Lycée du Diadème : zoom sur les futurs ingénieurs polynésiens

Les ingénieurs invités au lycée et les enseignants avaient un objectif : insuffler à ces élèves l’envie de se donner à 100 % pour réussir cette année de "prépa".
Les ingénieurs invités au lycée et les enseignants avaient un objectif : insuffler à ces élèves l’envie de se donner à 100 % pour réussir cette année de "prépa". (Photo MD)
Temps de lecture : 3 min.


La rencontre avec les ingénieurs permet aux élèves de répondre à des questions concrètes sur le concours, la formation dans les écoles, les aides financières possibles, et

Dans une salle de classe du lycée du Diadème, près de 40 élèves font face à quatre ingénieurs du territoire. Pleins de rêves et aussi de questions, ces étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles se destinent à devenir les futurs ingénieurs polynésiens.
Ce mardi 7 février, les ingénieurs invités au lycée et les enseignants avaient un objectif : insuffler à ces élèves l’envie de se donner à 100 % pour réussir cette année de “prépa” particulièrement exigeante en termes de travail et déterminante dans le parcours des élèves.

“En prépa, il s’agit d’apprendre à comprendre une problématique et à la résoudre, à ne pas avoir peur face à un nouveau problème” explique Régis Dautremont, gérant de Hotu Nui Ingenierie. “La prépa, c’est très dur, mais elle forme l’esprit à raisonner.” Stéphanie Vogeleisen, acheteuse à EDT, assure même que la prépa, “c’est la clé de votre vie.” 

Même si les élèves ne savent pas précisément quel métier ils souhaitent exercer plus tard, les écoles d’ingénieurs pourront leur offrir bien des perspectives de carrière professionnelle. Une classe préparatoire aux grandes écoles en deux ans, c’est ce que propose le lycée du Diadème aux jeunes bacheliers polynésiens qui souhaiteraient se tourner vers le métier d’ingénieur.

À l’issue des deux ans de cette Prépa PTSI-PT, un concours à passer. Exigeant mais accessible, il ouvre aux étudiants les portes de grandes écoles : Arts et Métiers, Polytechnique, Centrale ou des centaines d’autres grandes écoles d’ingénieurs en France. La partie écrite du concours se déroule sur le territoire.

En mai prochain, ce sont 20 jeunes Polynésiens qui plancheront sur les épreuves pendant dix jours. Concours en poche et accompagnés de leurs professeurs, ils s’envoleront pour Paris avec comme objectif l’oral des écoles dans lesquelles ils auront été retenus.

Besoin de compétences

En attendant, cette rencontre avec les ingénieurs leur permet de répondre à des questions concrètes sur le concours, la formation dans les écoles, les aides financières possibles, mais aussi sur la crainte du départ, loin de chez eux.

Profiter de l’expérience, multiplier les nouvelles découvertes, effectuer des stages, autant de conseils que ces anciens élèves, qui eux aussi ont connu les bancs d’Arts et Métiers et des grandes écoles, ont pu adresser aux étudiants.

“En deuxième année de prépa, tu commences à réaliser que tu vas partir et tu commences à mûrir. Tu prends conscience que tu as besoin d’informations” souligne Vahei, étudiante au sein de la classe préparatoire. “La présentation d’aujourd’hui, nous a permis de voir ce qui nous attend dans quelques mois et de nous préparer au mieux.”

Après les études, pour ces futurs ingénieurs, il sera temps de plonger dans le grand bain, le monde de l’emploi. Dans ce domaine, les ingénieurs présents ont pu leur donner quelques pistes : enseignant, acheteur dans un grand groupe, directeur d’exploitation dans le BTP, chef d’entreprise, responsable technique et développement dans la gestion des déchets. Autant de futurs possibles pour ces jeunes Polynésiens, qui peuvent aussi créer leur emploi dans les secteurs qui les intéressent.

Pour certains ce sera l’aéronautique ou l’automobile, pour d’autres l’environnement ou le milieu maritime, ou encore le bâtiment, l’informatique…

“J’aimerais bien travailler dans le domaine de l’énergie, le génie énergétique” annonce Jade, étudiante au sein de la classe préparatoire. “Mon objectif, c’est de revenir au Fenua, après m’être fait un peu d’expérience.” Nombre d’étudiants partagent la même vision : faire ses armes dans l’Hexagone ou à l’étranger et revenir ensuite au Fenua.

Pour François Alin, le professeur de sciences de l’ingénieur à l’origine de cette rencontre, faire venir les ingénieurs qui travaillent sur le territoire, c’est montrer aux jeunes qu’il y a des besoins importants en termes d’emplois et de compétences en Polynésie française. Selon lui, ces jeunes qui connaissent bien le territoire ont une réelle plus-value à apporter.

“Des jeunes qui ont vécus à Tahiti, qui connaissent et qui comprennent le territoire sont précieux. Un ingénieur ce n’est pas juste un technicien” précise François Alin. “Un ingénieur, c’est quelqu’un qui est là pour rendre des services à ses contemporains, qui doit vivre dans la société, qui doit la comprendre. Si on fait appel à de jeunes Polynésiens, ils ont déjà des éléments de questionnement face aux problèmes de la société polynésienne et pour un ingénieur, c’est essentiel.”

Un constat qui a d’ailleurs poussé le lycée du Diadème, sur l’initiative des enseignants de la classe préparatoire, à lancer une nouvelle prépa pour les futurs ingénieurs.

Cette fois, elle est accessible aux étudiants en BTS à la suite de l’obtention de leur diplôme. La phase de recrutement est en cours et la nouvelle filière ouvrira ses portes à la rentrée prochaine.

Énergies renouvelables, traitements des déchets, mobilités, développement durable, les solutions aux grands enjeux seront apportées par ces ingénieurs de demain.

Correspondance : M.D