Un supermarché cambriolé quatre fois en moins de trois semaines en novembre et décembre 2022. C’est l’affaire jugée ce 16 février. Un seul prévenu de 19 ans comparaît. Deux autres serial-braqueurs, encore mineurs, attendent toujours de passer devant le tribunal pour enfants.
C’est le 27 novembre que la série commence. Au plus noir de la nuit, ils escaladent la devanture, trouvent une fenêtre ouverte, pénètrent dans le supermarché Super U Tamanu et la razzia commence. Un vélo, du tabac et une énorme quantité d’alcool. Croyez-le ou pas, les trois mêmes, dès le lendemain, recommencent. “Tant que je gagne, je joue” disait Coluche.
Les rondes de gendarmes et les caméras de surveillance rapidement installées par les propriétaires n’y changent rien. Les monte-en-l’air renouvellent l’opération le 7 puis le 18 décembre, jours où ils sont filmés cagoulés à l’intérieur du magasin.
Pour 800 000F d’alcool et de cigarettes
Le président du tribunal présente alors le détail précis du butin des vols commis. La marque du vélo, puis, comme la carte du bar qu’auraient pu monter les jeunes voleurs, il énumère : “Jack Daniels, Avatea, Pastis, Amaretto, des vapos…”. Au dernier voyage, un drone. “C’était pourquoi le drone ?“, demande le président du tribunal. “C’était pour offrir à Noël” répond le jeune prévenu, l’air abattu, mais la teinture jaune fraîchement fixée sur ses cheveux. Plus tard, le tribunal demande : “mais ça fait beaucoup de bouteilles et de sacs, comment avez-vous ramené tout ça ?”.
Sans être très précis, on comprend à la réponse du prévenu que nombreux sont les jeunes qui attendent le butin en face du magasin pour partir le distribuer dans le quartier. Un côté Robin des bois. Au total, en quatre sessions, c’est une valeur de 908 820 F qui est volée… C’est Noël avant l’heure à Papara !
Identifiés grâce à un téléphone mobile oublié sur place
Pas de flagrant délit. Alors qu’il fuit les forces de l’ordre qui débarquent, alertées par une toute nouvelle alarme, le prévenu oublie un sac dans lequel se trouve le téléphone d’un autre mis en cause mineur. Ce premier rapidement identifié, les interpellations s’enchaînent.
Le procureur rappelle une autre condamnation, déjà pour vol, en 2020. Il pointe du doigt un prévenu qui “a du mal à intégrer les interdits…”. Il demande une peine de six mois de prison avec sursis probatoire pour deux ans.
L’avocat rappelle la jeunesse de son client, seul majeur mais pas leader dans le dossier. “Il va mieux depuis qu’il a quitté Papara” dit-il, avant de présenter la nouvelle vie du prévenu aujourd’hui à Taha’a. L’homme fabrique des serres pour les vanilliculteurs.
Le prévenu devra rembourser sa part du butin au magasin. Pour le reste, le tribunal suit les réquisitions du procureur et le condamne à 6 mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans, obligation de travail et de formation. Chose peu fréquente, le président du tribunal reprend la parole après l’énoncé de la peine : “Aujourd’hui, c’est un avertissement en dépit de votre jeune âge. Si on vous revoit, ça se passera autrement”.
Compte-rendu d’audience : YP
