Huit nouvelles femmes entrent dans le cercle des “Poerava” 

(Photo : SG/LDT)
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Huit femmes ont reçu ce vendredi 16 juin les distinctions Poerava 2023 remises par l’ Union des femmes francophones d’Océanie (UFFO). La présidente de l’association Irmine Tehei avait convié les représentants, famille et amis des vahine récompensées dans les jardins de l’assemblée pour assister à la cérémonie. 

40 femmes ont reçu ces distinctions depuis 2018. Elles sont au nombre de huit chaque année en référence au 8 mars, journée des droits des femmes.

Aline Flore, Henriette Kamia, Célestine Hitiura Vaite, Elodie Lausun, Stella Taaroamea, Natacha Helme, Victoire Laurent et Noélline Parker sont les femmes inspirantes qui ont été choisies cette année pour leur parcours, leur personnalité et leur engagement. 

Extraits des portraits énoncés lors de la cérémonie :

Aline Flore 

“Elle fait partie de ces femmes discrètes qui donnent de leur temps à des causes sociales et culturelles. Aline est née à Huahine dans une famille chinoise de six enfants dont elle est l’aînée. Ses parents sont commerçants et agriculteurs, ils s’installent à Tahiti à la recherche d’une vie meilleure pour leurs enfants. Son éducation lui a appris le partage, la force de l’entraide et la solidarité. Elle devient institutrice, elle se sent utile. Elle encourage les femmes chinoises à s’émanciper et adhère à l’association Te Vahine Porinetia, renoue avec la culture et la langue chinoises et devient présidente de l’association, elle participe aussi aux actions de l’association Sini Tong. Sa récente nomination comme présidente du Conseil des femmes l’a conduira à s’impliquer encore plus dans le développement du foyer Pu O Te Hau.

Aline aime rendre service et prend les responsabilités comme un défi personnel. Pour son engagement, l’UFFO l’a choisi pour être une Poerava.” 

Natacha Helme 

“Depuis 2020, elle a succédé à Patricia Grand à la tête du comité polynésien de la Ligue contre le cancer. Elle met son énergie à venir en aide aux personnes atteintes de cancer mais aussi pour encourager les Polynésiens à recourir au dépistage et à la prévention. Son grand-père était atteint d’un cancer mais il refusait d’admettre la maladie. Ce fut une épreuve difficile et angoissante. Elle a compris l’importance du travail des bénévoles de la ligue. Natacha a aussi été témoin de la détresse des personnages âgées, en particulier de celles qui ne parlent pas la langue française. Elle a su leur expliquer les choses car dans nos familles, on ne veut pas parler de la maladie de peur de l’attraper… Son parcours professionnel et personnel la préparent à assumer des responsabilités. Elle a occupé des postes dans le privé, au conseil municipal de Mahina. Elle devient ministre en charge de l’Artisanat de la Culture et de l’Agriculture, elle est conseillère technique dans des équipes ministérielles, collaboratrice à l’assemblée. Aujourd’hui, elle exerce au secrétariat à la circonscription des affaires sociales de Faa’a. Elle a développé un réseau de relations utiles pour développer son action au sein de la ligue.

Elle voudrait que l’on parle aux jeunes : nos habitudes alimentaires, nos comportements nos addictions sont des dangers pour notre corps. Pour sa volonté de faire bouger les choses, elle fait partie des polynésiennes inspirantes.” 

Célestine Hitiura Vaite

“Elle est née à Rangiroa. Elle a écrit L’arbre à pain, Frangipanier, Tiare, une trilogie au succès international, publiée dans une vingtaine de pays, étudiée dans des universités à l’étranger, récompensée par des prix littéraires. Elle a puisé le réalisme de ses récits de la force que lui a donné sa famille. L’amour et la solidarité ont été des valeurs fortes. A 22 ans, elle part en Australie. 34 ans ans plus tard, maman de 4 enfants, elle revient en Polynésie. Elle se reconnecte à son fenua. Les évènements de 1995 ont été des déclencheurs pour parler de son fenua et ne pas laisser les autres le faire. Elle a voulu inculquer des bonnes valeurs à ses enfants. Sa fille a subi un grave accident, elle l’a accompagné.

Elle affirme que devant les difficultés il faut se battre et ne pas se plaindre.”

Henriette Kamia 

“Né à Fatu Hiva dans une famille modeste de coprahculteurs et d’artisans en tapa, elle est atteinte brutalement de cécité à 19 ans alors quelle entamait une carrière d’enseignante. Elle aurait pu tout lâcher et se replier sur son handicap ; c’était sans compter sur sa force de caractère, elle s’est battue pour s’adapter à sa nouvelle situation et conquérir son autonomie. Pour être enseignante, elle a du être tenace auprès de l’administration pour obtenir le droit de passer un CAP et faire reconnaitre sa légitimité à enseigner aux enfants malvoyants ou aveugles, ce qu’elle fera pendant 30 ans au sein du Centre de l’éducation de l’ouïe et de la parole (Cedop). Elle adhère puis préside l’association Taatiraa Huma Mero qui milite pour développer des transports adaptés. De fil en aiguille, c’est pour l’ensemble des conditions de vie faites aux personnes porteuses de handicap qu’elle se bat, elle devient leur voix et sait se faire entendre. Au sein du monde associatif, du conseil municipal d’Arue, à l’assemblée, au Cesec, elle défend le monde du point de vue du handicap. Elle obtient l’écoute de chacun car elle sait de quoi elle parle. Elle est une femme passionnée, persévérante et franche. Elle a su rassembler autour d’elle le monde du handicap au sein de la fédération Te Niu O Te Huma. 

