Une semaine de consultations pour bâtir l’avenir du fort de Taravao

Consultation fort de Taravao
Plusieurs rencontres participatives sont prévues sur les thèmes de l'économie, de la santé et du social, de l'agriculture et de la formation (Photos : ACL/LDT).
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L’ambiance était studieuse, ce lundi 19 juin 2023, au centre Teaputa de Taravao, où s’est ouverte une semaine de consultations autour du projet de réhabilitation du fort de Taravao, en présence de plusieurs élus municipaux et de professionnels. À Taiarapu-Est, le Contrat de Redynamisation des Sites de Défense (CRSD) signé en 2015 concerne trois anciens sites militaires rétrocédés par l’État à la commune : la base nautique de Tautira, la station ionosphérique de la baie de Phaëton et le fort de Taravao.

L’accent est aujourd’hui mis sur ce troisième site de 3 hectares et 28 bâtiments situé en plein cœur de Taravao. Outre d’importants travaux de dépollution à prévoir en raison de la présence d’amiante, il faut aussi définir les futurs usages des lieux, qui ont déjà connu plusieurs reconversions au fil du temps. Construit en 1843 par l’armée française en marge des affrontements franco-tahitiens, le fort a ensuite fait office de prison, puis d’hôpital. Classé en 1952, il a été rénové en 1963 pour héberger la 1ère compagnie du Bataillon d’Infanterie de Marine de Tahiti, les fameux « Sauvages de Taravao », dont le départ a été acté en 2011.

Quatre axes de réflexion

Douze ans plus tard, le fort se cherche encore un avenir. C’est tout l’objet des rencontres amorcées ce matin. « Les quatre grandes thématiques des ateliers de la semaine seront l’économie, la santé et le social, l’agriculture et la formation. C’est une première consultation groupée, mais on aura d’autres rendez-vous spécifiques avec des acteurs économiques non présents sur la zone et des services du Pays », explique Céline Charpiot, consultante pour Calia Conseil, cabinet missionné par la commune de Taiarapu-Est pour mener à bien cette mise à jour du projet.

« On va d’abord faire un premier recensement des besoins. L’idée, par rapport à la zone de la Presqu’île, c’est de s’accorder sur les besoins non-pourvus pour construire un programme qui fasse sens, connecté à la réalité et en lien avec les projets publics et privés aux alentours. Le but, c’est aussi d’avoir un projet qui permette de répondre aux objectifs de la commune, à savoir un développement économique source d’emplois, avec un volet social et culturel important, pour faire de ce site historique un véritable lieu de vie », poursuit l’animatrice, interrogée à l’issue de la rencontre.

La parole aux acteurs locaux

S’appuyer sur les acteurs locaux, c’est le pari de cette approche participative, méthode de plus en plus plébiscitée par les collectivités. Les échanges du jour ont été fructueux et variés : économie, vie associative, loisirs, sport, transports, culture, administration, éducation et formation étaient au cœur des propositions des uns et des autres, sans oublier la préservation, avec un projet d’aménagement dimensionné à la Presqu’île.

Peintre de Taravao et ancienne représentante à l’assemblée territoriale, Sabrina Birk faisait partie des personnes conviées à ce premier tour de table. « Ici, le taux de déscolarisation est très fort. Pour travailler, il faut former les habitants, idéalement dans la culture. J’ai donc suggéré l’installation d’une antenne du Centre des métiers d’art. Miser sur les jeunes, c’est permettre le développement économique, car ils vont consommer. J’ai aussi voté pour l’université et une salle polyvalente pour exposer, faire des concerts et accueillir des pièces de théâtre pour montrer notre patrimoine local. Je suis favorable à un musée, même si Tautira en mérite aussi un, en tant que centre de la navigation polynésienne », souligne l’artiste, qui aurait aimé voir encore plus de monde autour de la table.

Les consultations se poursuivent jusqu’au jeudi 22 juin 2023. Les informations collectées à l’issue de ces rencontres serviront de base à l’élaboration d’un programme fonctionnel viable, tant économiquement que juridiquement, avant de procéder à la mise en œuvre tant attendue.

Anthony Jamet, maire de Taiarapu-Est :

Identifier les projets prioritaires

Consultation fort de Taravao

Que pensez-vous de ces premiers échanges ?

« On est sur la matinée d’ouverture. Il y a un éventail de projets qui a été proposé et défendu par les premiers participants. Parmi ces projets et ceux qui seront émis par les autres groupes, il faudra identifier les projets prioritaires à mener sur ce site ».

Lors de votre intervention, vous avez insisté sur la notion d’équilibre…

« Les projets relèvent de différents domaines et pour faire vivre cet ensemble, il faut qu’on arrive à trouver un équilibre pour que les charges générées par l’exploitation soient compensées par des recettes qui permettraient d’assurer la survie et la pérennité de cette opération dans le temps ».

Pourquoi mener cette nouvelle étude ?

« Quelques années ont passé. Ce qui avait été imaginé au départ n’est plus tout à fait d’actualité, car il y a eu des évolutions, en particulier dans le domaine de la santé. Il nous fallait donc revoir notre copie en l’adaptant aux besoins actuels. L’État, dans le cadre de l’octroi de ce foncier, nous a donné un délai de réalisation. Au départ, nous avions 15 ans et nous avons déjà épuisé 4 ou 5 ans, de mémoire. Il nous faut retrouver une dynamique avec des projets qui conviennent aux nouveaux besoins de la population dans le secteur ».