Statistiques – Bilan 2022 : les pêches hauturière et côtière en hausse, l’aquaculture en recul

En 2022, la production de pêche de capture progresse de 6,7% par rapport à 2021, en lien avec la hausse des volumes de pêche hauturière du thon germon et du thon obèse. (Photos LDT)
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En 2022, la production de pêche de capture progresse de 6,7% par rapport à 2021, en lien avec la hausse des volumes de pêche hauturière du thon germon (+ 55%) et du thon obèse (+ 33%). La flottille de pêche hauturière enregistre l’arrivée de neuf nouveaux navires et le nombre d’hameçons posés progresse. Les volumes de pêche côtière augmentent aussi, alors que la production aquacole recule. Tels sont les principaux enseignements du bilan de la pêche polynésienne en 2022 qui vient d’être publié par l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF).

En 2022, la production de pêche de capture (pêche côtière, palangrière et lagonaire) progresse de 6,7% par rapport à 2021 et atteint 14 126 tonnes. La production hauturière augmente de 11,6% à 7 528 tonnes et la production côtière de 5,7% à 2 300 tonnes selon une estimation de la Direction des ressources marines (DRM). La production lagonaire (destinée à l’autoconsommation et la vente hors circuit commercial), estimée, est stable à 4 300 tonnes par an. À l’inverse, la production totale de l’aquaculture diminue de 6,9% et atteint 150 tonnes en 2022.

Pêche hauturière : production en hausse

La flottille de pêche hauturière est composée de 80 palangriers exploitant les espèces du large en frais ou en congelé en 2022, soit 7 unités actives de plus qu’en 2021. Le renouvellement de la flotte amorcé en 2017 se poursuit. En 2022, le niveau de production de pêche hauturière est de 7 528 tonnes, soit une hausse de 11,6% par rapport à 2021 qui était la meilleure année depuis 20 ans.

Ce résultat s’explique par le volume de thons germons capturés qui progresse de 55% sur un an, passant de 2 660 tonnes à 4 125 tonnes en 2022. En contribuant pour 21,7 points au résultat, il constitue plus de la moitié de la production de pêche hauturière de l’année. Les volumes de thons obèses sont aussi en hausse (+ 33%) pour représenter 18% de la production annuelle. Troisième espèce débarquée avec 17% des volumes, le thon à nageoire jaune qui était le premier contributeur l’année précédente recule de 41% en 2022. Il contribue pour – 13,5 points à la croissance.

(Photo DG/LDT)

Autres espèces en retrait, le thazard, l’espadon, le saumon des dieux, le marlin rayé et le marlin noir contribuent conjointement pour – 2,1 points à la croissance. À l’inverse, les productions de marlin bleu, de mahi mahi, de bonite et de papio progressent pour s’établir à 278 tonnes, contre 247 tonnes l’année précédente. Les rendements augmentent également par rapport à 2021 avec 37 kg de prises pour 100 hameçons. La production réfrigérée atteint 7 350 tonnes, soit 98% de la production totale de 2022.

Pêche côtière : une production stable

En 2022, la flottille côtière est composée de 328 poti marara (en bois ou en fibre de verre, de 6 à 9 mètres) et de 30 bonitiers (en bois, de 10 à 13 mètres). Il y a 5 poti marara de moins qu’en 2021 et le nombre de bonitiers est identique depuis 2020. Les poti marara et les bonitiers réalisent respectivement 84% et 16% de la production.

(Archives LDT)

La production progresse de 5,6% par rapport à 2021, à 2 298 tonnes, pour revenir au niveau de 2019. La production des bonitiers et de poti marara augmente respectivement de 45 tonnes et 76 tonnes. La hausse de la production côtière s’explique par les volumes de mahi mahi qui ont doublé sur un an (+ 167 tonnes). Ce résultat compense la baisse de capture des thonidés (- 55 tonnes), même si la capture de bonites augmente (+ 76 tonnes). 45% de la production sont réalisés aux Îles Du Vent, 20% aux Marquises et 19% aux Iles Sous-le-Vent.

