A 14 mois des Jeux olympiques de Paris, la patronne du sport français démissionne !

La présidente du comité olympique et sportif français (CNOSF) Brigitte Henriques a démissionné pour tenter de sauver une institution en crise, ce qui a valu au sport français un rappel à l'ordre du comité international olympique (CIO). (Photo AFP)
La présidente du comité olympique et sportif français (CNOSF) Brigitte Henriques a démissionné pour tenter de sauver une institution en crise, ce qui a valu au sport français un rappel à l'ordre du comité international olympique (CIO). (Photo AFP)
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Coup de théâtre à quatorze mois des JO de Paris: la présidente du comité olympique et sportif français (CNOSF) Brigitte Henriques a démissionné ce jeudi 25 mai pour tenter de sauver une institution en crise, ce qui a valu au sport français un rappel à l’ordre du comité international olympique (CIO).

“Je l’ai fait pour le sport français (…) et pour tous les Français qui nous regardent juste avant que le monde entier arrive“, a expliqué Brigitte Henriques dans son discours de clôture d’une assemblée générale qui était très attendue et lors de laquelle elle a annoncé sa démission.

Les conflits et rivalités internes ont eu raison de l’ancienne vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), 51 ans et en poste depuis juin 2021, en guerre ouverte depuis des mois avec son prédécesseur Denis Masseglia, et qui faisait face à un noyau d’opposants.

Quelques heures après cette démission surprise, épilogue de mois de crise, le CIO, basé à Lausanne et généralement peu bavard, a officiellement demandé au mouvement olympique français de “se focaliser” sur les JO de Paris et de “cesser les conflits internes”.

Boss des JO de Paris et ex-membre du CIO, Tony Estanguet a lui aussi, dans un message à quelques médias, appelé à “la responsabilité collective” et à “l’apaisement et à la stabilité” en vue de “la réussite” des JO.

Dans la matinée, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra qui a convié le bureau exécutif de l’instance “mardi soir” afin de “faire le point”, avait appelé le CNOSF à se “rassembler” et à “rebondir”.

Intérim

La secrétaire générale de l’instance, l’ancienne escrimeuse Astrid Guyart, va assurer l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau président “dans les trois mois à venir”, précise un communiqué du CNOSF.

“Elle n’avait plus le choix”, a réagi auprès de l’AFP un président de fédération présent dans la salle de la Maison du sport français après la démission de la première femme à présider cette instance qui regroupe plus de cent fédérations françaises, représente le CIO en France et n’a qu’un rôle mineur dans l’organisation des JO (26 juillet-11 août 2024).

Cette démission devrait ouvrir une nouvelle page pour une institution secouée depuis plus d’un an et demi par de nombreuses turbulences, entre plaintes, menaces de plaintes, coups bas et révélations d’échanges de mails dans la presse…

L’éviction en septembre 2022 de l’ancien bras droit d’Henriques, Didier Seminet, avait déclenché cette crise profonde dont l’institution ne s’est jamais vraiment relevée.

Fin 2022, la présidente s’était mise en retrait pendant plusieurs semaines pour se reposer, très touchée par cette situation. Mais à son retour, le climat n’a pas évolué et il s’est même considérablement alourdi ces derniers jours avec l’annonce par Denis Masseglia d’un prochain dépôt de plainte au parquet national financier (PNF) pour abus de confiance visant la mandature de Brigitte Henriques.

Plusieurs fédérations en crise

Brigitte Henriques et Didier Séminet avaient porté plainte l’un contre l’autre, entraînant l’ouverture fin mars de deux enquêtes par le parquet de Paris et confiées à la police judiciaire parisienne.

L’avocat de Brigitte Henriques, Me Arash Derambarsh, estime de son côté que sa cliente “n’a cessé d’être harcelée et diffamée durant son mandat”. “Je regrette que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra n’a jamais soutenu fermement et ouvertement ma cliente alors qu’elle était victime de violences.”

La proximité avec les Jeux olympiques de Paris et cette crise qui n’en finissait pas, inquiètent de nombreux acteurs du sport français.

Outre le comité national olympique et sportif français, d’autres fédérations ont vécu ou traversent des crises graves comme celle de football dont le président Noël Le Graët a été contraint à la démission pour des accusations de harcèlement sexiste ou encore celle de rugby qui a perdu son patron Bernard Laporte, condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption.

AFP