En intimité avec O’omaka Gendron, Miss T Tahiti 2023

Temps de lecture : 4 min.

O’omaka Gendron est devenue à 26 ans, la nouvelle Miss T Tahiti. Bien plus qu’un simple titre de beauté, l’écharpe confère à sa détentrice des responsabilités : partir à la rencontre de la population, discuter avec les associations en faveur des causes sociales, être le porte-parole d’une communauté… un rôle que O’omaka se sent “prête” à endosser. Maquilleuse professionnelle depuis quatre ans et la tête remplie d’idées novatrices, la jeune femme s’est livrée sur ses premières impressions, sa vie personnelle et ses projets.

Une enfance mémorable aux Marquises

Où as-tu grandi ? Comment s’est déroulée ton enfance ?

“Je suis née et j’ai grandi sur l’île de Nuku Hiva, aux Marquises, à Taiohae, le village principal. J’ai une sœur et deux frères et je suis la petite dernière de la famille, mais la plus grande en taille. J’ai eu une très belle enfance. Je jouais tous les jours avec les enfants du quartier. J’étais une enfant très turbulente, j’avais beaucoup d’énergie à dépenser.”

Quel souvenir t’a marqué durant cette période ?

“L’évènement qui m’a marqué à vie, c’est lorsque je suis tombée de cheval alors que mon frère et moi allions au magasin. En galopant sur une montée, je me suis mal agrippée et j’ai basculé en arrière. Un cauchemar, j’étais traumatisée. D’ailleurs, j’ai une cicatrice sur ma jambe gauche.”

Quels sont tes rêves les plus fous ?

“Je souhaite tout simplement rendre ma famille heureuse. À chaque fois que je suis dans un pays, je pense à eux car je sais qu’ils aimeraient être à ma place. Je n’ai pas encore gagné à l’Euromillions mais en tous cas je veux travailler dur pour offrir à toute ma famille un voyage qui nous marquera à jamais. Ensuite, professionnellement, je rêve d’aller vivre au Japon parce que la vie japonaise me plaît : la culture, le respect, la propreté… C’est un pays magnifique et très inspirant.”

Porte-parole d’une communauté

Tu as remporté l’écharpe de Miss T Tahiti 2023, le samedi 28 octobre. Quelques jours plus tard, comment te sens-tu dans ce nouveau rôle ?

“Je me sens bien mais je sais que les personnes attendent beaucoup de moi. Bien sûr, je ressens une petite pression mais je suis prête à assumer ce rôle, à échanger avec la population, la rencontrer et côtoyer les associations qui œuvrent pour les causes sociales. De nos jours, être miss c’est être le porte-parole d’une communauté. C’est ce qui est intéressant dans ce rôle. Elle prend la parole au nom de la communauté qu’elle représente. C’est ce que j’essayerai de faire. Et bien entendu, redorer l’image de la communauté transgenre.“

“Redorer l’image de la communauté transgenre”, comment comptes-tu le faire ?

“J’utiliserai tout simplement mes réseaux sociaux pour partager mon expérience, ma préparation à l’élection de Miss T France et aussi, ce que je fais quotidiennement. C’est ma manière de sensibiliser les internautes et de promouvoir un message de tolérance. Je pense que les jeunes filles transgenres, en particulier, ont besoin de s’identifier à quelqu’un. Je ferai de mon mieux pour être cette personne, c’est-à-dire, sans vulgarité, rester moi-même avec une belle prise de parole car, c’est ce qui peut faire changer les choses.”

Quel exemple souhaites-tu donner durant ton règne ?

“Celui d’une personne autonome et battante. Nous avons besoin de figures pour donner de l’espoir. Cela fait partie des missions d’une ambassadrice. Je souhaite montrer à la population que, malgré les embûches que nous pouvons rencontrer sur notre chemin, il faut toujours trouver un moyen pour se relever et avancer. Je n’ai pas eu une vie facile, je me suis battue pour être la personne que je suis aujourd’hui. Il faut trouver sa place.”

(Photos : DR)

“J’ai toujours été ce que je suis”

Lors du grand oral, tu as confié à La Dépêche de Tahiti que tu te sentais femme et que personne n’a le droit de te faire ressentir le contraire. Comment gères-tu les mauvais commentaires ?

“Je suis une personne qui prend tout à la légère, je ne m’embête jamais l’esprit. Ces individus ne sont pas dans ma vie et je ne leur donne aucune importance. La meilleure réponse que je peux leur donner, c’est le silence car, plus tu leur accordes de l’importance et plus ils s’acharneront sur toi. Donc, le mieux c’est de les ignorer et de continuer son chemin.”

Comment as-tu forgé la personne que tu es aujourd’hui ?

“Ce sont les rencontres que j’ai faite au cours de ma vie qui m’ont aidé à façonner la personne que je suis devenue aujourd’hui. Elles m’ont beaucoup apporté et j’ai énormément appris à leur côtés. Au fil du temps, j’ai acquis de belles valeurs. Là est toute l’importance de l’entourage car lorsque tu fréquentes des personnes qui ont les mêmes principes que toi, qui t’inspirent à être une meilleure personne, tu as tout gagné.”

S’accepter tel que l’on est demande des efforts émotionnels considérables. Comment cela a été pour toi ? À quoi ressemblait ton chemin vers cette voie ?

“Je n’ai jamais vraiment eu de problèmes à m’accepter. J’ai grandi dans un foyer qui portait les valeurs de l’amour, de la tolérance et d’une bonne éducation. Je reconnais la chance que j’ai et puis, quelque part, c’est une nouvelle fois, grâce à mon entourage. Je suis très reconnaissante pour toutes les ondes positives qu’il m’a apporté au cours de ma vie.”

Et enfin, selon toi, une femme transgenre est-elle une femme ? Pourquoi ?

“C’est une question complexe, cela dépend de l’état d’esprit de chacune. Pour moi, une femme transgenre est une femme à sa manière. Nous n’allons pas prétendre que nous sommes des femmes cisgenres (une personne est cisgenre quand le genre qu’on lui a attribué à la naissance est le même que celui par lequel elle se définit NDRL) puisque ce n’est pas le cas. Je suis consciente de cette vérité, néanmoins, on laisse rêver les gens, tout simplement.”