“Courez! Courez!”: une attaque sanglante sème l’épouvante dans un parc d’Annecy

Un homme dépose des fleurs à Annecy, en hommage aux victimes. (Photo AFP)
Un homme dépose des fleurs à Annecy, en hommage aux victimes. (Photo AFP)
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“La foule, des cris, du sang”: l’attaque au couteau perpétrée jeudi contre des enfants et des adultes dans un parc d’Annecy a semé l’effroi dans cette ville d’ordinaire paisible de Haute-Savoie.

“C’est un choc”, a confié Kévin Poncin, 27 ans, rencontré à proximité du jardin de l’Europe, non loin de l’esplanade du Pâquier bordant les eaux cristallines du lac.

C’est dans une aire de jeu toute proche qu’un réfugié syrien de 31 ans a blessé quatre enfants âgés de 22 à 36 mois, toujours dans un état d’urgence absolue, et deux adultes.

Dans une vidéo très crue circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée par l’AFP, on peut voir l’homme vêtu de noir avec un foulard sur la tête sauter les barrières du jardin d’enfant. On le voit poignarder plusieurs enfants, dont deux installés dans un landau à deux places, puis repasser de l’un à l’autre en sautillant. Un homme crie: “Appelez la police!”.

L’assaillant finit par être repoussé par une femme qui crie “Au secours! Arrêtez-le! Arrêtez-le!” en tentant de protéger le landau, et par l’homme au sac qui appelle à l’aide: “Aidez-moi à le maîtriser”!.

C’était “inhumain”, assure Clémence, une lycéenne de 17 ans. “J’ai entendu les cris des parents, puis j’ai vu l’agresseur avec le couteau. C’est là que j’ai compris qu’il se passait quelque chose de grave. Je me suis dit que si je courais j’allais mourir, donc je me suis éloignée (…). Puis il est parti vers la promenade du lac et on a entendu des coups de feu”, confie-t-elle à l’AFP.

Une mère de famille venue chercher son fils à la préfecture raconte: “Une personne a brandi un couteau et poignardé un bébé dans un landau, c’est ce qu’il a vu, après il a vu la foule, des cris, du sang”.

Une vingtaine de lycéens était en sortie scolaire dans le parc. “J’étais avec mon professeur de mathématiques qui a été formidable parce qu’il a agi directement, il s’est interposé avec un autre monsieur qui tenait un sac”, confie Eulalie, 17 ans, persuadée que cette intervention a permis de distraire l’assaillant.

Selon différents témoignages, l’homme tente de fuir et attaque une personne âgée avant d’être interpellé très rapidement par des policiers qui ouvrent le feu pour l’immobiliser. Sans domicile fixe, il était arrivé en octobre 2022 à Annecy, après avoir passé dix ans en Suède où il avait obtenu un statut de réfugié.

Acte “effroyable”

“Je courais au bord du lac, et je vois tout d’un coup des dizaines de personnes qui courent (…) il y a une maman qui me dit +Courez! Courez! Il y a quelqu’un qui poignarde tout le monde tout au long du lac, il a poignardé des enfants!”,  raconte dans une story Instagram l’ancien footballeur professionnel Anthony Le Tallec.

“Je vois des flics qui sont à cinq, dix mètres derrière lui, qui n’arrivent pas à l’attraper. Il arrive vers moi, donc je m’écarte. Et je vois qu’il fonce tout droit vers des papys et mamies, et là il attaque le papy, il le poignarde une fois, les flics derrière lui n’arrivent pas à l’attraper. Et moi je leur dis +mais tirez lui dessus, tuez le!+, il est en train de poignarder tout le monde !”

“Il attaque une fois, deux fois, et là ils commencent à tirer, donc là ils tirent devant moi, sur la personne, donc il tombe à terre, le papy était déjà touché”, relate le sportif. “C’est fou de voir ça à Annecy”.

“C’est la première fois que ça arrive” ici, confirme le maire écologiste François Astorg, en “colère” après cet acte “effroyable”.

“C’est un endroit où tout le monde va, où toutes les animations ont lieu. C’est affolant ce qu’il s’est passé ce matin”, réagit un père de famille de 48 ans sous couvert de l’anonymat. Il espère que “les politiques vont préserver une certaine stabilité entre les gens, qu’ils ne vont pas encourager les amalgames et la confusion” envers les étrangers ou français d’origine étrangère.

Rosemonde, Annécienne de 70 ans, elle, se dit “éberluée”, anticipant déjà “tout le cinéma (que des responsables politiques) vont nous faire”.

AFP