Son souhait dans le futur, c’est que les personnes handicapées puissent vivre comme tout le monde mais différemment car nous aurons transformé nos différences en une richesse.” 

Victoire Laurent

“Elle est devenue une référence de la météo en Polynésie tant pour le grand public que pour la communauté scientifique du Pacifique sud. Après un bac biologie et mathématiques, elle intègre l’équipe des météorologistes en Polynésie. Elle occupe plusieurs postes techniques avant de rejoindre le siège à Tahiti. Elle suit des formations spécialisées à l’Ecole de la météorologie de Toulouse qui lui ont permis de progresser dans l’échelle de responsabilités. Elle est la première en Polynésie à avoir réussi le diplôme d’ingénieur de la météorologie en 2001. Aujourd’hui, elle dirige la division études et climatologie. Devenue experte en météorologie et climatologie du Pacifique sud, elle est membre de plusieurs programmes internationaux.

Femme et scientifique, Victoire démontre avec brio que l’on peut gravir tous les échelons de sa profession. Victoire a aussi été 3e adjointe de la commune de Faa ‘a en charge de l’éducation de l’emploi et du secteur primaire, une femme complète que nous avons souhaité mettre en avant.” 

Elodie Lausun

“Elle est née à papeete dans une famille chinoise commerçante. Elle suit des études supérieures de commerce. Le désir de revenir au fenua ne l’a pas quitté. A son retour, elle devient directrice de Avis en Polynésie : 25 ans, 35 salariés et 350 voitures à gérer. Son management est emprunt de son goût pour les autres : ses clients ses salariés et ses partenaires. Elle mise sur le potentiel de ses salariés. Elle n’oublie pas que, derrière ses salariés, il y a des familles. Être une femme a été pour elle un avantage : être attentive à l’état d’esprit de chacun. Là ou un homme est plus direct, elle est plus ronde. Elle souhaite plus de collaborations entre les acteurs économiques car “si seule on va plus vite , ensemble, on va plus loin”. 

Chef d’entreprise bienveillante et d’avant-garde, elle pourrait en inspirer plus d’une.” 

Noëlline Parker

“Après avoir exercé 17 ans comme institutrice, elle reprend ses études, obtient son Capes d’anglais et enseignera 10 ans au collège Henri Hiro. En 2001, elle devient directrice de cabinet de Reynald Temarii au ministère de la Jeunese et des Sports ; Suit une série de défis personnels et professionnels qui lui donneront autant d’opportunités de grandir et d’augmenter son potentiel. Elle découvre le monde des sports et acquiert des compétences en matière d’organisation et de mise en réseau. Elle participe à l’organisation d’évènements majeurs tels que la Coupe du monde de beach soccer en 2013, les championnats du monde de va’a en 2017. Aujourd’hui, elle est présidente du comité organisateur des Jeux du Pacifique en 2027 à Tahiti.  Elle est présidente de l’UPJ pendant 7 ans, elle a siégé au Cesec et depuis 2015, elle fait partie de l’association d’aide aux victimes Te Rama Ora (ou APAJ). 

Elle porte les valeurs suivantes : être une citoyenne heureuse, utile, active et artisane de paix. Son message pour l’avenir, elle l’a puisé toute jeune dans le bureau d’une directrice d’école : “pire que d’avoir échoué, c’est de ne pas avoir essayé”.”

Stella Taaroamea

“Elle et la première rédactrice en chef polynésienne de Polynésie 1ere : TV radio et web. Au fil des années, elle a gravi les échelons à force de travail et d’engagement. Elle est élevée par ses grands-parents dans un environnement familial protestant rattaché à la paroisse de Taunoa ou elle fréquente l’école du dimanche. A la maison, on ne parle que tahitien. Elle se souvient d’une enfance heureuse. Les valeurs qu’elle porte, c’est la famille, le respect, l’humilité et la foi.  Après le bac, a 19 ans elle accepte un poste de pigiste à RFO, qu’on lui propose en raison de sa connaissance du reo Tahiti. Elle s’initie aux différentes facettes de l’audiovisuel. Elle accède à des postes d’encadrement.

Elle est la première à présenter le journal en tahitien en 1991, 32 ans après, elle occupe les fonctions de rédactrice en chef. L’anticipation et la préparation sont les clés d’un travail bien fait.”