Justice – Il “trouve” 120 grammes de paka dans la buanderie de Tatutu

Le prévenu répète qu'il a trouvé la drogue dans la buanderie et que personne ne lui a rien demandé.
Le prévenu explique qu’il s’est énervé car il aurait compris que sa compagne le traitait de clochard: "J’ai pété un câble car c’est moi qui paies tout : le loyer, les courses et l’école de mon fils. Il y a toujours quelque chose avec elle. Je n’en peux plus", justifie-t-il. (Photo illustration archives YP)
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“J’ai trouvé le paka dans la buanderie”. C’est l’explication que donne un homme de 24 ans au tribunal le 13 avril 2023. Incarcéré pour plusieurs vols, le 6 avril dernier les gardiens de Tatutu découvrent 119 grammes de paka dans sa cellule, camouflés dans des pots de médicaments. Initialement libérable en septembre 2023, il a été condamné en comparution immédiate à sept mois de prison supplémentaires.

C’est un jeune prévenu à l’air hagard et au parcours de vie pénible qui fait face au tribunal. Incarcéré après la révocation de plusieurs peines de prison avec sursis pour différents vols, près d’une dizaine, il est incarcéré depuis novembre 2021. Le 6 avril, la fouille de sa cellule permet la découverte de 119 grammes de paka dissimulés dans des pots de médicaments “destinés à soigner les hématomes” dit-il. “Dix pots, ça fait beaucoup de bleus” répond le président du tribunal.

Pendant son audition à la prison, puis du début à la fin de l’audience, ses explications ne changent pas. Il a trouvé la drogue empaquetée en petits boudins dans une buanderie de la prison. Il l’a ensuite cachée pour ne pas avoir de problèmes. C’est sa seule version. L’enquête réalisée dans l’enceinte de la prison pointe pourtant du doigt un autre homme. Un des “boss” bien connu du tribunal et des magistrats présents, et voisin de cellule avec celui que l’on soupçonne en réalité d’être une simple “nourrice”. En clair, selon le personnel pénitentiaire, il serait juste chargé par le caïd de l’étage de cacher la drogue qui alimente le risqué, mais juteux trafic de cannabis en prison. En effet, le “stick 1000” en vente à l’extérieur, se revend à 5000F derrière les barreaux.

Première pipette à 11 ans

Le tribunal passe un long moment sur la personnalité du prévenu. Il dit avoir commencé à fumer du cannabis vers dix ou onze ans. Il arrête l’école en 5ème, puis quelques années plus tard, voit son père tuer sa propre mère. Un père toujours incarcéré. Il vit ensuite chez sa grand-mère, mais devient SDF à la mort de celle-ci. Il est alors rapidement jugé pour un premier vol par le tribunal pour enfants.

“Vous avez de la famille ? Des gens qui peuvent vous aider ?” demande le président du tribunal. “Non non” répond le prévenu, après quelques secondes d’hésitation. On apprend qu’il n’a reçu d’ailleurs aucune visite au parloir depuis plus d’un an et demi.

Pour son avocat, le jeune homme n’a rien d’un trafiquant. Concernant son casier, il rappelle son parcours de vie et parle de “vols de survie.” Mais pour le procureur, survie ou pas, il s’agit bien “d’un trafic qui occasionne de graves problèmes en détention”. Il demande douze mois de prison.

Le prévenu répète qu’il a trouvé la drogue dans la buanderie et que personne ne lui a rien demandé. Le tribunal le condamne à sept mois supplémentaires avec mandat de dépôt pour s’assurer qu’il reste en cellule.    

Compte-rendu d’audience Y.P