Tribune – “Ouh la la ! Quelle susceptibilité !” par Simone Grand

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À fleur de peau. Écorchés vifs ! Des Tahitiens ou Popa’a, réagissent violemment à l’exposé de certains faits. Ils me renvoient à mon âge; non-argument assaisonné d’insultes et grossièretés.
L’an passé, d’avoir contredit l’un de nos jeunes députés, m’a valu un torrent d’injures et menaces de la part d’électeurs et électrices du Tavini. Le statut d’Intouchable perfection que s’étaient auto-attribué les missionnaires s’est-il déplacé sur nos jeunes députés? Le Code Pomare punissait de mort. D’aucuns me l’auraient volontiers infligée.

A moins de prôner l’idolâtrie et le culte de la personnalité, tout personnage public doit accepter la critique. Ses fans aussi… que j’invite à observer leur fascination du cumul de mandats !
L’an passé, une navigatrice métropolitaine a déclaré qu’étant nés ici, ses enfants sont polynésiens. Je signalai que cela ne pouvait être.

Des Popa’a indignés m’ont réduite à mon grand âge qui me ferait évoluer raciste… Ils m’auraient volontiers muselée en EHPAD… Pourtant aucun d’eux, ne se revendiquerait : mélanésien, africain, chinois, arabe… s’il était né ou avait séjourné là-bas.

Mon grand-père paternel était un colon français assumé. Né à Tahiti, mon père n’a jamais dit être un Tahitien. Ma grand-mère maternelle à la langue interdite de transmission à ses petits-enfants, cernée de locuteurs d’une langue étrangère qui l’excluait chez elle, n’a cessé de clamer sa colère. Elle fut définie Polynésienne française par les autorités.

Si les jadis, récents et actuels débarqués sont des Polynésiens, par respect envers ma grand-mère et tant de discriminés, humiliés et exilés sur place, une autre dénomination s’impose. Informons aussi les enseignants débarqués du rôle de leurs devanciers dans le déracinement langagier et environnemental de leurs élèves. Rire de ce qu’ils ne parlent pas leur langue est cruel.

Ceci étant dit, mon intention est d’alerter sur l’impérieuse nécessité de recenser pour bien les gérer, les ressources naturelles en matériaux, tous épuisables et, sur les dangers encourus par la négligence portée à l’eau.

Avec leur dynamite, les Corses disent aussi qu’une île ne s’appréhende ni ne se vit comme un continent. La sortie de l’indivision foncière se heurte à l’ignorance de nos politiques de leur rôle. Jouer papa Noël en logements et terres ? Hum ! Mais qui exigera des services de l’équipement et de l’urbanisme d’accompagner les démarches des familles au lieu de les bloquer en appliquant obtusément des textes inadaptés ?

Du haut de leur suffisance, ça balance : “Tu n’es pas contente? Vas au tribunal!” A la DAF, c’est dit plus gentiment mais le résultat est le même. Or le tribunal applique la Loi. Il ne l’invente pas.

Au cours d’un juste partage judiciaire d’un patrimoine de 7ha figé depuis la grippe espagnole, le service de l’urbanisme distribue des permis de construire de fare OPH sur 3 000m2 à des feti’i qui, ensemble n’ont droit qu’à 15 m2 et se barricadent sur 3 hectares ! Deux décennies de contentieux au tribunal puis en cours d’appel et cassation!… et ce n’est pas fini !

Malgré les plans de partage unanimement acceptés par les 8 branches d’une famille très dispersée: toute branche désireuse de régler son problème, doit régler celui des 7 autres. Impasse!
Naît alors le soupçon d’une sournoise obstruction visant à déclarer nos terres en déshérence pour les rendre domaniales et continuer à jouer à papa et mama Noël.

‘Ia maita’i
Simone Ta’ema Grand