Edito – “Pourquoi le taote Théron n’a pas respecté ses engagements de médecin ?”

Le docteur Théron n'est jugé "que" pour des faits de violence, qu'il conteste d'ailleurs. Il n'est ps inquiété pour avoir effectué la promotion de l'hydroxychloroquine pour soigner la Covid-19, alors même qu'il est établi que ce traitement était inefficace, à tous les stades de la maladie. (Photo archives LDT)
Le docteur Théron n'est jugé "que" pour des faits de violence, qu'il conteste d'ailleurs. Il n'est pas inquiété pour avoir effectué la promotion de l'hydroxychloroquine pour soigner la Covid-19, alors même qu'il est établi que ce traitement était inefficace, à tous les stades de la maladie. (Photo archives LDT)
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“Primum non nocere” en latin, ou “d’abord ne pas nuire”, voilà ce qui fonde l’action de tout médecin. C’est le premier commandement du serment d’Hippocrate.

Deux ans après les faits, le médecin-chouchou du Tavini se présente enfin face à la justice, après de multiples renvois par lui-même provoqués, mais sans l’ombre d’un regret et toujours en se posant en victime du Pays, de l’Etat,… et de tous ceux qui ont la mauvaise idée de ne pas “penser” comme lui.

Au-delà des préventions judiciaires qui visent le Dr Jean-Paul Théron, relatives à des violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et qui lui valent de comparaître ce mardi 26 septembre 2023 devant le tribunal correctionnel, la question même de l’action “médicale” du taote mérite d’être posée.

Lui et d’autres ont pris le parti, en vérité le pari, de croire au “miracle” de l’hydroxychloroquine (HCQ), souvent associée à de l’azithromycine, et aux promesses mirifiques du professeur Didier Raoult. Le bilan de la recette magique du médecin marseillais, sans appel, est désormais parfaitement confirmé par l’ensemble de la communauté médicale. En résumé, l’hydroxychloroquine ne sert rigoureusement à rien contre la Covid-19, quelque soit le stade d’évolution de la maladie.

Des doutes ont été soulevé dès le début face à l’optimisme du scientifique marseillais, lors de la publication d’une série d’études rapportant des effets indésirables, voire une mortalité plus élevée après administration chez des patients.

Une étude présentée devant le congrès de la société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a dressé le bilan de ces mortalités pour six pays, dont la France. Selon ce travail mené par Jean-Christophe Lega, professeur de thérapeutique aux Hospices Civils de Lyon, l’hydroxychloroquine aurait causé la mort de plus de 16.000 personnes sur l’ensemble des six pays, à savoir la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, la Turquie et les États-Unis. Un chiffre qui correspond d’ailleurs à une étude parue en 2020 dans la revue Nature, qui estimait que le risque de mortalité était augmenté de 11% chez des patients hospitalisés à qui l’on avait prescrit de l’hydroxychloroquine.

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A la lumière du bilan de la déviance scientifique du professeur Raoult, présenter ainsi le docteur Théron comme une sorte de héros relève au mieux du déni et de l’absence totale d’autocritique, au pire du révisionnisme.

L’hydroxychloroquine était inutile face à la Covid-19, pire elle pouvait tuer. Soyons rigoureux : rien ne permet pour autant d’affirmer que quiconque aurait perdu la vie en Polynésie française à cause d’un traitement suivant ce fameux “protocole Raoult” qui a tant fait rêver durant la pandémie.

Mais le risque a été pris, de manière incontestable. Le taote Théron n’est pas inquiété en justice pour ce motif, tant mieux pour lui. La vraie question reste : pourquoi n’a-t-il pas scrupuleusement respecté ses engagements initiaux de médecin ?

Damien Grivois