répartition des compétences et des moyens financiers entre l’Etat, le Pays et les communes.
  • L’élaboration d’un plan stratégique territorial de gestion de crise sanitaire avec un coordinateur unique chargé de son exécution. “Ce plan devrait pouvoir mieux prendre en compte le respect des libertés individuelles et l’adaptation au contexte insulaire de nos archipels afin que les décisions qui peuvent paraître arbitraires aient du sens pour tout le monde”.
  • La fixation claire des moyens financiers et la création d’un compte spécial de crise avec possibilité de remboursement à postériori. “Le pays et les communes ont du faire face des dépenses qui ne relevaient pas de leurs compétences et découlant des décisions prises par l’Etat. Ces décisions ont eu un impact financier direct sur nos systèmes. Certaines de ces dépenses n’ont pas été chiffrées.” 
  • L’expression de la solidarité nationale par des subventions plutôt que des emprunts. Pauline Niva a rappelé que la Polynésie avait souscrit à deux Prêts garantis par l’Etat (PGE) qui ont porté la dette du Pays à plus de 80 milliards en 2020 et 156 milliards en 2023.
  • Une communication claire portée par l’exemplarité des décideurs politiques pour faciliter l’adhésion du plus grand nombre et pour éviter la désinformation
  • La nomination d’un médiateur de la Polynésie française pour résoudre les problèmes au cœur de la crise
  • La création d’un fonds d’indemnisation des victimes des effets secondaires des vaccins de l’Etat.
  • L’optimisation du fonctionnement du centre de traitement des appels, pris en charge par l’Etat
  • Une coordination plus efficace entre les structures de santé public et privé notamment pour désengorger les urgences
  • La création d’une Maison médicale
  • L’activation du Service des urgences vitales à l’hôpital 
  • L’accélération de la politique de sensibilisation à la population à adopter un mode de vie plus sain. “L’obésité et les maladies chroniques ont été des facteurs aggravants.” Le rapporteur Mike Cowan a rappelé que “le nombre de patients en longue maladie a été multiplié par 6 en un quart de siècle.”