Pêche lagonaire : une production de plus de 4 000 tonnes par an

Les pêcheurs lagonaires titulaires de la carte CAPL progressent depuis quatre ans pour s’établir à 1 230 en 2022. Ils sont 123 de plus qu’en 2021 et 230 de plus qu’en 2020 qui avaient vu le nombre d’attributions s’accroître rapidement dans le cadre de reconversions professionnelles après les pertes d’emploi liées à la crise de la Covid-19. 46% de ces cartes ont été délivrées à des pêcheurs des Tuamotu Gambier et 20% à des pêcheurs des Iles du Vent.

Poissons ouverture rahui Tautira mars 2023
(Photo : DRM/Criobe).

La production lagonaire est estimée à environ 4300 tonnes par an, répartie en poissons lagonaires (3400 tonnes), petits pélagiques (700 tonnes) et fruits de mer (200 tonnes), pour une valeur totale estimée à 2 milliards de francs. Cette pêche est essentiellement une pêche de subsistance (auto-consommation), de plaisance et partiellement pour la vente (au bord des routes ou sur les
marchés). L’export de produits de la pêche des autres archipels à destination de Tahiti par voie maritime s’élève à 828 tonnes, soit une hausse de 20% par rapport à 2021. Quasiment 80% des produits lagonaires proviennent des Tuamotu de l’Ouest

Production aquacole : 2022, baisse de la production

La production aquacole est composée de trois branches : l’aquaculture de la crevette, celle du bénitier et la pisciculture du paraha peue. Les fermes polynésiennes de crevettes et de poissons n’utilisent, durant la production, aucun produit chimique ni aucun produit médicamenteux. En 2022, la production de crevettes en Polynésie française recule de 7%, après dix années de progression constante. La production totale atteint 150,3 tonnes contre 161,4 tonnes en 2021. Ce résultat est néanmoins supérieur de dix tonnes à celui de 2019. La filière emploie 22 personnes.

Reao assure 74% de la production de bénitiers !

  • La pêche du rori (holothuries ou bêche-de-mer) a été réglementée en novembre 2012 afin de permettre une gestion durable de la ressource. Un comité de gestion local est chargé de faire appliquer la réglementation sur place et d’assurer la traçabilité des produits, du pêcheur au commerçant. Si en 2021, le nombre total de rori pêchés est de 3 427 unités pour un poids total net de 429 kg, aucune demande d’ouverture de pêche des holothuries n’a été enregistrée en 2022. Il n’y a également pas eu d’exportation vers Hong Kong pour la troisième année consécutive.
  • Le troca est un coquillage protégé par une interdiction de pêche permanente sauf pendant les campagnes de pêche autorisées par le Pays. Les coquilles, vidées, nettoyées, brossées et séchées, sont proposées à la vente à des négociants. La majorité d’entre elles sont destinées au marché de l’export. Tout comme en 2020 et 2021, il n’y a pas eu de pêche au troca en 2022.
  • La production de bénitiers est conditionnée par les quotas d’exportations imposés par la convention internationale de Washington (CITES). Les lagons de certains atolls des Tuamotu de l’Est et de quelques îles hautes des Australes se caractérisent par des densités de bénitiers parmi les plus importantes au monde. Une grande partie de la production (74%) provient de Reao, le reste de Tahiti.

Plus de 4 millions de navires de pêche sur les océans…

La production halieutique et aquacole totale a atteint un record absolu de 214 millions de tonnes en 2020 (178 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 36 millions de tonnes d’algues). Le nombre total de navires de pêche est estimé à 4,1 millions en 2020, soit une diminution de 10% par rapport à 2015, conséquence des efforts déployés par de nombreux pays – la Chine et les pays européens en particulier – pour réduire la taille de la flotte mondiale.

L’Asie possède encore la plus grande flotte de pêche, représentant les deux tiers environ de la flotte mondiale. La consommation mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique (à l’exclusion des algues) a progressé à un taux annuel moyen de 3% de 1961 à 2019. Les estimations indiquent qu’en 2020, 58,5 millions de personnes travaillaient dans le secteur de la production primaire à temps plein ou à temps partiel.

(Photo DG/LDT)