Ils ne se connaissaient pas il y a quelques semaines, mais à voir leurs sourires à pleines dents dans le box des accusés, ils s’entendent très bien depuis. Ils étaient d’ailleurs déjà jugés ensemble pour d’autres affaires le 30 janvier et sont tous les deux déjà incarcérés. Côté palmarès, difficile de les départager. Le président du tribunal dit au premier, qui a misé sur un rythme de délit soutenu : “C’est la troisième fois que je vous vois en huit jours”. Pour le second, qui privilégie la quantité : “déjà vingt-quatre condamnations, dont dix-huit pour vols”.
La semaine passée, le premier était jugé et condamné pour avoir menacé un pharmacien à Faa’a, le second pour un vol de sac dans une voiture. Cette fois, c’est un vol de portable et de carte bleue pour l’un, le vol de deux boîtes à bijoux au marché de Papeete pour l’autre. Petit bonus, un vol commis sur le stand de sa cousine. Les faits sont clairs et les débats rapides.
Même question à chacun des prévenus : “Que comptez-vous faire à votre sortie ?”. Pour le premier : “Je ne sais pas, je n’aime pas travailler”. Pour le second : “J’attends un CAE, mais la personne qui suit mon dossier me dit qu’il faut qu’Edouard soit réélu pour avoir les fonds”.
Pour le procureur, les réquisitions sont les mêmes dans les deux affaires : trois mois de prison. Pour leur avocat commun, les arguments sont tout autant similaires, que ce soit pour un vol de téléphone sans violence ou un vol de petit bijou fantaisie sans grande valeur, trois mois, c’est trop. “Cela n’apporte rien à personne” conclut-il.
Les deux nouveaux amis repartent avec le même délibéré, deux mois de prison supplémentaires. Avec pour le premier 50 000F de dommages et intérêts à verser à la victime qui a dû racheter un téléphone et refaire sa carte bleue. La cousine volée, elle, n’avait pas porté plainte.
Compte-rendu d’audience : Y.P
