L’autonomie en discussion incapable de “préserver le peuple corse”, selon le FLNC

Onze individus cagoulés et armés étaient présents à cette conférence de presse dans un lieu tenu secret. (Photo AFP)
Onze individus cagoulés et armés étaient présents à cette conférence de presse dans un lieu tenu secret. (Photo AFP)
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Le mouvement indépendantiste Front de libération nationale corse (FLNC) a critiqué, lors d’une conférence de presse clandestine, l’autonomie actuellement en discussion pour l’île, la jugeant incapable de “préserver le peuple corse”.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin doit se rendre “début février” en Corse pour “faire un point d’étape” concernant les discussions sur l’évolution du statut de l’île vers une “autonomie dans la République”, a indiqué cette semaine le Premier ministre Gabriel Attal.

Onze individus cagoulés et armés étaient présents à cette conférence de presse dans un lieu tenu secret.

Dans un communiqué lu aux journalistes de l’AFP, du quotidien régional Corse-Matin et de France 3 Corse, ces personnes se revendiquant du groupe clandestin indépendantiste FLNC évoquent une augmentation de population de l’île méditerranéenne “de 20.310 résidents” (sur 340.000 habitants) entre 2015 et 2021, “pour la plupart des Français” (du continent, NDLR).

Ils affirment que le peuple corse est “sans aucune possibilité légale” de s’opposer à ce qu’ils qualifient de “colonisation de peuplement”.

Le FLNC fait référence au discours du président Emmanuel Macron en septembre à l’assemblée de Corse lors duquel il a proposé aux élus insulaires d’accorder à l’île “une autonomie dans la République”.

Les clandestins estiment que le refus du président de reconnaître le “peuple corse” mais seulement “une communauté insulaire” et sa volonté d’exclure “un statut de résident”, n’acceptant qu’un “statut de résidence car tous les citoyens français ont les mêmes droits sur le territoire français”, étaient clairs: “ces deux simples points permettent de comprendre que l’autonomie évoquée ne sera absolument pas en mesure de préserver le peuple corse dans sa survie”.

Ils jugent également qu’une alliance “à venir” entre les nationalistes et la droite insulaire ne pourra “apporter des solutions à la disparition de notre peuple”.

Réaffirmant ne pas avoir “de destin commun avec la France”, ils estiment dès lors être “dans le même cas de figure que tous les peuples qui subissent la colonisation de peuplement” et apportent, sur une des trois pages du communiqué, leur soutien “à la cause palestinienne”.

Ils assurent que “leur combat est politique” et affirment se référer “exclusivement au droit international, loin des préoccupations religieuses”.

“Nuit bleue”

Sans menacer de nouvelles actions, ils concluent en revendiquant “45 actions” en octobre 2023, en référence, semble-t-il, à la “nuit bleue” du 8 au 9 octobre lors de laquelle une série d’explosions avaient visé principalement des résidences secondaires mais aussi un centre des impôts désaffecté à Ajaccio, sans faire de blessés.

Ces explosions, sans précision de chiffre, avaient été revendiquées le lendemain par le FLNC dans un communiqué au quotidien régional Corse-Matin, conduisant le Parquet national antiterroriste (Pnat) à ouvrir une enquête.

L’île connaît depuis deux ans une recrudescence d’incendies criminels et d’explosions, visant principalement des résidences secondaires. Ces explosions ont été souvent revendiquées, certaines par le FLNC, d’autres par le GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa), un mouvement clandestin de jeunesse corse.

Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a dit mardi lors de l’audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Paris que “la situation du terrorisme nationaliste en Corse a abouti en 2023 à l’ouverture de plus de 70 procédures”.

Il y en avait eu 22 en 2022, trois en 2021 et quatre en 2020, selon une source judiciaire.

“La dialectique de violence croissante, y compris par la diffusion d’écrits menaçants à l’encontre des représentants de l’Etat, appellent de notre part une vigilance particulière”, selon M. Ricard.

Le FLNC, apparu pour la première fois en 1976, avec une profession de foi retrouvée dans les décombres de 18 attentats lors d’une première “nuit bleue”, est depuis devenu une nébuleuse opaque, résultat de scissions, luttes fratricides et recompositions.

AFP