Il enlève, séquestre et frappe sa compagne de 16 ans : 18 mois ferme

Un homme de 34 ans comparait pour tentative de meurtre d'un ascendant face à la cour d'assises les 19 et 20 juin 2023. (Photo YP)
(Photo : Archives LDT)
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Le 22 juin 2023, un homme de 22 ans a été condamné à 18 mois de prison ferme et 18 mois avec sursis pour avoir, le 5 mai dernier, brutalement forcé sa jeune compagne de 16 ans à monter dans la voiture d’un cousin, avant d’aller la rosser sur les hauteurs de Faa’a. Ça n’est que le lendemain matin que la toute jeune femme pourra rentrer chez elle, grâce notamment à l’intervention du père du prévenu. Le cousin complice qui n’a rien fait pour empêcher les violences écope de 18 mois de prison, dont 12 mois avec sursis
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Le jeune couple se forme à peine un an avant les faits et vit ensemble depuis février chez les parents du jeune homme. Décrit comme nerveux, jaloux et violent, la frêle jeune femme en robe à fleurs indique que les premiers coups arrivent très vite, à peine deux mois après le début de leur histoire. Sur fond de jalousie, les reproches sont permanents. Il s’énerve parce qu’elle sort, qu’elle reçoit ou envoie des messages à d’autres hommes ou qu’elle s’habille trop court. Très vite, être frappée devient son quotidien dit-elle. 
La veille des faits, la jeune femme sort puis dort chez une amie. Il ne le supporte pas et monte alors ce que le Président du tribunal qualifie de “piège”. Alors que la jeune femme est avec quelques amis près d’un pont dans un quartier de Faa’a, l’homme se rend sur place avec son cousin. Il s’en prend alors rapidement à la jeune femme et la brutalise, la tirant par les cheveux pour la forcer à monter dans le véhicule. Il jette alors un glaçant : “Vous ne la reverrez jamais”. Sur place, une amie appelle la mère de la jeune femme, mais pas les forces de l’ordre.

Tabassée à la lueur des phares

Les premiers coups pleuvent à l’arrière du véhicule qui prend la route de Saint-Hilaire. La jeune fille reçoit des coups de poings, des coups de coude, mais la correction n’est pas terminée. C’est dans la nuit noire, non loin de la décharge de Faa’a, qu’il la jette hors du véhicule, il distribue d’abord des coups de pieds dans les jambes de sa victime, puis dans le torse, avant de rajouter à l’agression de violents coups de poing dans les côtes, au point que la jeune fille ne peut plus respirer et perd connaissance. Il faut la porter pour la remettre dans la voiture.Comme si de rien était, l’homme passe ensuite par un fast-food, une station-service, puis un dernier snack non loin du domicile familial. À chaque fois qu’il descend, il charge le cousin, imposant et pataud, de surveiller la jeune femme. Un complice qui répond également au téléphone à la maman qui cherche sa fille, il dit qu’il ne sait rien. Il explique d’abord ne rien avoir vu, puis admet “qu’il ne voulait pas s’en mêler”. Incroyablement détaché, il joue sur son téléphone pendant que la victime est brutalement corrigée dans la montagne. Il finit par regretter à la barre de ne pas avoir réagi plus tôt. En effet, ce n’est qu’à quelques mètres du retour au domicile qu’il finit par dire à son cousin d’arrêter de la frapper. On viendra finalement la chercher le lendemain matin vers 10 heures, après que le père du jeune homme violent s’en soit pris à lui pour le punir d’avoir maltraité la jeune femme. 

La toute jeune victime, face au psychologue qui fait son expertise peu de temps après les faits, espère encore que celui qu’elle aime va changer. Mais désormais à l’audience elle ne veut plus en entendre parler. Elle dit qu’elle est “traumatisée tous les jours” et ajoute “je ne veux plus m’approcher de lui”. Son avocate insiste sur le fait qu’on est ici dans une affaire qui va bien au-delà de simples violences conjugales.Elle revient sur le véritable “guet-apens” monté par les kidnappeurs pour embarquer la victime et l’amener “là où il n’y avait pas de témoin”. C’est aussi l’avis du procureur qui estime que l’enlèvement et la séquestration sont bien établis. Ce n’est pas l’avis de l’avocat des deux cousins qui estime qu’au fast-food, à la station-service ou encore au snack ou elle passe une heure avec celui qui vient de la tabasser avant de rentrer dormir avec lui, elle aurait pu appeler à l’aide ou s’enfuir. Il parle d’une bagarre de couple mais réfute l’enlèvement, car “personne n’a appelé les gendarmes”.
Le jeune prévenu, pour qui une autre procédure de violence est toujours en cours, écope d’une peine de trois ans de prison, la moitié avec sursis. Le cousin s’en sort avec 18 mois de prison dont 12 avec sursis, la peine de six mois fermes pourra être aménagée pour qu’il évite un séjour à Nuutania. Pour son préjudice moral, ils doivent solidairement verser 350 000f à la victime avec qui ils ont désormais une interdiction de contact. 

Y.P